
Face à ce que ses membres qualifient de « désinformation et de mauvaise foi ambiante », le Mouvement national des cadres patriotes (Moncap) a livré, lors d’une conférence de presse, une lecture offensive de l’Agenda Sénégal 2050, du Plan de redressement économique et social (Pres) et de la Stratégie nationale de développement (Snd 2024-2029). Chiffres à l’appui, les cadres de Pastef défendent la vision de transformation systémique du Président Diomaye Faye, appellent à la rigueur et dénoncent les procès en amateurisme.
Le Moncap fait front face à la critique
Réunis autour de leur vice-coordonnateur, Dr Babo Amadou Bâ, également Directeur général du 3FPT, les cadres du Moncap ont haussé le ton. Dans une posture de pédagogie politique assumée, ils entendent « parler au nom des faits, de la rigueur et de la vérité » pour rétablir la lisibilité d’une stratégie de développement ambitieuse que certains, selon eux, caricaturent à dessein. « Nous avons un État stratège », insiste Dr Bâ. Il rappelle que le Pres, pierre angulaire de l’action gouvernementale, mobilisera 5667 milliards de francs Cfa sans augmenter les taxes, sans céder les ressources nationales et sans alourdir la dette publique. Une équation que les cadres disent possible grâce à une mobilisation inédite des ressources internes et une réforme de fond des outils de gestion publique.
Agenda, plan, projet : remettre les concepts à leur place
Soucieux de clarifier les approches, le Moncap distingue trois niveaux de pilotage : un agenda fixe l’horizon temporel ici, le Sénégal de 2050 ; un Master plan (2024-2034) détaille les modalités de transformation systémique du pays ; enfin, une Stratégie nationale quinquennale (2024-2029) concentre les moyens autour de 80 projets catalytiques répartis sur huit pôles de développement et six filières stratégiques. « Ce que nous construisons, c’est une architecture cohérente », a martelé Dr Bâ. Et d’ajouter : « la Vision 2050 ne tombera pas du ciel. Elle s’incarne dans des étapes précises. » Trois phases sont ainsi posées : Redresser (2025-2028), Impulser (2026-2034), Accélérer (2028-2050) – résumées dans l’acronyme RIA. Le but : enrayer les déséquilibres macroéconomiques, amorcer une dynamique de transformation, et accélérer l’atteinte des objectifs de développement.
Dette, déficit, diagnostics sans fard
Autre volet explosif abordé par les cadres patriotes, l’état réel des finances publiques héritées de la précédente administration. Le cabinet d’audit Mazars, mandaté par le gouvernement, a chiffré la dette publique à 23.273 milliards de F Cfa, soit 119% du Pib, et un déficit de 14%. Un niveau jugé "ahurissant" par le Moncap. « Nous avons légiféré dans la transparence, conformément à la Directive Uemoa de 2009, transformée en loi le 25 décembre 2012 », affirme Dr Bâ. Il souligne que la gouvernance actuelle s’appuie sur une volonté de remise en ordre institutionnelle et budgétaire, avec des réformes sur le Code des investissements, la fiscalité, la commande publique, les agences, ainsi que des projets de loi sur l’Ofnac, les lanceurs d’alerte, l’accès à l’information et la déclaration de patrimoine.
Des milliards mobilisés sans creuser la dette
La Snd 2024-2029, cadre opérationnel de la vision gouvernementale, vise une mobilisation de 18.496 milliards de F Cfa, financée à 63,3% par l’État, 14% par le secteur privé, et 22,7% via des partenariats public-privé.
Dr Bâ détaille les quatre sources de financement du Pres : « Optimisation des dépenses publiques (50 milliards) : digitalisation, rationalisation de l’État, efficacité de la commande publique ; Ressources domestiques (2111 milliards) : niches fiscales, secteur numérique, revenus fonciers, redevances ; Recyclage d’actifs (1091 milliards) : valorisation du patrimoine public, renégociation de contrats surfacturés à 18% ; Financement endogène hors dette (1352 milliards) : appel à l’épargne publique, soutien aux banques nationales, finance islamique (Sukuk) », explique-t-il.
Un programme social et économique ambitieux
Au-delà des chiffres, le Pres veut répondre aux aspirations sociales les plus urgentes dit-il, « accès à l’eau, à la santé, à l’éducation, baisse du coût de la vie, inclusion des jeunes et des femmes dans l’entrepreneuriat, accès au logement, protection sociale élargie. Une attention particulière est également accordée à l’amélioration du cadre de vie et à la sécurisation foncière ».
Côté économique, le gouvernement mise sur un partenariat renforcé avec le secteur privé, le soutien à l’industrialisation, la transformation locale, le paiement de la dette due aux entreprises sénégalaises, et des mesures concrètes pour améliorer l’environnement des affaires.
Le pari de la souveraineté financière
Sur le plan budgétaire, le gouvernement table sur un retour progressif à l’équilibre, avec un objectif de déficit de 3% du Pib à l’horizon 2027, conformément au Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle (Dpbep). « Ce plan, affirme Dr Bâ, va restaurer la confiance, renforcer la capacité d’action de l’État, et dégager des marges de manœuvre budgétaires sans alourdir la charge de la dette. »
L’appel à la responsabilité collective
Le Moncap conclut son plaidoyer par un appel à l’unité et à la lucidité. « Ce projet est celui de toute une nation », insiste Dr Bâ. « Il ne peut être porté uniquement par l’exécutif. Il nécessite l’engagement de toutes les forces vives sur le plan économique, social, citoyen ». Contre les caricatures, les cadres patriotes choisissent la voie de la rigueur et de la clarté, convaincus que la Vision 2050 ne se construira pas sur les polémiques, mais sur l’adhésion à un projet structuré, chiffré et maîtrisé.
Baye Modou SARR
