La saison des essais politiques se poursuit au Sénégal. Après les Journaliste Cheikh Yérim Seck et Madiambal Diagne sur Ousmane Sonko, Macky Sall et Amadou Ba, c’est au tour de Moussa Taye, Directeur de cabinet du Maire de la Ville de Dakar, d’écrire sur une autre figure de la politique sénégalaise : Khalifa Ababacar Sall. «Khalifa Ababacar Sall : Parcours d’un homme d’Etat», (Le Nègre International Editions) est un essai de 176 pages réparties en trois parties : les origines de Khalifa Ababacar Sall, son entrée en politique et enfin ce que l’auteur a appelé «l’épreuve». La cérémonie de présentation et de dédicace qui s’est tenue samedi à la ville de Dakar, en présence de Khalifa Sall et Barthélemy Dias, a été l’occasion pour les intervenants de témoigner sur l’auteur. Parmi ceux qui ont pris la parole, le préfacier Abdoulaye Elimane Kane et l’ancien député Doudou Wade. Si pour l’ancien président du groupe parlementaire libéral, il s’agissait de rappeler que lui-même a été attributaire de la caisse d’avance de la ville de Dakar, pour l’ancien ministre, il était question de rappeler quand Khalifa Sall, alors son élève au Lycée Blaise Diagne, l’implorait d’arrêter de critiquer le Président Léopold Sédar Senghor.
«Khalifa Ababacar Sall : Parcours d’un homme d’Etat». Tel est le titre de l’ouvrage du Directeur de cabinet du Maire de la Ville de Dakar et conseiller politique de Khalifa Sall, Moussa Taye, sur l’ancien édile de la capitale sénégalaise. Au moment où ce-dernier se prépare à participer à sa première élection présidentielle, l’auteur a voulu mieux faire connaitre celui que beaucoup de Sénégalais voient, ‘’à tort’’, comme un leader frileux. La correction à cette idée reçue viendra de l’ami d’enfance de l’ancien maire de Dakar. «Non, Khalifa n’est pas frileux, Khalifa n’est pas courageux, mais Khalifa est téméraire», a témoigné Mamadou Mbaye, l’ami d’enfance de Khalifa Sall.
Quand Khalifa Sall avait jeté des cocktails Molotov dans la maison du commissaire de Thiès
Dans cet essai de 176 pages réparties en trois (3) parties, l’auteur revient longuement sur le rapport intrinsèque qu’il y a entre le parcours de Khalifa Sall et l’histoire du Sénégal de ces cinquante dernières années. Selon l’auteur, parce qu’il est très tôt devenu militant de l’Union progressiste sénégalaise (Ups), Khalifa Sall est un acteur majeur de l’histoire politique du Sénégal. Moussa Taye rappelle que son sujet est témoin du contexte social tendu de 1988 et révèle son «erreur de jeune socialiste» lorsque, voulant venger le Président Abdou Diouf, victime de jets de pierres à Thiès, ils se sont trompés de cible en jetant des cocktails Molotov dans la maison du commissaire de police de Thiès et non dans la maison de Boubacar Sall, alors surnommé le Lion du Cayor et numéro 2 du Pds».
Selon l’auteur, ce livre est né d’une déception. «En effet, j’envisageais d’écrire un livre-programme dans lequel serait détaillée l’offre politique du candidat Khalifa Ababacar Sall à l’élection présidentielle de février 2019. Finalement, il ne sera pas candidat. Ainsi, ai-je changé d’option. Avec les conseils et suggestions reçus des uns et des autres, j’ai pensé en fin de compte retracer une partie de la vie politique de Khalifa», a expliqué l’auteur.
Khalifa Sall dira lors de sa prise qu’il n’était pas emballé quand, il y a deux ans, il lui a annoncé l’intention d’écrire sur lui. Avant d’ajouter : «Moussa Taye est comme un fils. C’est un jeune frère. Moussa Taye, Birima Fall, Moussa Tine, Pape Alé Niang, ce sont des jeunes que j’ai connus depuis longtemps, et qui sont des jeunes frères et des amis et avec qui j’ai l’habitude de converser et d’échanger. Moussa Taye m’a annoncé son projet il y a 2 ans. Je n’étais pas emballé. Il ne m’a pas écouté, il l’a fait. Et je vous assure que je n’ai pas encore lu son texte», a laissé entendre le leader de Taxawu Sénégal.
Quand l’élève Khalifa Sall prenait la défense de Senghor devant son professeur
Le préfacier du livren Abdoulaye Elimane Kane, ancien universitaire et ancien ministre de la Communication et de la Culture du Sénégal, a été le professeur de Khalifa Sall au lycée Blaise Diagne. «La raison pour laquelle je n’ai pas hésité à préfacer le livre, c’est d’abord la qualité de l’auteur. La deuxième considération qui m’a fait accepter immédiatement de préfacer le livre, c’est le sujet de cet essai, la personnalité qui est au cœur de cet essai, à savoir Khalifa Ababacar Sall. J’étais son professeur de philosophie lorsqu’il était élève en classe de Terminale au lycée Blaise Diagne. Et j’ai remarqué en ce moment-là que non seulement il était déjà engagé au sein du Parti socialiste. Il me disait dans les couloirs : ‘’Monsieur dites ce que vous voulez dans votre cours, mais s’il vous plait ne critiquez pas le Président Senghor’’. C’était déjà un homme de conviction et c’est ce que j’ai constaté tout au long du parcours que nous avons partagé, à savoir membres du gouvernement sous le magistère du Président Abdou Diouf (1981 – 2000) ; membres du Bureau politique [du Parti socialiste]…», a témoigné le professeur Abdoulaye Elimane Kane.
Quand Doudou Wade et ses amis du Pds avaient tabassé Khalifa Sall
L’autre témoignage qui a marqué l’assistance, c’est celui de Doudou Wade. «Je me suis beaucoup plus rapproché de Khalifa Sall dans la période de l’alternance de 2000. Il a été un excellent vice-président. Il a été un très brillant parlementaire, assidu, mais derrière les implications et les orientations de Ousmane Tanor Dieng. Khalifa a été un brillant parlementaire, progressiste, participatif, qui nous a beaucoup aidés à traverser de multiples difficultés que notre régime a connues. L’histoire du Sénégal montre que sous Abdoulaye Wade, les plus grandes difficultés provenaient ou bien se résolvaient à l’Assemblée nationale. Khalifa a été toujours du côté du droit, du côté du pouvoir législatif et du côté de la défense des citoyens. Avec Khalifa, nous avons pu nous affronter dans des combats extrêmement difficiles et compliqués. Nous avons, des amis et moi, tendu un guet-apens à Khalifa Sall pour le tabasser très gentiment. Cela veut dire que nous avons eu entre nous des relations tendues, parfois. Mais toujours aboutissant à un petit couloir de concertation pour sortir le Sénégal de la situation dans laquelle il était.
Doudou Wade, Khalifa Sall et la caisse d’avance
Cette anecdote racontée, l’ancien patron des députés libéraux s’attaque à une autre. «Khalifa maire de Dakar, je suis au regret de le dire, n’a pas été soutenu par les citoyens de Dakar. Parce que dans cette affaire des comptes d’avance, tout le monde sait que la seule parole de Mamadou Diop, ancien maire de Dakar, aurait suffi, mais le pouvoir a décidé d’aller plus loin. Moi, j’en ai été attributaire», a expliqué Doudou Wade.
Et de poursuivre pour révéler : «j’étais dans le coma. Il fallait me transférer sur Paris. Khalifa s’est débrouillé pour donner son apport le lendemain et trois jours après, il a apporté un deuxième apport. C’est avec cela, ajouté à mes propres économies, que j’ai pu gagner Paris pour me soigner, après huit jours de coma. Alors combien de personnes dans cette ville ont été soignées par Khalifa, combien de bourses ont été payées… ? Il faut aussi que les citoyens sachent rendre la monnaie aux hommes politiques», a-t-il invité.
Sidy Djimby NDAO
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