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SAISON 2 DU CLASH OU «DISS» ENTRE LES DEUX RAPPEURS : Ngaaka Blindé attaque et se fait sévèrement corriger par Ara Akhlou Brick qui remporte le clash




 
 
 
Dans le rap, lorsqu’on veut s’imposer, il faut savoir montrer les crocs et protéger son territoire. Parce qu’une rime bien sentie peut vous transpercer comme une balle de 9mm. Quoi de plus normal que de voir un rappeur malmener un rival dans une chanson ? À travers le monde, les meilleurs s’y sont essayés : Jay Z, KRS One, Ice Cube… Tous ont à leur palmarès un «diss track» d’anthologie. Au Sénégal aussi, le clash, souvent confondu, au Diss (diminutif de l’anglais disrespect qui veut dire manquer de respect à quelqu’un) semble de plus en plus gagner du terrain dans le mouvement. Si Dadi Bibson et Xuman ont été les précurseurs de cette modalité du rap au Sénégal, la nouvelle génération de rappeurs semble beaucoup avancée dans cette branche du rap. Dip Doundou Guiss, Ara Akhlou Brick, Ngaka Blindé, Omzo Dollar, One Lyrical, Akbess… ils sont nombreux à maitriser ce domaine du rap. Mais depuis deux ans, Ngaaka Blindé et Ara Akhlou Brick sont les deux qui ne cessent plus de se «clasher». Mais si pour la première saison le vainqueur ne faisait pas unanimité, pour cette deuxième saison, le public du hip-hop, après avoir écouté «Tchi Tchi» et «Sama Yaye Diouroul Yambar» de Ngaaka d’une part, «Nokhou National» et «Mbaye Pétaw» de Ara de l’autre, est unanime : le rappeur de Mbour a largement remporté le clash. Mais il semble que Ngaaka n’a pas dit son dernier mot et prépare une revanche d’enfer.
 
 
 
 
Présenté, sans preuve, par certains comme le troisième au monde après celui des États-Unis et celui de la France, le rap sénégalais peut néanmoins se prévaloir d’un mouvement très animé avec des talents à la pelle et une nouvelle génération qui se tape des vidéos à plus d’un million de vues sur YouTube en 24 heures. Mais le hip-hop sénégalais, c’est aussi et surtout du clash depuis quelque temps. Le clash entre rappeurs est partie intégrante de ce mouvement apparu au début des années 70 dans les ghettos américains du Bronx. Au Sénégal, la rivalité entre Dadi Bibson de Rapadio et Xuman de Pee Froiss est sans doute celle qui a le plus marquée le mouvement. A l’époque, Dadi Bibson avait quitté Pee Froiss pour rejoindre Rapadio. Ce qui n’était pas pour plaire à Xuman.
Ce clash, qui avait beaucoup fait parler à l’époque, a atteint son sommet avec la sortie de l’album «frères ennemis» du duo Bibson et Xuman. Selon les connaisseurs, l’album décrit comme «un pur chef d’œuvre» demeure l’un des meilleurs du hip hop Galsen. Depuis deux ans, de nouvelles rivalités sont nées dans le rap Galsen. Les antagonistes de celle-ci sont entre autres Dip Doundou Guiss, Ngaka Blindé, Akhlou Brick, Omzo Dollars ou encore One Lyrical. Mais, depuis deux ans, c’est Ngaka Blindé et Ara du groupe Akhlou Brick qui semblent le plus se distinguer. Ça fait, en effet, deux ans que les deux rappeurs se «clashent», rivalisant ainsi de talent et de culture générale. 
Comme dans la lutte, le rap sénégalais s’est transformé depuis quelque temps en une rivalité entre Guédiawaye, fief de Ngaaka Blindé, et Mbour ville de groupe Akhlou Brick Paradise. Les deux jeunes garçons, il n’y a plus de doute, font partie de ceux qui dominent le rap Galsen. Tous les deux, aussi talentueux dans le rap poétique que dans celui dit égotrip ou encore le rap commercial, ont réussi à s’imposer en peu de temps.
Mais une chose est pour le moins sûre, pour cette nouvelle saison du clash entre les deux rappeurs : le Mbourois a fini le jeu, comme on dit dans le langage du mouvement. En effet, s’il est de notoriété publique que les deux rappeurs ne s’apprécient pas, Ara semble plus respecter les principes du «clash» en envoyant des piques à son adversaire. Alors que Ngaaka Blindé verse dans l’invective et dans l’insulte, détournant de plus en plus le public qui prend fait et cause pour Ara.
Par exemple, si Ngaaka a choisi dans sa dernière vidéo «Sama Yaye Diouroul Yambar» d’insulter Ara et son compère Dayza du groupe Akhlou Brick, allant jusqu’à évoquer leurs pères et leurs mères, Ara, lui, a révélé tout son talent dans sa vidéo «Mbaye Pétaw». Preuve, la vidéo a d’ailleurs atteint le million de vues en 24 heures. Sous un beat composé par Amenezik, le rappeur de Mbour étale tout son style, tout son talent et tout son charisme. «Comme quoi dans le rap on peut clasher, détruire, démonter, rabaisser, enterrer… sans être vulgaire, sans avoir besoin de toucher ni papa ni maman», commente un fan du rappeur.
 
 
 
Clash entre rappeurs : partie intégrante du mouvement
 
 
 
Le Hip-Hop est apparu au début des années 70 dans les ghettos américains du Bronx. C’est un courant qui est né d’un mouvement contestataire de la jeunesse noire new-yorkaise. Il s’agit à la base d’un moyen d’expression qui, à travers différentes disciplines, va dépeindre les revendications de ces jeunes. Inspiré d’animations jamaïcaines et caribéennes, les blocks party, le Hip-Hop va s’imposer comme un art de vie. Le rap va devenir tout simplement style musical du mouvement Hip-Hop.
Mais au début des années 1990, une rivalité née entre la Côte Est (New York) et la Côte Ouest (Los Angeles) des États-Unis d’Amérique va donner une autre dimension au rap. Connue sous l’appellation «rivalité East Coast/West Coast», cette rivalité désigne un climat de tension qui opposait les rappeurs issus de la côte Ouest des États-Unis à ceux de la côte Est. Elle se traduisit par l’assassinat des deux artistes principaux des deux camps.
Depuis lors, dans presque tous les pays, des rivalités se sont créées entre rappeurs pour des raisons pas forcément liées au rap. En France, on peut citer la récente rivalité entre les rappeurs Booba et Kaaris. Une opposition qui leur a valu d’être incarcérés après avoir pris part à une rixe à l’aéroport d’Orly à Paris.
Au Sénégal les exemples sont nombreux. Outre la rivalité Dadi Bibson contre Xuman, on peut citer la rivalité entre Nitt Dof (Louga) et Canabass (Dakar) ou encore celle entre Fou Malade (Guédiawaye) et Gaston (Médina).
Cette dernière rivalité est sans doute parmi les plus violentes. Cette opposition a atteint son paroxysme quand, en janvier 2012, Gaston a été agressé à son domicile par une bande de jeunes gens encagoulés. Gaston avait alors introduit une plainte dans laquelle il a désigné son collègue Malal Talla dit Fou Malade comme étant le commanditaire de cette agression. Fou Malade sera envoyé en prison dans le cadre de cette affaire.
 
 
Avant Ara de Akhlou Brick, Dip Doundou Guiss
 
 
 
Avant d’en découdre avec Ara de Akhlou Brick, Ngaaka était dans une rivalité intense avec Dip. Entre Dip Doundou Guiss et Ngaaka Blindé, c’est une rivalité sur fond de clashs à n’en plus finir. Et il faut dire que ça vole vraiment bas entre les deux depuis plusieurs années déjà.
Une adversité dans laquelle on dirait que tous les coups sont permis. En 2019, les deux rappeurs sont allés jusqu’à composer chacun une chanson dans laquelle ils s’insultent de mère. Le clash est d’une violence telle que la décence nous interdit de reproduire les mots employés par chacun des deux protagonistes. En 2016, Dip Doundou Guiss sort «Taar Mbéth». Dans le refrain du son, il s’autoproclame le «King». «Negger malen, tei nalen soul, par force, Taar Mbéth (Je suis plus fort que vous et je vais vous enterrer par la force)». La réponse de Ngaaka Blindé ne va pas tarder. Il sort «Free-contrôle» quelque temps après pour tirer sur Dip qui a été humilié auparavant à Malibu, fief de Ngaaka. Ainsi, le rappeur de Guédiawaye peste : «Boul djéguéti téféssou Malibu dei, non pardon dama djoum, manéwon dinalen soul, dama doul mais légui dina cool (Ne mets plus les pieds à Malibu. Non pardon c’était une erreur. C’est vrai que j’avais dit que je vous enterrerais mais j’ai menti maintenant je reste tranquille)».
Après cet épisode marqué par bien d’autres clashs entre les deux rappeurs, Ngaaka fait une sortie pour le moins inattendue. Le 14 octobre 2016, lors du «Show of the year» du rappeur Nit Dof, Ngaaka lance au public que lui et Dip ne peuvent continuer à se chamailler alors qu’ils doivent servir de modèle aux jeunes. «À partir d’aujourd’hui, je mets fin à la polémique entre moi et Dip Doundou Guiss», lance le rappeur sous les applaudissements du public. Plus tard, les deux rappeurs vont même partager une scène lors d’un show organisé par le rappeur Simon au Grand Théâtre de Dakar. On croyait alors que c’était fini. Mais comme dit l’adage, «chassez le naturel, il revient au galop». En effet, peu de temps après, les choses reviennent à la situation antérieure.
Le 15 décembre 2019, Dip Doundou Guiss sort un hit de 3 minutes 28 secondes qu’il nomme «Président FIFA» en référence à la distance qui le sépare des autres Mc du game qu’il surnomme «Odcav» (du mouvement Navétane). «Yama geuneu nioul mais mala geuneu leundeum. Yama eupeu beugn mais mala dakh mateu (Tu es plus noir que moi mais je suis plus sombre. Tu as plus de dents que moi mais je mords beaucoup plus fort que toi)», dira-t-il à l’endroit de Ngaaka Blindé sans le citer. Mais les indices sont plus que clairs et tout le monde sait à qui il s’adresse. 24 heures après, le 16 décembre 2019, Ngaaka Blindé répond à travers la vidéo «Baba Dawoul Thiow». Dans la vidéo, le rappeur de Guédiawaye déconstruit le discours de Dip et lui assure qu’il est beaucoup plus fort que lui. Ngaaka Blindé lui rappellera qu’un fiasco au Grand Théâtre vaut mieux qu’un show reporté, faisant ainsi allusion au méga concert que le rappeur de Grand-Yoff avait annoncé au Stade Léopold Sédar Senghor mais qui a été annulé.
«Depuis quelque temps cette rivalité entre les rappeurs a pris des dimensions de coup marketing. Par exemple, pour un rappeur qui prépare un show, s’attaquer à un rival, c’est aussi une manière de vendre son évènement sans besoin de payer des millions en publicité. Mais ça le public ne le comprend pas souvent… Il y avait un temps où beaucoup de grands noms du rap avaient leurs dates avec des évènements grandioses. Il y a Akhlou Brick qui était au Caroline Faye de Mbour ; Dip qui était au Cices et récemment Ngaaka à l’Arène nationale… Ce qui permettait vraiment de développer le rap sénégalais», avait expliqué l’animateur Pape Sidy Fall dans «Les Echos», à propos du clash entre Dip et Ngaaka.
 
Un deal convenu avec Eriv Favre  avec 65 millions ?
 
 
D’ailleurs, pour certains, ce clash n’est qu’une affaire commerciale convenue entre les deux parties. Le but est de se faire du fric. Et à l’origine de tout cela, on cite le nom de Eric Favre, un promoteur de spectacle qui organise des combats MMA et des combats de lutte. Mise, dit-on, 100.000 euros (environ 65 millions de francs Cfa).
 
 
 
 
 
 
Sidy Djimby NDAO
 
LES ECHOS


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