Mamadou Mbaye, gendarme affecté au Groupe de lutte anti-drogue (Glad) a finalement été condamné à 2 mois d'emprisonnement ferme. Il a été jugé hier, mercredi, 14 mai, devant le tribunal des flagrants délits de Pikine-Guédiawaye pour détention de yamba en vue de l'usage personnel.
Le gendarme Mamadou Mbaye sait désormais la peine de prison qui l'attend. Ce dont il n'est pas encore sûr, c'est de sa carrière professionnelle, car il ignore s'il sera complètement radié ou toujours maintenu, puisqu'il est impliqué dans une affaire de drogue. Ce prévenu né en 1992 demeurant à Tally Mame Diarra, pourtant membre du Groupe de lutte anti-drogue (Glad) n'a pas hésité à flirter avec ce produit prohibé. Ce gendarme, d'après l'accusation, a été arrêté suite à une plainte de sa colocataire, Binta Faye. Cette dernière a confié que l'agent en question indisposait les autres résidents en fumant chaque jour du yamba. Ce faisant, il s'attaquait à la dame, Binta Faye qu'il menaçait de mort. Celle-ci, craignant pour sa sécurité, est directement allée à la police pour le dénoncer. Hélas, le mis en cause, lorsqu'il a été convoqué, a refusé de déférer devant la justice en prétextant son statut de gendarme.
N'empêche, les agents y ont fait une descente et l’ont arrêté.
Placé sous mandat de dépôt, il a été jugé hier devant le tribunal des flagrants délits de Pikine-Guédiawaye. Le prévenu a nié en premier la qualité de consommateur qu'il s'était attribuée à l'enquête. "Pour le yamba, ils en ont trouvé chez moi et c'est parce que je travaille à la cellule antidrogue mais je ne le fumais pas. D’ailleurs, ce yamba a été plastifié", a-t-il déclaré avant de se dédire pour finalement dire qu'il fume du yamba lorsque ses aveux de l'enquête lui ont été rappelés. Mamadou Mbaye, il faut le rappeler, n'est pas seulement poursuivi pour détention de drogue en vue de l'usage, mais il lui est reproché des faits de menaces de mort par sa colocataire, Binta Faye. Interrogé, il a nié l’avoir menacée de mort.
Interpellé sur son refus d'aller répondre à la convocation des enquêteurs, le gendarme nie encore : "je n'ai pas refusé de prendre la convocation, mais je leur ai dit que je dois d'abord me référer à mes supérieurs avant d'aller répondre".
La juge sermonne le gendarme
Au regard du statut de ce prévenu, la présidente de l'audience, outrée par son attitude, n'a pas manqué de lui cracher ses vérités. "Ta qualité de gendarme ne te donne pas un certain droit. Le propriétaire de cette maison doit t'expulser. Ce n'est pas parce que tu es gendarme que tu dois fumer du yamba dans cette maison. Tu n'honores pas cette tenue que tu portes. Elle a parfaitement raison d'aller chercher secours auprès de la police parce que tu fumes jusqu'à perdre le nord pour ensuite la menacer. Elle craint pour sa sécurité", a fait remarquer la magistrate.
Le procureur dénonce son arrogance
Le procureur s'est lui aussi attaqué à Mamadou Mbaye. "Tu es arrogant. C'est ton arrogance qui t'a perdu, parce que les agents t'ont convoqué à deux reprises mais tu n'as pas daigné répondre. Vous n'êtes pas au-dessus de la loi. Tu as fait une chose très grave. Tu ne peux pas être dans une unité de lutte contre la drogue et te comporter de la sorte. Dans cette unité, si l'agent est détenteur de drogue, cela constitue une source de corruption, sauf dans le cadre d'une mission. Un agent de ce corps ne consomme pas de drogue".
Binta Faye, à son tour, a soutenu que durant les 2 années que le gendarme a habité dans cette maison, il passait son temps à fumer du yamba puisque l'odeur se dégageait toujours de sa chambre. "Comme il sait que nous savions tous qu'il fumait, il est venu auprès de moi en m'avouant qu'il connaissait l'identité de la personne qui le dénonçait et qu'il allait la tuer. C'est là qu'il m'a menacée de mort".
Binta Faye, qui n'a pas réclamé de dédommagement, a juste demandé que Mamadou Mbaye la laisse tranquille. Le procureur a pour sa part requis sa relaxe pour les faits de menaces de mort et une peine de 2 ans de prison dont 1 mois ferme pour détention et usage de yamba. Emboitant le pas au parquet, Me Alpha Diallo a de son côté sollicité la relaxe de son client pour les menaces de mort et une peine de sursis afin qu'il puisse continuer ses activités, en ce qui concerne la détention de la drogue.
Sa consœur, Me Marame Dia Sylla, plaide aussi une application bienveillante de la loi : "par rapport à l'unité dans laquelle il appartient, il a honte aujourd'hui de dire qu'il fume du yamba. Par rapport à son statut de gendarme, il est gêné. Il n'est pas fier de lui aujourd'hui. Il est gêné de reconnaître à la barre qu'il fume du yamba. Il est aujourd’hui à la "Une" de tous les journaux. Cela suffit largement comme sanction". À la fin des débats, le tribunal a disqualifié les menaces en violences et voies de fait ainsi que pour le surplus. Il a condamné Mamadou Mbaye à 2 mois de prison ferme. Avant qu'il n'aille rejoindre le box des accusés, le juge lui a conseillé de demander à ses supérieurs de le détacher de cette unité si c'est possible, ne serait-ce que pour sa santé.
Fatou D. DIONE













