Dans l'affaire du crash de l’avion de Senegalair, le procureur a requis une lourde peine de 2 ans d'emprisonnement ferme assortie d'une amende de 12 millions de F Cfa contre les 4 hauts cadres de l'aviation civile qui sont poursuivis pour homicide involontaire. Par ailleurs, l'avocat du copilote décédé dans cet accident a, quant à lui, réclamé 650 millions de dédommagement pour le compte de la famille du défunt. L'affaire a été plaidée mercredi dernier, 30 avril 2025, devant le tribunal correctionnel de Dakar en audience spéciale.
Il a fallu 9 longues années pour que le procès sur l'affaire du crash de l’avion de Senegalair survenu le 5 septembre 2015 s'ouvre finalement, après de nombreux renvois. Dans ce drame, 7 personnes avaient perdu la vie. C'est en audience spéciale que le dossier a été plaidé ce mercredi, 30 avril 2025, devant le tribunal correctionnel de Dakar. Les prévenus : quatre responsables de l’aviation civile que sont Maguèye Marame Ndao, ancien Dg de l’Anacim, Mohamed Mansour Sy, ex-directeur des Transports aériens, El Hadji Mactar Daff, inspecteur de la navigabilité et Mamadou Sy, inspecteur de la sécurité de l’aviation civile. Ils sont jugés pour des faits d'homicide involontaire. Pour rappel, le jour des faits, un avion sanitaire de la compagnie Sénégalair, parti de Ouagadougou, disparaissait des radars alors qu’il s’approchait de Dakar. À son bord, deux pilotes, un mécanicien, trois soignants sénégalais et une patiente française. Ils ont tous péri dans cet accident. À la barre du tribunal, les quatre hauts cadres du secteur aérien ont refusé d'endosser toute responsabilité pénale dans ce crash. Mais, ils ont pointé du doigt Sénégalair et l’Asecna.
D'après Maguèye Marame Ndao, Mohamed Mansour Sy, El Hadji Mactar Daff et Mamadou Sy, la compagnie leur aurait dissimulé des éléments critiques sur la maintenance de l’avion, et l’Asecna aurait tardé à donner l’alerte. L’un des points de discorde demeure le niveau de vol de l’appareil, jugé irrégulier.
Un expert avait pourtant alerté…
Malheureusement, un ancien de la compagnie, Al Hassane Hanne, qui est aussi un expert aéronautique et ex-chef de maintenance de Sénégalair, a fait des révélations troublantes. Il a déclaré avoir alerté les autorités via un rapport circonstancié. Il y recommandait, dit-il, la suspension immédiate des avions de la compagnie. Pourtant, deux mois avant le crash, Sénégalair obtenait un certificat de navigabilité dans des conditions qu’il juge "étrangement rapides". Al Hassane Hanne a d'ailleurs rappelé que deux incidents avaient déjà précédé le drame. Malgré tout, précise-t-il toujours, les vols ont continué. Ce témoignage a été balayé d'un revers de main par les prévenus. Ces derniers ont non seulement contesté la légitimité de ce rapport, mais ont mis en doute la compétence de leur collègue Al Hassane Hanne à travailler sur l’appareil incriminé.
Parmi les parties civiles, seul Me Youssoupha Camara, constitué pour le copilote décédé, a réclamé la somme de 650 millions de F Cfa de dommages et intérêts pour le compte de sa famille. Les autres parties ont demandé au tribunal de réserver leurs intérêts civils. Le procureur pour sa part a indiqué qu'il n’est pas question de chercher des boucs émissaires ailleurs. II a ainsi pointé du doigt un "laxisme coupable", une incapacité à prendre des décisions fermes malgré les signaux d’alerte. Le parquet a aussi révélé qu'au moment de l’accident, la compagnie n’avait même plus de locaux fonctionnels. C'est au terme de ses observations qu'il a requis 2 ans de prison ferme contre les quatre prévenus, assortis d’un mandat de dépôt et de 12 millions de F Cfa d’amende. Les avocats de la défense ont, de leur côté, plaidé la relaxe. Délibéré au 24 juillet.
Fatou D. DIONE












