La société Quality végétables Sénégal (Qvs) continue de clamer son droit sur le périmètre agricole qu’il occupe depuis 2019 à la suite d’un protocole d’accord avec l’Etat du Sénégal sur une période de 25 ans. Qvs s’est aussi interrogé sur la légalité du décret qui affecte 110 hectares de son périmètre en faveur de la Sci Nouvelle ville. Cependant, pour arrondir les angles, la société agricole a sollicité l’arbitrage de l’Etat, coupable d’avoir délivré des actes aux parties concernées.
Le bras de fer se poursuit sur le différend qui oppose la société Qvs (Quality végétables Sénégal) et la Sci Nouvelle ville du Sénégal (Nvs). La première est un exploitant agricole qui occupe le site depuis juin 2019 au terme d’un protocole d’accord avec l’Etat, à travers le ministère de l’Environnement alors dirigé par Abdou Karim Sall et la Direction des eaux et forêts, pour une mise en valeur agroforestière d’une partie de la forêt classée de Thiès. La durée de l’exploitation est de 25 ans renouvelable sur un périmètre de 180 hectares situé dans le village de Thiambokh, dans la commune de Keur Moussa ; et la seconde, une Sci qui s’active dans l’immobilier qui brandit un droit réel sur la base d’un décret d’affectation signé en 2022 par l’ancien président de la République au profit du Programme cent mille logements. En effet, sur ce périmètre agricole, Nvs accuse Qvs d’avoir empiété sur « ses » 95 hectares. Même si, en plus du droit réel, les décisions de justice sont favorables à Nvs, Qvs continue de contester le droit de propriété de Nvs qu’elle accuse de faire du forcing en complicité avec l’ancien ministre de l’Urbanisme Abdoulaye Saydou Sow et l'ancien directeur des Domaines Mame Boye Diao. Et, c’est le conseiller technique du Directeur de Qvs chargé de la communication, Mbaye Seck, qui est encore monté au créneau pour tirer la couverture de son côté, persuadé d’avoir avec lui la vérité, dans cette affaire.
Le décret en question
D’emblée, Mbaye Seck s’est attaqué au décret qui affecte 110 hectares de la forêt classée de Thiès à Nvs. Un décret qui, à l’en croire, ne s’accompagne pas de coordonnées géographiques pour spécifier la zone dans laquelle le site se trouve. Pire, selon les documents de Nvs, le site convoité se trouve dans le département de Mbour, alors que le terrain occupé par Qvs se trouve, dit-il, dans la commune de Keur Moussa, département de Thiès. Une position géographique confortée par l’Agence national de l’aménagement du territoire (Anat) après vérification. Poursuivant, il trouve incohérente la démarche de l’Etat. «L’Etat ne peut pas signer un protocole d’accord aux fins d’exploitation agricole pour une durée de 25 ans renouvelable en 2019 avec une partie et revenir en 2022 pour affecter le site en question, une forêt classée, une zone agricole de surcroît, à un tiers pour un projet immobilier», renchérit Mbaye Seck qui rappelle que c’est sur la base de ce protocole d’accord que la société Qvs a cherché un partenaire financier pour lancer ses activités.
Un investissement de près de cinq milliards menacé
Poursuivant, il annonce que la Qvs a investi dans ce projet 4 milliards 883 millions pour la construction de forages, de bassins de rétention, entre autres infrastructures pour commencer l’exploitation agricole. Un investissement qui risque de tomber à l’eau si l’exploitation devait s’arrêter, sans compter les pertes d’emplois. Mieux, il précise dans la foulée que les études d’un expert ont certifié que le site en question est destiné à l’agriculture. En d’autres termes, ce site n’est pas une zone d’habitation. Ce qui lui fait dire que les bailleurs de ce projet immobilier veulent faire du forcing et ont usé de leur proximité avec le défunt régime pour s’accaparer de ces terres et s’enrichir au détriment d’un projet agricole qui emploie des milliers de femmes. Si on veut atteindre l’autosuffisance alimentaire, dit-il, on doit renforcer l’agriculture. Il n’a pas manqué de déplorer la baisse des rendements et la réduction des effectifs cette année après la tentative de déguerpissement opérée par Nvs et qui a impacté une partie de l’exploitation agricole.
Arbitrage de l’Etat
Face à cette situation incommodante qui perdure, Qvs a sollicité l’arbitrage du nouveau président de la République, Bassirou Diomaye Faye ; étant donné, dit-il, que c’est l’Etat qui est à l’origine de cette situation pour avoir signé un protocole d’accord aux fins d’une exploitation agricole et un décret d’affectation de terres pour un projet immobilier. «Nous sommes ouverts au dialogue et avons, à plusieurs reprises, lancé un appel à l’Etat pour servir d’arbitre. Il est temps de se retrouver autour d’une table entre acteurs et l’Etat», martèle le directeur technique de Qvs.
M. CISS












