Pour tentative d'extorsion de fonds, détention et diffusion d’images contraires aux bonnes mœurs, Moulaye Libasse Traoré a été condamné hier mercredi par le tribunal des flagrants délits de Dakar à 2 ans de prison assortis du sursis. Il avait demandé la somme de 37 millions F Cfa à son ex-copine mariée, sous peine de publier ses vidéos pornographiques.
Angélique Aïssatou Pouye a frôlé le pire. Cette dame, mariée et mère de famille, a failli voir ses images nues publiées sur les réseaux sociaux par son ex-amant Moulaye Libasse Traoré. Ce père de famille a connu en 2018 sa victime. Non seulement ils sortaient ensemble, mais ils se sont associés dans une entreprise. Ainsi, elle l’avait représenté dans une procédure judiciaire qui a abouti à une condamnation de 50 millions que les héritiers d'un certain feu Ousmane Diouf devraient lui payer en guise de créance. Son ex devait gagner la somme de 21 millions au bout de cette opération. Entre-temps, ils ont rompu leur relation amoureuse. Mais, Moulaye Libasse Traoré ne cessait de harceler cette dame qui n'était que son mandataire. Puisque, durant leur idylle, Angélique Aïssatou Pouye lui avait envoyé ses images nues, Moulaye Libasse Traoré lui a réclamé 37 millions sous peine de publier ces images obscènes. Comme Angélique Aïssatou Pouye n'a pas obtempéré, Moulaye Libasse Traoré lui a donné rendez-vous à l'hôtel Pullman de Dakar pour la contraindre. C'est cette occasion que la plaignante a saisie pour aviser les enquêteurs qui l’ont interpellé lorsqu'il est venu à ce rendez-vous. Il est alors arrêté et inculpé pour tentative d'extorsion de fonds, détention et diffusion d’images contraires aux bonnes mœurs.
Placé sous mandat de dépôt le 13 mai 2024, Moulaye Libasse Traoré a été jugé hier mercredi devant le tribunal des flagrants délits de Dakar. A la barre, il a nié la tentative d'extorsion de fonds. "Je n'ai pas menacé de les publier en contrepartie d'une somme d'argent. Je lui ai envoyé ça pour témoigner les sentiments que j'avais à son égard", précise-t-il. Pour la détention d'images obscènes, le prévenu soutient : "c'est en 2018 qu'elle m'avait envoyé ces images que j'ai supprimées en 2019. Elle pense que je détiens toujours ces images et c'est pour ça qu'elle a appelé les policiers. Ce qui n'est plus le cas’’.
Le juge de rabrouer le mis en cause. «On n’utilise pas de menaces pour manifester une affection à une personne. Elle a refait sa vie et toi aussi de ton côté, pourquoi vous voulez qu'elle manifeste une affection envers vous ? Vous n'avez pas à la menacer. Il fallait se munir de votre décision de justice et aller récupérer votre argent. Vous l'avez contrainte à aller à ce RV à l'hôtel Pullman", a-t-elle expliqué.
Le procureur a déclaré que le prévenu est coupable des faits qui lui sont reprochés parce que, selon lui, il se prévaut de cette détention d'images pour la menacer en lui réclamant 37 millions F Cfa. "Peut-être c'est un sein qui a été exposé. Mais le prévenu disait que c'était des photos de seins avant de revenir pour dire qu'elles étaient obscènes. Cette femme mariée a subi une humiliation parce qu'elle a vu sa vie d'avant son mariage exposée devant son mari et ses enfants", a relevé le parquet qui a requis que la loi soit appliquée à Moulaye Libasse Traoré.
La défense de celui-ci, Me Lénine So, a demandé au tribunal de lui tendre la perche en lui appliquant le sursis pour qu'il retrouve sa famille. "Il risque de ne pas voir ses enfants puisque sa carte de séjour est expirée alors qu'il devait rentrer en France. La sanction de la société est plus lourde parce que sa femme, ses partenaires et ses amis sont tous au courant. L'intimité de cette femme n'a pas été exposée. Il est en train de payer de sa dignité et de sa liberté. Il a posé un acte moralement répréhensible. Lui-même vous dit qu'il n'a plus ces images. Il vous dit que dans cette histoire, il n'est pas question de sexe mais de sein. On peut considérer que ces images sont à caractère personnel", a relevé la robe noire. Au final, ce prévenu qui a fait 10 jours en détention préventive a été reconnu coupable puis condamné à 2 ans de prison assortis du sursis. Le tribunal a aussi donné acte à la partie civile de son désistement.
Fatou D. DIONE













