Sous un soleil de plomb et dans une ambiance à la fois électrique et solidaire, des milliers de militants de l’Apr, responsables politiques et sympathisants ont marché samedi dernier à Ourossogui pour exiger la libération du député-maire des Agnam, Farba Ngom, incarcéré depuis le 27 février 2025. «C’est une liquidation politique !», clame Me Moussa Bocar Thiam. Tandis que d'autres alertent : «Farba est malade. Le pouvoir joue avec la vie d’un homme !»
Il est un peu plus de 16h ce samedi 26 juillet 2025 à Ourossogui. Dans une chaleur étouffante, la foule s’amasse peu à peu autour de la banque Boa. Hommes, femmes, jeunes, anciens, tous vêtus de T-shirts blancs frappés du visage souriant de Farba Ngom. Sur leurs bras, des brassards rouges en signe de résistance. Sur leurs pancartes, des messages forts : «Farba nous manque», «Libérez notre député !», «Sonko dégage !».
À moto Jakarta ou à pied, le cortège s’ébranle dans une marée humaine impressionnante, traversant les principales artères de la ville : la Poste, la Pharmacie El Hadji Oumar Tall, jusqu’au carrefour central de Ourossogui. Pendant deux heures, les slogans résonnent comme un cri de ralliement.
«Libérez Farba»
En tête du cortège, les figures politiques de l’Alliance pour la République (Apr) du Fouta et d’ailleurs : Me Moussa Bocar Thiam, maire de Ourossogui, l’ancien président de l’Assemblée nationale Amadou Mame Diop, Augustin Tine, ancien ministre d’État, la députée Racky Diallo, ainsi que Mamadou Mory Diaw, maire de Matam. Tous unis derrière une même revendication : la libération de Farba Ngom.
«Ce n’est rien d’autre qu’une liquidation politique»
Sur l’estrade improvisée, les discours s’enchaînent, nourris par l’émotion et l’indignation. «Nous sommes ici pour exiger la liberté de notre camarade Farba Ngom. Ce n’est rien d’autre qu’une liquidation politique !», tonne Me Moussa Bocar Thiam, acclamé par une foule survoltée. À ses côtés, l’honorable députée Racky Diallo ajoute : «nous ne demandons pas un traitement de faveur. Nous demandons le respect du droit et de la dignité humaine. Aujourd’hui, même le médecin désigné par le juge dit que Farba est trop malade pour rester en prison. Pourquoi cette obstination ?»
«Farba est en danger. Libérez-le avant qu’il ne soit trop tard»
L’alerte est grave, répétée par plusieurs responsables. L’état de santé de Farba Ngom serait incompatible avec la détention. C’est ce qu’a déjà conclu le cardiologue Pr Alassane Mbaye, dans un rapport médical que le juge d’instruction n’a pas jugé suffisant. «Farba est en danger. Son état de santé est alarmant. Nous alertons le président de la République et son Premier ministre, libérez-le avant que l’irréparable ne se produise !», prévient Abdoul Aziz Diop, premier adjoint au maire des Agnam. Dans la foule, l’inquiétude se mêle à la frustration. Des jeunes scandaient encore : «Farba, c’est notre espoir. Farba, c’est notre voix. Vous ne pouvez pas l’éteindre comme ça !». Très remonté, l’adjoint du député-maire dont l’immunité a été levée pour la cause promet la continuité de ces manifestations politiques. «C’est la première fois dans l’histoire du Sénégal qu’une telle mobilisation est faite pour exiger la libération d’un détenu politique. Cette mobilisation n’est qu’un engagement personnel de chacun, et le combat va continuer jusqu’à la libération de l’honorable député-maire Farba Ngom», inque Me Thiam.
Une mobilisation sans précédent dans le calme
Cette manifestation autorisée par le préfet de Matam s’est déroulée dans un calme absolu, encadrée par les Forces de défense et de sécurité (Fds), sans aucun débordement. Une discipline que les organisateurs revendiquent comme une force. «C’est un message de paix et de responsabilité que nous envoyons. Mais aussi un signal fort, nous n’abandonnerons pas ce combat», affirme Amadou Mame Diop.
Baye Modou SARR













