À quelques jours de l’Assemblée générale élective prévue le 2 août 2025, la campagne pour la présidence de la Fédération sénégalaise de football prend une tournure plus lisible avec un débat télévisé organisé par la Rts. Tous les candidats ou presque y ont répondu présents pour exposer leurs programmes, leurs ambitions et leurs différenciations. Seul Abdoulaye Fall, président de l’AS Bambey, a brillé par son absence, préférant continuer son offensive à Tambacounda. Ce rendez-vous inédit aura permis de mesurer les clivages, mais aussi les convergences, autour d’un enjeu devenu crucial pour l’avenir du football national.
Face aux caméras, les prétendants à la tête de la Fsf ont chacun tenté de se positionner comme porteur d’un renouveau structurant. Oumar Ndiaye a mis l’accent sur la redistribution des recettes issues des compétitions internationales, proposant un modèle de partage qui verrait chaque club sénégalais bénéficier directement des retombées économiques, avec une projection chiffrée de plus de 22 millions F Cfa par structure en cas de gains conséquents.
De son côté, Abdou Thierry Camara a défendu une approche inspirée des marchés de capitaux, avec un mécanisme comparable aux eurobonds pour injecter des fonds dans les clubs, via des systèmes garantis sur les plus-values de transfert. Pour lui, l’enjeu est de doter les clubs d’actifs exploitables, notamment à travers leurs centres de formation.
Moustapha Kamara, quant à lui, s’est concentré sur l’accompagnement des clubs amateurs avec un plan national visant à mieux structurer leur gestion administrative et à établir un mode de financement transparent basé sur les performances. Il n’a pas manqué d’interpeller ceux qui multiplient les promesses sans en justifier la faisabilité financière.
Des visions claires sur les réformes structurelles
Figure bien connue du football sénégalais, Mady Touré a articulé son programme autour de la professionnalisation à tous les étages. Il a plaidé pour l’autonomie de la Ligue professionnelle, l’obligation pour chaque club d’avoir un centre de formation et une harmonisation des contrats selon les standards internationaux. À travers des exemples issus de Génération Foot, il a démontré que l’efficacité pouvait naître d’un projet pensé sur le long terme, avec des résultats aussi bien sportifs qu’éducatifs.
L’arbitrage n’a pas été oublié : Aliou Goloko a proposé la création d’une Maison de l’arbitrage portant le nom de Badara Mamaya Sène, ainsi qu’un plan de formation des jeunes arbitres dès l’âge de 13 ans. Il veut bâtir une filière d’arbitrage mixte, dès les compétitions de jeunes, pour préparer un vivier expérimenté et représentatif.
Enfin, Me Augustin Senghor, président sortant, a insisté sur la nécessité de consolider les acquis. Il défend un bilan axé sur la structuration institutionnelle et les succès des équipes nationales, affirmant que sa motivation repose sur la continuité : construire au-delà d’une Can gagnée et faire du Sénégal une nation de référence durable dans le football africain.
Une absence remarquée, des électeurs attentifs
L’absence de Abdoulaye Fall a été largement commentée sur le plateau comme dans les réseaux sociaux. Sa stratégie de terrain contraste avec l’ouverture médiatique des autres prétendants. Pour certains observateurs, refuser un débat est un signal d’évitement, pour d’autres, un pari risqué misant sur la mobilisation régionale. Mais dans un scrutin où chaque ligue compte, l’équilibre entre communication de masse et enracinement local peut faire la différence.
Le débat a permis aux acteurs du football sénégalais, clubs, ligues, joueurs, arbitres, d’évaluer les propositions sur la table, loin des slogans. Au-delà des discours, les électeurs attendent désormais des engagements clairs, chiffrés et exécutables. Car cette élection ne désignera pas seulement un président, elle installera la tête d’un système en pleine recomposition. À une semaine du scrutin, le match se joue autant sur les idées que sur la capacité à les traduire en action durable.