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RECORD RÉGIONAL À LA POMPE; ÉLECTRICITÉ TRÉS CHÈRE... : Sénégal, pays producteur, énergie hors de prix



RECORD RÉGIONAL À LA POMPE; ÉLECTRICITÉ TRÉS CHÈRE... : Sénégal, pays producteur, énergie hors de prix

 
 
 
Dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), les prix de l’essence à la pompe varient fortement d’un pays à l’autre. Selon les dernières données de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), publiées en décembre 2024, le Sénégal détient le record du prix le plus élevé, tandis que le Niger reste le pays où l’essence coûte le moins cher. Ainsi donc, malgré l’entrée officielle dans le cercle des producteurs de pétrole et de gaz, les Sénégalais continuent de payer parmi les prix les plus élevés d’Afrique de l’Ouest pour l’essence et l’électricité. Un paradoxe qui alimente la colère et pose la question de la justice énergétique dans un pays riche en ressources mais pauvre en redistribution.
 
 
 
Le Sénégal est devenu, depuis juillet 2024, un pays officiellement producteur de pétrole. Il y a une dizaine de jours, le pays a terminé sa première cargaison de gaz naturel liquéfié (Gnl) et est devenu officiellement producteur de gaz. Une étape historique célébrée par les autorités comme un tournant économique majeur, susceptible de propulser le pays vers l’émergence. Pourtant, dans la vie quotidienne des Sénégalais, la promesse de l’énergie accessible reste un mirage.
Le prix de l’essence atteint des sommets, l’électricité reste hors de portée pour de nombreux ménages, et la colère monte face à ce que beaucoup perçoivent comme une injustice criante. Selon les dernières données de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), publiées en décembre 2024, le Sénégal détient le record du prix le plus élevé, tandis que le Niger reste le pays où l’essence coûte le moins cher.
 
 
 
Un record régional à la pompe
 
 
 
Avec 990 F Cfa le litre d’essence super, le Sénégal détient aujourd’hui le triste record du carburant le plus cher de toute l’Uemoa. L’écart avec certains pays voisins est abyssal : 875 F Cfa en Côte d’Ivoire, 680 F Cfa au Togo et au Bénin, et seulement 499 F Cfa au Niger. Ce dernier, pays producteur et raffineur, tire profit de sa souveraineté énergétique pour alléger la facture de ses citoyens. Au Sénégal, en revanche, les coûts d’importation, les taxes, et une politique de subvention très limitée pèsent lourdement sur les prix à la pompe.
Au-delà du carburant, l’autre pilier de la précarité énergétique est l’électricité, dont le tarif est parmi les plus élevés du continent. À Dakar comme en région, la facture d’électricité absorbe une part importante du revenu des ménages, souvent pour un service intermittent ou de mauvaise qualité. En moyenne, le kilowattheure se vend entre 110 et 140 F Cfa, selon les tranches de consommation, bien au-dessus de ce que paient les populations dans des pays comme la Côte d’Ivoire ou le Ghana.
Pourtant, depuis plusieurs années, l’État investit massivement dans des infrastructures énergétiques : centrales solaires, interconnexions, et surtout projets gaziers censés à terme produire de l’électricité moins chère. Mais pour l’instant, les effets de ces investissements tardent à se faire sentir dans les foyers.
 
 
Le paradoxe d’un pays producteur
 
 
 
Depuis que le Sénégal a officiellement lancé l’exploitation du champ pétrolier de Sangomar et amorcé la production de gaz avec le projet GTA (Grand Tortue Ahmeyim), l’argument de «pays producteur» est devenu un élément central du discours gouvernemental. Mais la population ne voit toujours aucune retombée tangible sur ses factures d’énergie ou à la pompe. Pire : les prix continuent de grimper, dans un contexte de dépréciation du franc Cfa et d’inflation importée. Ce paradoxe soulève une question majeure : à qui profite l’exploitation des ressources naturelles du pays ?
Pour de nombreux observateurs, le modèle énergétique du Sénégal reste centré sur des logiques de rentabilité et d’exportation. Le pétrole extrait à Sangomar est majoritairement destiné aux marchés étrangers, et le gaz naturel liquéfié issu de GTA est prévu pour être vendu sur les marchés internationaux, notamment européens. Les autorités promettent des retombées fiscales et des investissements à long terme, mais les bénéfices concrets pour les citoyens tardent à se matérialiser.
Dans le secteur de l’électricité, la Senelec continue de dépendre largement des centrales thermiques fonctionnant au fioul, un carburant coûteux et polluant. Les projets d’électricité à base de gaz domestique restent au stade de la promesse. Et les subventions, très ciblées, ne concernent qu’une minorité d’usagers.
 
 
Une colère qui monte
 
 
Dans les quartiers populaires de Dakar comme dans les zones rurales, l’incompréhension et la colère grandissent. Comment expliquer qu’un pays désormais riche en pétrole et en gaz continue d’imposer à ses citoyens des tarifs aussi élevés ? Pourquoi les priorités budgétaires ne permettent-elles pas un allègement massif du coût de l’énergie ? Pour certains économistes, le choix politique d’exporter la ressource plutôt que de l’utiliser massivement pour l’autosuffisance énergétique est un aveu de dépendance.
Les mouvements citoyens commencent à s’emparer de la question. Des syndicats de transporteurs aux associations de consommateurs, la pression monte pour exiger une «souveraineté énergétique populaire», qui passerait par la baisse des prix à la pompe et sur les factures domestiques.
Face à cette grogne montante, le ministre de l’Énergie, du Pétrole et des Mines, Birame Souleye Diop, a récemment tenté d’apaiser la tension en annonçant une prochaine baisse de 50% du prix de l’électricité. Une annonce forte, mais qui reste pour l’heure sans calendrier précis ni modalités claires de mise en œuvre. Si cette promesse venait à se concrétiser, elle représenterait un tournant majeur pour le pouvoir d’achat des Sénégalais. Mais en attendant des actes concrets, le scepticisme demeure, et beaucoup restent prudents face à ce qui pourrait n’être qu’un effet d’annonce politique dans un contexte de fortes attentes sociales.
 
Vers une réforme du secteur ?
 
 
 
L’alternance politique récente, avec l’arrivée au pouvoir du président Bassirou Diomaye Faye, redonne espoir à certains. La nouvelle administration a promis plus de transparence dans la gestion des ressources naturelles et une révision des contrats signés avec les multinationales. Mais les attentes sont énormes, et le temps presse.
La crise énergétique est aujourd’hui à la fois sociale, économique et politique. Elle conditionne la confiance des citoyens dans les institutions, la compétitivité des entreprises locales et la stabilité sociale. Si le Sénégal veut réellement profiter de sa nouvelle position de pays producteur, il devra faire le choix courageux d’une énergie au service du peuple — et non seulement des marchés.
 
 
 
 
 
Sidy Djimby NDAO
 
 
 
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