Face à une situation politico-judiciaire jugée alarmante, la Confédération pour la démocratie et le socialisme (Cds) est sortie de sa réserve. Regroupant des partis de gauche comme le Pit-S, la Ld, l’Aj/Pads-A ou encore Udf/Mboolo Mi, la coalition a organisé une conférence de presse au ton grave. C’est Samba Sy, Secrétaire général du Pit et coordonnateur de la Cds, qui a pris la parole au nom des leaders pour dénoncer le placement en position de garde à vue du chroniqueur Badara Gadiaga et des autres envoyés en prison.
«Notre pays est en danger ! En danger sur le plan de la démocratie, des droits humains, de l’économie, du social et de la diplomatie», a martelé d’entrée, Samba Sy, coordonnateur de la Confédération pour la démocratie et le socialisme (Cds).
Un climat de répression étouffant
La Cds dénonce une dérive autoritaire sans précédent. L’arrestation récente de Badara Gadiaga en serait une illustration flagrante. Pour Samba Sy, la parole libre est désormais criminalisée. «Quand des journalistes, des chroniqueurs, ou de simples citoyens sont poursuivis pour avoir exprimé des opinions, alors c’est la République elle-même qui chancelle», a-t-il déploré. Il a également apporté un soutien appuyé à plusieurs figures inquiétées par la justice, Madiambal Diagne, Bachir Fofana, Moustapha Diakhaté, Abdou Nguer, Ardo Gning, entre autres.
Une justice instrumentalisée
Si la Cds reste attachée au principe de reddition des comptes, elle en fustige l’usage à des fins partisanes. «Quand la justice sert à écarter des adversaires politiques alors que les transhumants, eux, bénéficient d’impunité, ce n’est plus la justice, c’est une arme au service de l’arbitraire», s’indigne le Sg du Pit. Il cite, entre autres, « la série d’élus locaux poursuivis ou incarcérés, comme Barthélemy Dias, Farba Ngom, Mansour Faye, Moustapha Diop et Sophie Gladima, y voyant une stratégie électorale à peine voilée.
Un Premier ministre controversé
Le Premier ministre n’échappe pas aux critiques de la Cds. La coalition fustige son ton agressif, son mépris des institutions et son goût pour le faste. «L’injure n’est pas une méthode de gouvernance. Et les jets privés financés dans l’opacité ne peuvent coexister avec la souffrance quotidienne du peuple», a tranché le coordonnateur.
Une économie à l’arrêt
Sur le front économique, le constat est tout aussi sombre. Pour la Cds, la paralysie des chantiers du BTP, la crise des médias, l’endettement galopant, et la suppression des bourses familiales sont autant de symptômes d’un pouvoir «déconnecté. La prospérité ne vient ni des slogans ni des illusions. Elle se bâtit par la compétence et l’exemplarité», a-t-il déclaré, pointant aussi la mauvaise qualité des semences agricoles.
Une purge politique dans le secteur public
Samba Sy a dénoncé une vague de licenciements jugés politiques. «Plus de 30.000 travailleurs, notamment dans le public, auraient été écartés pour leur proximité supposée avec l’opposition. C’est une violence institutionnelle déguisée. Un État ne se construit pas sur l’exclusion mais sur l’équité», a-t-il rappelé.
Diplomatie en déclin
La Cds regrette également la perte d’influence du Sénégal sur la scène internationale. «Le pays est passé du statut de force de proposition à celui de simple spectateur. C’est le symptôme d’une crise de vision», a affirmé Samba Sy, appelant à une « renaissance diplomatique fondée sur la constance et la stratégie».
Baye Modou SARR