Sur 100 conseillers, seuls 59 se sont présentés hier à la mairie de Dakar pour la plénière consacrant l’ouverture de la session ordinaire pour la validation du budget de l’année 2024. Un conseiller s’est excusé et 39 sont déclarés absents. Et avec le retard de certains, Barthélemy Dias a dû patienter quelques heures avant d’obtenir le quorum. Abordant le budget, Barthélemy Dias qui a accordé une grande part au social semble vouloir réorganiser ses priorités. Il a expressément demandé à son conseil municipal de revoir la politique sociale à la baisse.
Si le conseil municipal décide de suivre l’avis de Barthélemy Dias, la politique sociale de la mairie de Dakar va prendre une nouvelle orientation durant l’année 2024. À l’occasion de l’ouverture de la session ordinaire, le maire de Dakar a abordé la question des impératifs en invitant les maires des communes à réclamer ce qui leur revient dans le budget de Dakar. «Venez défendre vos projets à l’inter-commission. Vous n’êtes pas en mesure de financer tous vos projets. La ville prend en charge l’éclairage public, la voirie urbaine, le cadre de vie etc.», explique-t-il.
«Si on décortique bien le budget de Dakar, on se rend compte qu’il y a beaucoup d’argent qui aurait pu aller ailleurs»
Pour ce qui est de sa politique sociale, Barthélemy Dias veut changer de cap. Ce dernier pense qu’il faut revoir les bourses. «C’est trop. Il faut réfléchir sur des mécanismes où les bourses pourront aller qu’aux populations dakaroises et c’est ce qui est difficile à faire. On ne peut pas être le fils d’un Pdg et demander une bourse à la ville. On donne des bourses aux nécessiteux», précise Barth, qui enchaine : «on avait prévu 3 milliards et nous les avons dépassés. Avec les prises en charge et les secours, on est pratiquement à 5 milliards. Il faudrait qu’on fasse des arbitrages, parce que le social, c’est très bien, mais la mairie, ce n’est pas La Croix rouge, il nous faut investir», a déclaré le maire de Dakar devant son conseil municipal. Poursuivant, Barthélemy Dias affirme aux conseillers : «vous devez essayer de trouver une enveloppe qui peut tourner autour de 10 milliards pour investir dans les communes. Il nous faut essayer de voir comment investir dans chaque commune entre 500 millions et un milliard. Venez prendre votre part des projets de ville», dit-il avant d’attirer leur attention. «Les 600 millions que l’on distribue pour les secours de la Tabaski, si vous voulez continuer, c’est à vous de voir, mais sachons que 600 millions peuvent construire un lycée. C’est bien de donner 40.000 aux personnes pour la Tabaski, mais je crois que ne pas la recevoir n’empêchera personne de fêter sa Tabaski. Il en est de même pour la journée de la solidarité, cela coûte un milliard. C’est aussi bien de d’offrir aux gens des machines à coudre, des tricycles, mais je crois qu’il faut que cet agent ait un impact sur la ville. Je ne dis pas que l’on dépense beaucoup d’argent sur des futilités, mais si on décortique bien le budget de Dakar, on se rend compte qu’il y a beaucoup d’argent qui aurait pu aller ailleurs».
«Vous avez le droit d’aller en grève, nous avons le droit de ponctionner vos salaires»
Pour ce qui est de la grève des travailleurs, Barthélemy Dias tape du poing sur la table. «Cela ne peut pas continuer. Vous avez le droit d’aller en grève et nous, nous avons le droit de ponctionner les salaires. Une grève ne peut pas durer deux ans quand même. Faire la grève pendant tout ce temps sans descendre dans la rue, continuer à percevoir son salaire alors que les gens n’arrivent plus à avoir des papiers, c’est du sabotage. J’ai demandé au secrétaire général de saisir la Direction des ressources humaines, mais aussi les syndicalistes pour que les choses soient tirées au clair», menace Dias fils.
Le réaménagement des commissions prévu à la prochaine session
Barthélemy Dias, en ouvrant la séance, avait pris le soin de lister les différents points de l’ordre du jour, dont le réaménagement des commissions. «Certains collègues qui étaient présidents de commission ont intégré le bureau ; il nous faut alors réaménager les commissions», a fait savoir Barthélemy Dias. Un point sur lequel le maire de Dieuppeul a proposé un amendement. «Dans la culture de concertation et de consensus, on a l’habitude de dire que le seul parti qui vaille, c’est la ville. Nous avons donc toujours travaillé dans la concertation pour un équilibre du conseil municipal. C’est pourquoi je voudrai proposer l’amendement du point concernant le réaménagement des commissions, pour offrir plus d’espace et de cadre d’échange et de discussions pour arriver à un consensus fort. Je ne pense pas même si la session dure 15 jours, qu’on puisse évacuer toutes les questions», dira Cheikh Guèye.
Une autre partie de la communication du maire a été aussi amendée par Ibrahima Fall de Benno. Ce dernier a d’emblée déploré le retard accusé avant le démarrage des travaux en invitant Barthélemy Dias à s’assurer de la présence du quorum à l’avance. M. Fall a ensuite invité le maire à apporter des éclairages sur la pertinence des nombreuses conventions et partenariats signés par la ville, qui engendrent, à première vue, beaucoup de voyages et donc beaucoup de dépenses.
Seydou Guèye prendra sa suite au pupitre pour soutenir la proposition d’amendement de Cheikh Guèye, mais aussi donner son avis sur les conventions. «Il faut comprendre que la diplomatie se joue au niveau des territoires et terroirs et à ce titre, Dakar gagne des positions. Il est donc important d’organiser le soutien stratégique du positionnement de Dakar. Il reste vrai aussi qu’il faut travailler à l’évaluation des conventions».
Après les avoir écoutés, le maire de la ville de Dakar accède à la demande de Cheikh Guèye et Seydou Guèye pour sortir le réaménagement des commissions de l’ordre du jour et de le renvoyer à la session prochaine.
Ndèye Khady DIOUF
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