Restaurateur de son état, Saliou Diop et sa copine Oumou Aïdara ont été jugés, hier mercredi, devant le tribunal des flagrants délits de Dakar. Ils sont tous deux condamnés à 6 mois de prison assortis du sursis pour interruption volontaire de grossesse et complicité de ce chef.
Marié à une épouse, Saliou Diop s'est retrouvé au tribunal avec sa copine Oumou Aïdara. Ils sont poursuivis respectivement pour des faits de complicité et d'interruption volontaire de grossesse. En effet, selon l'accusation, le restaurateur Saliou Diop et la serveuse Oumou Aïdara travaillaient ensemble dans un restaurant de la place. C'est là qu'est née une relation amoureuse à l'issue de laquelle ils ont eu des rapports sexuels. Des mois plus tard, alors qu'Oumou Aïdara avait cessé de travailler à ce restaurant, elle a contacté son amant pour lui annoncer qu'elle était enceinte de 7 semaines. Mais, pour la jeune fille, cette grossesse qu'elle a contractée constituait un obstacle à son voyage vers la France. C'est là qu'elle a décidé de se débarrasser de sa grossesse. A ce dessein, Oumou Aïdara surfe sur internet pour trouver le nom d'un comprimé qui sert à avorter. L'ayant ainsi trouvé, la jeune femme âgée de 25 ans s'en est procuré à "Keur Serigne Bi". C'est après l'avoir ingurgité qu'elle est tombée dans les vapes. Trouvée par sa copine, inerte et dans une mare de sang, Oumou Aïdara a été conduite dans une clinique où elle a passé 3 jours. C'est à sa sortie qu'elle a été déférée au même titre que son copain Saliou Diop. À la barre des flagrants délits de Dakar où ils ont été jugés hier mercredi, la célibataire Oumou Aïdara a non seulement reconnu les faits, mais elle a disculpé son amant. "Lorsque je suis revenue du Gamou de Kaolack, mon amie a remarqué le changement de ma morphologie. C'est là qu'elle m'a sommée d'aller à l'hôpital, où le médecin m'a parlé d'une grossesse de 7 semaines. Comme cela pouvait enfreindre mon voyage, j'ai décidé d'avorter. J'ai contacté mon petit-ami pour l’informer. Il m'a demandé si c'était réellement la solution qui s'offrait à moi. Mais moi je lui ai dit que cela ne m'arrangeait pas parce que j'envisageais de voyager puisque j'avais déjà reçu mon invitation. J'avoue qu'il ignorait que ce médicament que je lui avais demandé de m'acheter était un abortif", a-t-elle expliqué. Mais la procureure lui rétorque : "vous voyagez et vous hypothéquez une vie ? C'est quoi ça ? Vous êtes conscients que vous auriez pu vous passer de cette situation“ ? Son amant restaurateur de 38 ans, Saliou Diop, a confié au tribunal que lorsque sa copine lui a dit qu'elle était malade, elle lui a aussi demandé d'aller à la pharmacie. Selon lui, il ne savait pas qu'Oumou Aïdara allait avorter. "Quand mon coursier est allé à la pharmacie, pour m'acheter ce médicament, on lui a dit qu'il se vendait sur ordonnance. C'est à Keur Serigne bi qu'on nous a finalement vendu ce médicament. Quand elle m'a informé de sa grossesse, elle ne m'a pas dit de façon très claire qu'elle allait l'interrompre", s’est-il défendu. Là, le juge lui dit qu'il avait intérêt à ce qu'elle avorte puisque c'est lui qui l'a engrossée. La procureure a souligné dans ses réquisitions que les faits sont constants à l'encontre des prévenus. D'après le maître des poursuites, non seulement Oumou Aïdara est une fille de 25 ans et d'âge de pure maturité qui traînait une grossesse de 7 semaines, mais aussi son copain savait qu'elle allait s'en débarrasser. C'est au regard de ces observations qu'elle a requis 3 mois de prison ferme contre chacun. Les avocats de la défense ont quémandé la clémence du tribunal. Au final ils ont été condamnés chacun à 6 mois de prison assortis du sursis.
Fatou D. DIONE