Avec son nouveau morceau «Porozé», Thiat revient sur le devant de la scène et confirme son rôle de rappeur engagé, capable de transformer la colère citoyenne en musique percutante. Depuis Abdou Diouf jusqu’à Pastef aujourd’hui, il n’a jamais cessé de dénoncer, de provoquer et de susciter le débat. Dans ce nouveau titre, il livre un constat sévère des deux années de gouvernance en cours, évoquant promesses non tenues, économie à genoux et démocratie fragilisée.
Dans «Porozé», Thiat détaille les maux du pays avec une précision dérangeante. Les promesses électorales non tenues et les espoirs brisés sont au cœur de ses textes, tout comme la situation critique du secteur Btp et la fragilisation de la presse privée, privée d’aide alors qu’elle joue un rôle central dans la vie démocratique. Le rappeur pointe les nominations clientélistes, les ministres choisis par affinités, les directeurs généraux militants récompensés, et le non-respect du plan de redressement annoncé au peuple. Il critique également la non-déclaration de patrimoine, le Président qui reste à la tête de la magistrature malgré ses engagements et l’absence de véritables appels à la candidature, brossant le portrait d’une gouvernance qui divise et accumule les ennemis, prêt à en découdre avec eux, sans changement tangible depuis deux ans.
Ce morceau crée une vive polarisation sur les réseaux sociaux. Certains internautes saluent la franchise de Thiat et considèrent «Porozé» comme un miroir de la réalité politique, une manière d’aborder des sujets souvent tus. D’autres dénoncent un règlement de compte, reprochent au rappeur de caricaturer la situation ou estiment que le titre contribue à la division. Les réactions affluent, les avis s’affrontent et le morceau devient un espace de confrontation numérique où chaque phrase est scrutée, débattue et commentée. Cette division souligne la force du son, qui dépasse le simple cadre musical pour devenir un catalyseur de discussions citoyennes et politiques.
Au-delà de ses messages politiques, «Porozé» séduit par sa dimension artistique
L’introduction musicale rend hommage à l’histoire du hip-hop sénégalais tout en intégrant des éléments de la musique traditionnelle. Les variations rythmiques, l’usage du saxophone et les figures de style rappellent l’héritage des grands du genre et créent un dialogue entre générations. Le clip, avec ses choix esthétiques et ses clins d’œil au Keur Gui Crew, apporte une profondeur visuelle qui complète la force des textes. Ainsi, Thiat réussit à marier engagement politique et création artistique, donnant à son public un morceau qui se savoure autant pour son fond que pour sa forme.
Si certains y voient uniquement un règlement de compte, d’autres reconnaissent «Porozé» comme la continuité d’un artiste qui n’a jamais cessé de tenir le pouvoir en face et de transformer la frustration populaire en art contestataire. Avec ce titre, Thiat confirme qu’il reste un acteur incontournable du paysage culturel et politique sénégalais, capable de faire réfléchir, de provoquer et de rassembler, même au cœur de la controverse.
Khadidjatou D. GAYE












