
Ousmane Sonko a rencontré hier certaines personnalités de son parti le Pastef don il installait le conseil national. Le Premier ministre en a profité pour solder ses comptes. Ousmane Sonko a ouvertement défié le Président Bassirou Diomaye Faye, l’accusant de ne pas prendre les mesures adéquates pour que les nombreuses attaques contre sa personne cessent. Le Premier ministre a aussi mis en garde les responsables de Pastef qui cherchent à instaurer des clans.
Malaise au sommet de l’Etat. Entre le Président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko, le courant ne semble plus passer comme avant. Le chef du gouvernement a profité hier de la mise en place du conseil national de leur parti pour partager ses ressentis face à la marche du pays.
A en croire le président de Pastef, seul un parti ou une organisation bien structuré(e) peut durer à la tête du pouvoir, puisque chaque Président n’a droit qu’à deux mandats . «Cette rencontre est un prétexte pour que je m’entretienne avec les militants et sympathisants sur la gouvernance du pays pour laquelle j’ai une responsabilité morale», a fait savoir Sonko.
«Il faut instaurer l’Etat/parti»
Selon Ousmane Sonko, le système est composé de hauts fonctionnaires, de magistrats, d’hommes politiques mais aussi d’hommes d’affaires et la premiere mission, c’est d’isoler le président de la République de sa base. «L’ancien président n’est que la tête du système qui a une force de recyclage. Tous les présidents déchus ont été isolés de leur base au moment de leur chute. Pour bien gouverner, il faut instaurer l’Etat/parti parce que chaque président doit gouverner avec ses hommes. Quand les Sénégalais élisent un président sur la base d’un programme, c’est pour qu’il ait le courage de s’entourer de ceux qui croient au dit programme, pour qu’ils assument entièrement leur responsabilité», affirme-t-il en précisant qu’il ne parle pas de partage de postes.
«Dictature de la société civile…»
Pour lui, le système dont il parle a engendré la situation actuelle du pays. «Il y a une partie des Sénégalais qui pensent pouvoir co-gouverner avec le parti qui a beaucoup trimé pour arriver au pouvoir. Ils veulent être consultés pour la moindre décision que l’on doit prendre pour le pays», renseigne Sonko, qui assure qu’il n’en est pas question. «Nous vivons une certaine dictature de la société civile depuis longtemps. La façon dont notre société civile se comporte ici au Sénégal n’est pas permise aux Etats-Unis. Il faudrait que l’on adopte une loi qui interdise à la société civile de bénéficier de financement extérieur, comme on l’a fait avec les partis politiques», soutient-il, avant de traiter certains de ‘’fumiers’’.
Abordant ensuite la question de sa supposé audience avec les magistrats, le Premier ministre nie et se demande à quoi lui servirait une rencontre avec l’Ums. «La magistrature n’est qu’une partie de la justice, si ont vous fait croire que la justice leur appartient, ils se trompent lourdement. Ils peuvent maintenant imposer leurs désirs. Pourtant, deux ans en arrière, l’ancien régime leur a fait faire tout et n’importe quoi sans qu’aucun d’eux n’ose bouger le plus petit doigt», fait-il noter.
D’après Ousmane Sonko, cette résistance que nous rencontrons est tout à fait normale, parce qu’on fait sortir les gens de leur zone de confort, attaquer des intérêts. «Alors, deux options se présentent : avoir le cran d’aller jusqu’au bout de ses idées ou reculer devant chaque résistance», déclare Ousmane Sonko.
Selon le Premier ministre, les opposants ayant compris qu’ils n’ont tous autant qu’ils sont plus aucun poids, politiquement parlant, veulent créer le chaos. «Nous sommes au courant de toutes leurs manœuvres. Ils comptent s’appuyer sur la désinformation et les insultes pour créer le chaos. Ce que nous vivons est inédit. Beaucoup d’entre eux veulent se mesurer à moi, alors que je n’ai jamais insulté ou dénigré quiconque, même pas le président Macky Sall. Je me suis opposé par des arguments et quand ils ont voulu me liquider, j’ai résisté»,dit-il.
Candidature 2029, entente du Cap Manuel, El Malick le témoin
Le Premier ministre fait référence aux attaques contre sa personne pour assurer que certaines failles sont de la responsabilité du parti Pastef. «Toutes les attaques sont dirigées contre moi et nous devons nous poser la question du pourquoi cette haine contre Ousmane Sonko. Les opposants me voient comme un verrou à faire sauter pour accéder à leur cible finale, le pouvoir et donc le Président Bassirou Diomaye Faye. Donc pourquoi notre parti politique n’a aucune réaction face à cette situation ?», s’interroge-t-il, avant de poursuivre : «seuls les militants qui n’ont aucun poste de responsabilité ont porté le combat. Pendant ce temps, certains responsables sont en train de fomenter des plans en formant des clans. Ce parti, je le dirige depuis ses débuts, je n’ai jamais eu de clan, cela ne va pas commencer aujourd’hui. C’est un groupuscule de personnes qui ne peuvent rien gagner», fait-il noter, révélant que ces derniers sont allés même à Touba, à la base, pour, disent-ils préparer 2029. «J’avais pourtant averti lors de notre première réunion du Bureau politique par rapport aux termes de notre entente avec le Président Diomaye Faye. Juste après les législatives, j’ai organisé une rencontre avec le Président Diomaye Faye, avec comme témoin El Malick Ndiaye. Je lui ai rappelé les termes de notre entente ficelée au Cap Manuel en déplorant certaines choses».
Poursuivant, Ousmane Sonko a regretté qu’à chaque fois qu’il faut mouiller le maillot, tout le monde pense à lui. «A chaque élection, tout le monde sollicite ma présence dans sa localité pour espérer gagner et je réponds tout le temps présent, malgré mes problèmes de santé. Mais après les élections, chacun bombe le torse pour créer des clans. Je ne laisserai pas faire, j’y veillerai personnellement», menace-t-il avant d’ajouter : «que chacun prenne ses responsabilités, que personne n’essaie de s’embourgeoiser, si on arrête ce qui nous a mené au pouvoir, les Sénégalais prendront leurs responsabilités. Le parti restera un parti de combat comme il a été dans l’opposition».
Diomaye-Sonko et les attaques
A en croire le Premier ministre, ce qui se passe actuellement au Sénégal est désolant : «j’ai longtemps encaissé des coups, mais je tiens à préciser que le Président Bassirou Diomaye Faye peut mettre un terme à ces attaques contre ma personne quand il veut. Donc je suis allé le voir piur qu’il y mette un terme, parce qu’en tant que président, à chaque fois qu’on s’est attaqué à lui, il a fait le nécessaire pour le régler et pourtant, on m’accuse directement, donc je mérite d’être traité avec le même égard», renseigne Sonko, qui prévient ceux qui s’amusent à le comparer au Président Diomaye, pour le définir comme le plus belliqueux : «nous avons combattu jusqu’à notre arrivée au pouvoir et j’en suis fier».
«Si j’étais président…»
Ousmane Sonko précise qu’avant d’aborder cette question sur la place publique, il a interpellé le Président Diomaye en privé à maintes reprises sans avancement, même le Bureau politique a été interpellé, dit-il. Le Premier ministre d’assurer : «si j’étais président, je n’aurais pas toléré certaines choses. On ne peut pas encaisser énormément de coups dans l’opposition et revivre la même chose ou pire encore en étant au pouvoir», prévient-il tout en assurant que le Président Diomaye est son ami et frère dont il ne lorgne pas le fauteuil. «Dans ce pays, il y en a qui ont juré que je ne serai jamais président de la République et je leur fais comprendre que le pouvoir n’est pas une obsession chez moi ; le peuple ne nous a pas élus pour que l’on cherche à plaire à la société civile ou l’opposition, encore moins pour arrondir les angles avec une poignée de personnes qui ont détruit ce pays et s’attaquent à nous avec une telle virulence. Le Sénégal n’a pas de problème. Pour 18 millions de Sénégalais, ceux qui veulent semer le chaos ne font même pas 1000. Le Sénégal a juste un problème d’autorité. Il faut que l’on prenne nos responsabilités par rapport à cette situation ou que l’on me laisse gouverner. Nous avons dit 50 ans au pouvoir, mais si cela continue comme ça, nous ne ferons même pas deux semaines à la tête du pouvoir», déclare Ousmane Sonko.
Pour lui, les choses doivent être recentrées au niveau du parti Pastef. «On ne doit pas exclure le parti de la gouvernance du pays. Nous devons avoir des espaces où le Président, le Premier ministre et certains cadres du parti doivent se réunir pour discuter des orientations. Les cadres du parti doivent connaître la politique diplomatique du pays».
«Quand le Président Diomaye ne voudra plus de moi comme Premier ministre, je retournerai à l’Assemblée»
Si l’on en croit le Premier ministre, certains faucons veulent le pousser à la démission, mais c’est peine perdue. «Ils veulent surfer sur mes principes pour me pousser à démissionner, mais ils n’atteindront pas leur objectif : je n’irai nulle part. Je ne bougerai d’aucun centimètre, parce que j‘ai une responsabilité dans cette gouvernance. J’ai désigné un candidat et battu campagne avec lui. Lors des législatives, je me suis encore levé pour diriger la liste, pour montrer à ceux qui disaient être les artisans de notre victoire à la présidentielle qu’ils n’y sont pour rien. Personne n’est plus légitime que moi dans ce que nous avons accompli, au point de me pousser à la démission », affirme Sonko qui soutient par ailleurs : «quand celui qui détient le pouvoir constitutionnel de me destituer va considérer qu’il ne veut plus de moi comme Premier ministre, je retournerai à l’Assemblée nationale. Je suis théoriquement le chef de la majorité parlementaire, je suis le chef du gouvernement, personne n’est plus légitime que moi», fulmine Sonko qui s’attaque encore une fois à la presse, en demandant aux responsables Pastef d’arrêter de se rendre sur certains plateaux. «Laissez-les avec leurs plateaux, ce n’est pas la presse qui nous a conduits au pouvoir ; on peut donc survivre sans elle. A ceux qui utilisent leur support pour m’attaquer, qu’ils sachent que je vais riposter», dit-il avant d’interpeler à nouveau le Président Diomaye à qui il demande de régler la situation ou de le laisser s’en charger personnellement. Ousmane Sonko demande aussi à la justice de faire son travail correctement pour pouvoir appeler à son indépendance. «Certaines personnalités auraient dû être convoquées avant le dialogue et depuis lors, silence radio, ce n’est pas normal. Qu’on les convoque pour qu’ils rendent les milliards volés», dit-il avant d’annoncer à nouveau la présentation de son plan de redressement dans les jours à venir, dit-il.
Nd kh. D F
