Indexé par le Parti démocratique sénégalais qui le soupçonne de corruption et de collusion avec des justiciables, le juge Cheikh Ndiaye a décidé d’ester en justice. Hier, il a déposé une plainte contre X et «tout mis en cause que l’enquête serait amenée à identifier comme complice ou co-auteur». La machine judiciaire s’emballe.
Les accusations de corruption et de collusion avec des justiciables portées par le Pds restent en travers de la gorge du juge Cheikh Ndiaye. Ce haut-magistrat du Conseil constitutionnel pointé ainsi du doigt ne compte pas passer l’éponge. Il a décidé d’ester en justice. Il a loué les services de Me Bamba Cissé qui a déposé hier, en son nom et pour son compte, une plainte contre X et «tout mis en cause que l’enquête serait amenée à identifier comme complice ou co-auteur». Il a visé les faits de diffamation, d’outrage à magistrat, de discrédit jeté sur une décision de justice. Relatant les faits, le conseil du magistrat est revenu sur un document du Pds au lendemain de la proclamation de la liste définitive des candidats à la présidentielle dans lequel cette formation politique demande la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire pour ‘’enquêter sur les conditions d’élimination des candidats à l’élection présidentielle du 25 février prochain et en particulier celle de Karim Wade’’. Cette commission d’enquête, écrivaient les libéraux, devra particulièrement enquêter sur les conflits d’intérêts, les avantages et soupçons de corruption et de collusion de certains membres du Conseil constitutionnel avec certains candidats. A cet effet, ils citent nomément les juges Cheikh Tidiane Coulibaly et Cheikh Ndiaye qui, ‘’auraient dû se récuser en raison de leurs connexions douteuses et de leur conflit d’intérêts’’.
De graves accusations que le juge qualifie de «non-fondées» et «irrespectueuses». «L’accusation est grossière pour quelqu’un qui totalise près de cinq décennies de magistrature, sans jamais avoir été cité ou impliqué directement ou indirectement dans quelque affaire de corruption, de concussion ou de conflit d’intérêt», se targue le juge à travers la plainte de son avocat. Il poursuit : «cela n’est ni d’ailleurs, dans sa nature ni dans son éducation entièrement trempée dans les valeurs traditionnelles et religieuses (…) ; il a toujours agi dans son office, en son honneur et conscience et s’est comporté, tout au long de sa carrière comme digne et loyal magistrat, à équidistance de toutes les parties au procès». Tout compte fait, le magistrat souhaite que le Procureur donne suite à sa plainte et que la justice soit appliquée dans sa rigueur, estimant qu’il y a une «intention manifeste de nuire».
Alassane DRAME













