Mission accomplie pour l’opposition sénégalaise. Dans le cadre de sa dénonciation de la gouvernance de Macky Sall, elle a réussi, hier, une forte mobilisation à travers les rues de Dakar. Une mobilisation monstre qui devrait pousser le palais à s’inquiéter. Seul couac : le manque d’organisation.
S’il lui était possible de maintenir sa mobilisation d’hier d’ici l’élection présidentielle prévue dans moins de dix mois, l’opposition sénégalaise ferait très mal au régime du Président Macky Sall. En effet, du monde, il y en avait, hier, sur le boulevard du Général de Gaulle. A 16h, heure fixée pour le début de la manifestation, la place de l’Obélisque avait fini de se remplir de monde. Les manifestants étaient venus d’un peu partout à travers Dakar, la plupart arborant des T-shirts blancs. Et même les nombreux messages hostiles au régime, tagués en couleurs sur ces milliers de vêtements pour l’occasion, n’ont pu prendre le pas sur le blanc. Pourtant, la paix n’a point été le mot d’ordre de la manifestation. A contrario, la marche a été l’occasion pour ces opposants, leaders comme simples militants, de lancer les plus sévères critiques à l’endroit du régime de Macky Sall, qu’ils n’hésitaient pas à taxer de «dictateur» ou encore d’«assassin».
Mobilisation monstre du Pds et des Khalifistes
A 16 heures passées de quelques minutes, la foule a commencé à marcher, direction la place Doudou Ndiaye Rose, sise devant le siège de la Rts. C’est aussi le moment de la désorganisation, chaque groupe de militants se rassemblant autour de son leader, chantant et dansant à son rythme, créant du coup un brouhaha que les écologistes qualifieraient de pollution sonore.
Pancarte à la main, T-shirt à l’effigie de Karim Wade, le «contingent» du Pds comptait le plus grand nombre d’éléments. «Karim Président, Macky Sall Dictateur», ont-ils chanté tout au long de l’itinéraire de la manifestation, disant à qui veut les entendre que «Karim Day Bokk» (Karim sera de la partie : ndlr), faisant allusion à la prochaine présidentielle, pour laquelle l’inscription de leur leader sur les listes électorales a été rejetée.
A leurs côtés et faisant la même chose qu’eux, les supporters du député-maire de Dakar. A la différence des messages brandis et des slogans chantés. «Libérez Khalifa», «Khalifa Président» ou encore «Macky Sall Dictateur» disaient les partisans de Khalifa Sall.
Pasteef, le Gp, Rewmi et le PUR en force
Quoiqu’ils aient été les plus représentatifs, les partisans de Khalifa Sall et de Karim Wade n’ont pas été les seuls sur les lieux. Pour s’en rendre compte, il suffit de jeter un coup d’œil sur les pancartes ou observer les couleurs des T-shirts pour voir que les militants du Rewmi, ceux du Grand Parti, les Patriotes du Pastef de Ousmane Sonko ou encore ceux du PUR de El Hadji Issa Sall, étaient aussi de la partie, ainsi que tant d’autres.
Arrivé devant la Banque de l’habitat du Sénégal (Bhs), les leaders ont été obligés de lire leur déclaration, l’accès à la place Doudou Ndiaye Rose étant impossible à cause de l’immense foule qui avait fini d’occuper les lieux avant eux. Le leader du Parti de l’unité et du rassemblement (Pur), désigné par ses pairs, a déclamé la déclaration de la manifestation.
«Ce parrainage est inique et n’existe qu’au Sénégal»
Et c’est pour dénoncer l’autoritarisme et la dictature du régime de Macky Sall. «Le Front fustige l’appel au dialogue maquillé sur le processus électoral, qui n’avait comme objet que de faire passer le parrainage. Ce parrainage est inique et n’existe qu’au Sénégal», a-t-il déclaré, dénonçant les contrats signés dans le cadre de l’exploitation des ressources naturelles du pays.
Une manif sans heurt
Autre satisfaction, la positive relation entre forces de l’ordre et manifestants, contrairement à ce qu’on avait l’habitude de voir. Une bonne relation que le Front a tenu à saluer, regrettant par la même occasion le boycott de leur manifestation par la Rts. Et comme pour confirmer la touche civique qui a prévalu tout au long de la marche, les policiers se sont offert un standing-ovation de la part des militants du Pastef, Ousmane Sonko inclus. Une politesse que les policiers leur ont bien retournée en les applaudissant à leur tour.
Sidy Djimby NDAO
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