La nouvelle avait sidéré la population sénégalaise. Mouhamed Dramé, âgé juste de 16 ans, avait été abattu lors d’une opération policière qui a mal tourné. Hier, le procès de deux policières (29 ans, 31ans) et trois policiers (30 ans, 34 ans, 45 ans) a débuté. Ils sont inculpés pour avoir abattu le jeune Sénégalais lors d'une opération dans la ville du Nord du pays. Notre défunt compatriote menaçait de se suicider avec un couteau. Pendant l'opération, l'inspecteur Fabian S. (30 ans) a tiré six fois sur Mouhamed Dramé, cinq balles l'ont mortellement touché. Durant cette première journée, le rapport relevant le contenu du journal de bord des policiers a enfoncé ces derniers.
Mortellement atteint lors d'une opération policière à Dortmund, Mouhamed Dramé, réfugié en Allemagne, était juste âgé de 16 ans. Alors que sa famille, ses proches et amis s'étaient levés comme une seule personne pour réclamer justice, le tribunal de Dortmund a ouvert le procès hier. 6 policiers sont entrés dans la salle d'audience, ils ont tous le visage caché derrière un dossier.
Le procureur principal Carsten Dombert (58 ans) a lu pour la première fois les accusations. Dombert accuse trois policiers de coups et blessures graves. Il informe que les agents de la police ont attaqué l'adolescent suicidaire d'abord avec du gaz poivré et deux fois avec un Taser. Quant au chef qui dirigeait l'opération, il est accusé d'incitation à des coups et blessures graves, parce qu'il a demandé par radio aux policiers d'utiliser du gaz poivré et des Tasers. Le tireur de la police militaire doit lui répondre d'homicide involontaire.
Le parquet a estimé que l'opération était illégale, les tirs de mitraillette auraient été une erreur de jugement fatale. "Lorsque la police est arrivée dans la cour de l'église, le 8 août 2022, le Sénégalais se tenait debout, apathique, face à un mur, tenant un grand couteau (lame de 20 cm) contre son ventre. Le jeune venait tout juste de sortir de l'hôpital psychiatrique car il avait exprimé à plusieurs reprises des intentions suicidaires", renseigne le parquet.
"Peu importe la couleur de la peau"
Après que le procureur général a lu les accusations, l'avocat de l’accusé tireur, Christoph Krekeler, a déclaré : "mon client et sa famille sont accablés par la procédure pénale, parce qu'il a tué un homme. Il trouvait la situation avec le couteau très menaçante à l’époque. La couleur de la peau du jeune homme ne lui importait pas du tout".
Seulement, les avocats du défunt Mouhamed Dramé avaient du répondant, en révélant le rapport du journal de bord des policiers. Minute après minute, le rapport a reproduit la scène tragique qui cache une bavure qui ne dit pas sa...couleur.
Le parquet, qui avait déjà le journal de bord de la police, reproche aux policiers de ne pas avoir spécifiquement demandé au jeune de ranger le couteau. De plus, les agents ne se sont pas présentés comme étant des policiers.
Film de l'opération enregistrée par le journal de bord
16h25 : Les employés du centre où est interné Mouhamed appellent le numéro d'urgence. À peine cinq minutes plus tard, la première voiture de patrouille est arrivée avec le mot-clé «tentative de suicide». Plus tard, le chef des opérations envoie deux officiers en civil de la brigade d'intervention pour s'enquérir de la situation.
16h42 : Les deux responsables s'approchent à moins de trois mètres de Mouhamed Dramé. Deux minutes plus tard, première tentative de contact d'une policière d'origine portugaise (31 ans) - aucune réaction.
16h46 : le chef des opérations craint un «danger immédiat pour la vie par automutilation», il ordonne aux policiers d'avancer. Le chef du groupe de service veut distraire le réfugié avec du gaz poivré et le désarmer à ce moment-là. Une tentative qui sera fatale pour le réfugié.
Lorsque le policier attaque Mouhamed avec du gaz poivré, il ne lâche pas le couteau. Deux collègues utilisent deux Tasers en une seconde. En ce moment, selon le rapport, Mouhamed Dramé souffre, mais n'est pas «paralysé».
Couteau pointé vers le bas en courant...
Selon plusieurs déclarations, Mouhamed Dramé court vers les policiers avec le long couteau à la main. Les travailleurs sociaux du groupe résidentiel le confirment également. Cependant, le ministère public suppose que le jeune ne voulait pas attaquer, mais simplement fuir la situation.
16h47 : Néanmoins, le jeune inspecteur de police (29 ans), interprète tout cela comme une agression contre son collègue et contre lui-même. - et tire six fois en un peu plus d'une seconde avec la mitraillette.
Selon le rapport balistique, la rafale commence seulement 0,717 seconde après le tir du deuxième Taser. Cinq balles ont touché le réfugié. Mouhamed ne tombe au sol que deux mètres devant le tireur. Il est décédé à l'hôpital trois heures plus tard.
Le procureur général Carsten Dombert a donc estimé que l'opération n'avait pas été menée de manière proportionnée. "Il faut choisir le moyen le plus doux, et se poser également la question de savoir si la personne ne s'est pas contentée de se menacer et si les policiers n'ont pas été attaqués. Les policiers auraient pu faire un tir de sommation" dit-il.
L'avocat Michael Emde (59 ans, Bochum) a déclaré après l'acte d'accusation que "les policiers voulaient sauver le jeune en le désarmant et ainsi empêcher son suicide. Ils voulaient empêcher exactement ce qui s’est finalement produit. C’est un cas extrêmement tragique, mais ils n’ont connaissance d’aucun acte répréhensible".
Après cela, la première journée du procès s'est terminée. Le procès se poursuivra le 10 janvier, date à laquelle les policiers accusés devraient témoigner.
Samba THIAM
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