A peine sorti de prison après sa condamnation à une peine d’amende de 50.000 francs, Djibril Agi Sylla a été arrêté à nouveau par la police sénégalaise. Il risque une expulsion vers la Guinée. Interpol Guinée aurait saisi Interpol Sénégal dans le cadre d’une coopération policière, pour son expulsion. La défense du blogueur a saisi le ministre de l’Intérieur par une lettre dûment motivée pour lui demander de sursoir à une éventuelle décision de renvoyer le blogueur à son pays d’origine. Au même moment, Amnesty international Sénégal se mobilise pour assurer sa défense.
Une remise de police à police, par une procédure simplifiée, dans le cadre d’une coopération policière entre la Guinée et le Sénégal, c’est ce qui risque de valoir à Djibril Agi Sylla une expulsion vers son pays. Le blogueur, interpellé par la police dès sa sortie de prison à la suite d’une condamnation, pour séjour irrégulier à 50.000 francs d’amende, est depuis quelques jours entre les mains des autorités sénégalaises. La décision d’expulsion dépend désormais du ministre de l’Intérieur. Selon un de ses conseils, pour éviter un recours en suspension ou en annulation devant la Cour suprême, les autorités guinéennes auraient usé de cette coopération. Pour éviter que le Sénégal ne le rende à la Guinée où il risque la torture, la défense de Djibril Agi Sylla a saisi le ministre de l’Intérieur par une lettre dûment motivée. En effet, dans sa lettre, Me Amadou Kane, l’auteur, a invoqué l’article 3 de la Convention contre la torture et autre peine ou traitement cruel, inhumain, dégradant du 10 décembre 1984. Ledit article dispose : « aucun Etat parti n’expulsera ne recourra ni extradera une personne vers un autre Etat où il y a des motifs sérieux de croire qu’elle risque d’être soumise à la torture ; pour déterminer s’il y a de tels motifs, les autorités compétentes tiendront compte de toutes les considérations pertinentes, y compris, le cas échéant, de l’existence dans l’Etat intéressé, d’un ensemble de violations systématiques de droits de l’homme graves, flagrantes ou massives » ; l’avocat a aussi invoqué la qualité de réfugié du blogueur. Il soutient qu’au terme de l’article 31 de la Convention des Nations-Unies sur les réfugiés, les Etats contractants, dont le Sénégal, s’interdisent d’appliquer des sanctions pénales aux réfugiés qui arrivent directement du territoire où leur vie ou leur liberté étaient menacées et qui entrent ou se trouvent sur leur territoire sans autorisation. Ce, entre autres arguments de motivation.
Au même moment Amnesty international Sénégal mobilise et constitue Me Amadou Diallo pour venir en renfort et assurer sa défense.
Rappelons que Djibril Agi Sylla est poursuivi par l’homme d’affaires KPC qui a déposé une plainte en Guinée et au Sénégal et même en Gambie pour des faits de diffamation et d’injures. Le Sénégal a écarté ces infractions pour le poursuivre pour séjour irrégulier. Toutefois, pour ses avocats, il y a anguille sous roche. Il ne s’agit pas simplement d’une affaire contre le puissant homme d’affaires, mais les autorités politiques guinéennes n’apprécieraient pas, en réalité, ses critiques. Les avocats ne voudraient également pas que le Sénégal l’expulse vers un pays en coopération avec la Guinée.
Alassane DRAME
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