A l’installation des conseils de quartier, à Thiadiaye, le maire Omar Youm a saisi l’occasion pour commenter le remaniement ministériel opéré dernièrement par le régime en place, mais aussi parler de la situation de Farba Ngom, son client et camarade de parti. Pour le premier point, Oumar Youm estime qu’on a beau changer des profils, si la vision n’est pas au rendez-vous, on se retrouvera avec le même résultat. Concernant le cas de Farba Ngom, Me Youm prend l’opinion à témoin et regrette le traitement réservé à son client.
«Le changement d’hommes en l’absence de vision, produit toujours les mêmes résultats. Les difficultés que les Sénégalais vivent sont dues à un problème de vision, de management et de méthodologie». C’est la conviction de Oumar Youm, par rapport au remaniement ministériel de Diomaye et Sonko. Le maire de Thiadiaye, qui présidait l’installation des conseils de quartiers, estime qu’il faut impérativement que nos dirigeants aient le courage de s’interroger sur leurs capacités à diriger ce pays pour voir s’ils utilisent la bonne méthode ; est-ce que les acteurs qui doivent être impliqués le sont ? «L’État se trompe en pensant qu’un simple jeu de chaises musicales peut masquer l’absence de stratégie. Le problème dont souffre le Sénégal est beaucoup plus profond : une gouvernance sans cap, sans méthode et sans cohérence», déclare Me Youm, qui poursuit : «on peut mettre qui on veut, quand on veut, à des postes stratégiques : ça ne marchera pas si on ne change pas les méthodes, si on ne met pas en place une vision claire et partagée. Si on ne revoit pas nos orientations, on tournera en rond. Appelons un chat un chat : ça ne marche pas», clame l’ancien président du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar.
«Si Farba Ngom meurt en prison, qui portera la responsabilité ?»
Concernant le dossier Farba Ngom, Me Youm s’empare de sa toge d’avocat et s’insurge contre l’acharnement que son client subit. A l’en croire, le député maire de Agnam avait déjà déposé un rapport médical fait par son propre médecin le jour même de son audition, mais cela n’a pas été pris en compte, il a été placé en détention. Quand cela s’est aggravé, assure-t-il, ses avocats ont saisi le juge d’instruction pour lui demander de désigner un expert. «L’expert a été désigné par le juge sur proposition de l’Ordre national des médecins du Sénégal. Le parquet et le juge même ont trouvé à redire sur les conclusions de ce médecin qui est pourtant une sommité mondiale. Ils ont demandé une contre-expertise faite par trois médecins de renommée mondiale, qui ont conclu que l’état de santé de Farba Ngom, qui souffre au moins de 11 pathologies avec des risques de mort subite, n’était pas compatible avec les conditions de détention», renseigne Oumar Youm, qui assure que dans sa carrière d’avocat, il n’a jamais vu telle situation. «Je suis avocat depuis 1994, je n’ai jamais vu un malade qui bénéficie d’autant de rapports d’expertise sur son état de santé et qu’on s’obstine à maintenir en prison. Un opérateur économique a été elargi en présentant un rapport d’expertise médicale», fait il savoir.
Me Youm déplore cette justice à deux vitesses. «Ou bien nous sommes tous égaux devant la loi, ou bien nous ne sommes plus dans une République. Maintenir un malade en prison malgré les rapports médicaux, ce n’est plus du droit, c’est de la cruauté. Et quand l’incompétence se mêle à la cruauté, cela alimente la tyrannie. Nous n’en avons pas besoin. On ne peut pas avoir une loi avec des applications parcimonieuses». Pour l’ancien député, «ce dossier révèle le vrai visage d’une justice défaillante, incapable d’imposer son autorité face aux pressions. Ce n’est pas acceptable. Le premier droit d’un citoyen, c’est le droit à la vie et le droit à la santé. Si Farba Ngom meurt en prison, qui portera la responsabilité ?», a-t-il demandé, avant d’ajouter : «on est sorti des limites de la justice. Quand le pouvoir ne s’exerce plus dans le cadre approprié, on tombe dans l’abus».
Baye Modou SARR
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