Un an après l’interpellation de l’ancien Directeur général de la Lonase, Lat Diop, ses avocats ont tenu une conférence de presse pour dénoncer ce qu’ils qualifient de manipulation judiciaire et d’acharnement politique. Ils estiment que la procédure repose sur des accusations sans fondement, entretenues par le parquet malgré deux décisions favorables de la chambre d’accusation.
Une dénonciation et non une plainte
L’affaire trouve son origine dans une dénonciation de Mohamed Dieng, Directeur de la société 1xbet, qui a affirmé avoir remis à Lat Diop la somme de plus de huit milliards de francs Cfa. Selon la défense, aucune plainte n’a été déposée, et les seules preuves brandies sont des captures d’écran WhatsApp ne faisant jamais état d’une remise d’argent. La seule fois où Lat Diop a sollicité un soutien financier, précisent ses avocats, c’était dans le cadre d’un contrat de sponsoring entre le Guédiawaye Football Club, qu’il présidait, et la société dirigée par Mohamed Dieng.
Des décisions favorables bloquées par le parquet
Me Cheikh Ahmadou Ndiaye, qui a fait la déclaration liminaire de rappeler qu’interpellé puis placé sous mandat de dépôt, Lat Diop a vu la chambre d’accusation considérer, dès le 26 mars 2024, que ses contestations étaient «non pas sérieuses mais très sérieuses». Cette décision ouvrait la voie à une liberté provisoire, mais le parquet a immédiatement formé un pourvoi en cassation, bloquant son application. Le 12 août 2025, la chambre d’accusation financière a confirmé cette position en ordonnant à nouveau la mise en liberté provisoire avec assignation à résidence. Deux jours plus tard, le parquet a de nouveau saisi la Cour suprême, empêchant une fois de plus l’exécution de la décision.
Une qualification jugée «artificielle»
Pour Me Djiby Diallo, l’un des conseils, le chef d’inculpation d’extorsion de fonds n’a pas lieu d’être. «On parle d’extorsion pour désigner l’usage de la violence afin d’obtenir de l’argent. Dans ce dossier, rien ne le justifie. Il s’agit d’un subterfuge destiné à masquer la vérité», a-t-il déclaré. L’avocat s’interroge également sur la qualification de détournement de deniers publics, rappelant que les fonds supposément versés provenaient d’un opérateur privé.
«Un dossier vide» selon la défense
Abondant dans le même sens, Me Abdoul Djaly Kane a qualifié le dossier de «scandale judiciaire». Il déplore l’absence de confrontation entre les deux parties et l’absence de preuve tangible. Pour lui, les deux arrêts de la chambre d’accusation, parlant de contestations «très sérieuses», suffisent à démontrer la faiblesse de l’accusation.
Des intérêts croisés mis en cause
Me Elhadj Diouf est allé plus loin, affirmant que Mohamed Dieng a été instrumentalisé. Selon lui, Lat Diop a mis fin à une «escroquerie» organisée autour des revenus des sociétés de jeux. Il rappelle qu’avant son arrivée, la Lonase ne percevait que 20 millions de francs Cfa, alors que la plateforme de contrôle mise en place par Lat Diop a révélé des recettes réelles de deux milliards de francs Cfa par mois. Ce système aurait mis fin à un montage dont profitait Mohamed Dieng.
Une affaire politique ?
Pour Me Oumar Youm, ce dossier dépasse la simple sphère judiciaire. «C’est la première fois que je me retrouve face à une procédure aussi inadmissible. Nous ne sommes pas dans le droit mais dans un règlement de comptes. C’est de l’arbitraire qui traduit la cruauté et l’incompétence du système», a-t-il estimé.
Une opinion à éclairer
La défense de Lat Diop affirme que cette conférence de presse vise à éclairer l’opinion publique et à déjouer toute tentative de manipulation. Les avocats maintiennent que leur client, incarcéré depuis près d’un an, affronte cette épreuve avec dignité et que sa détention repose sur un dossier vide, construit autour d’une simple dénonciation et d’accusations fragiles.
Samba THIAM













