En plein hivernage, plusieurs localités de Dakar sont envahies par les eaux. Certaines populations sont sinistrées ; les routes sont presque toutes devenues impraticables. C’est le cas de la localité de Tivaouane Peulh Namora. Ici, c’est le calvaire que vit la population du fait de l’impraticabilité de la route principale, un tronçon d’environ un kilomètre, que mêmes les bus Tata n’empruntent plus du fait de l’état de la route. Las de cette situation, les populations sont sorties hier pour manifester leur ras-le-bol. Les femmes n’en peuvent plus de se taper à pied toute cette distance, sous le chaud soleil, en aller-retour, pour faire le marché ; parfois, elles sont obligées de grignoter sur leur dépense pour prendre la charrette qui spécule sur le tarif en leur demandant 300 francs le trajet. Délégués de quartier, imams et simples résidents de la localité ont battu le macadam hier.
11 heures 45 minutes, le soleil darde ses rayons sur la localité de Tivaouane Peulh Namora, mais cela ne se ressent presque plus du côté des populations, qui sont sorties manifester leur colère face à leur calvaire vécu au quotidien du fait de l’état des routes. Dans cette zone, la route principale, un tronçon impraticable d’un peu plus d’un kilomètre reliant le grand marché de Tivaouane Peulh au Terminus du bus Tata ligne 69, non loin de la Cité des Enseignants, en passant par la Cité Namora, a suscité le courroux des habitants. Vendeuse au marché de Tivaouane Peulh, Néné Dieng, la quarantaine, a décidé de se mettre aux côtés de ses voisins pour battre le macadam. «Avant, on se levait à 7 heures du matin pour aller au marché, mais maintenant, ce n’est plus possible. Du fait de l’état de la route, les voitures n’arrivent plus ici. Les bus Tata ne veulent plus venir jusqu’ici parce que la route n’est pas bonne. Du coup, on est obligé d’aller au marché à 9 heures, pour vendre le poisson, car il y a un problème d’insécurité. Les charretiers spéculent sur les tarifs parce qu’ils sont les seuls à pouvoir acheminer les gens jusqu’à leur maison ou leur lieu de travail. Ils fixent le prix à 300 francs. Vous imaginez ? C’est invivable», se plaint une vendeuse de poisson.
La casquette bien vissée sur la tête, en blouson de couleur bleue et blanche, Mme Gomez Emilie Thiaw, vit le même calvaire tous les jours. La Badienou Gokh est aussi venue manifester sa colère. «Se taper tout ce trajet tôt le matin, vous savez bien que ce n’est pas sûr, surtout pour nous les femmes ; on peut se faire agresser ; tout peut arriver», peste la dame qui embraye : «on fait appel aux autorités pour qu’elles nous viennent en aident. Si les bus n’arrivent pas jusque dans nos quartiers, cela pose un énorme problème pour nous. Il faut qu’elles fassent quelque chose».
Les charretiers haussent le tarif à 300 francs, sur un court trajet
Les bus Tata qui venaient d’arriver, opèrent un demi-tour pas très loin de là où se tenait Mamadou Mbodj, mais cela ne l’a pas perturbé. La sueur dégoulinant sur son front, le délégué de quartier de Namora de pester : «voyez vous-même, c’est toute la population de Tivaouane Peulh Namora qui est venue manifester sa colère face à l’impraticabilité des routes et des désagréments que cela nous cause. C’est une situation très compliquée ; la route est complètement dégradée. Les travaux avaient démarré en 2024 et la route devait être livrée dans un délai de trois mois, mais cela fait presque un an qu’ils ont arrêté les travaux. Aujourd’hui, les bus n’arrivent plus jusqu’à leur terminus. Du coup, cela constitue un souci sérieux pour la population, pour les malades, les femme enceintes, les parturientes etc. Tout cela constitue un problème pour nous. Nous demandons à l’Etat de nous venir en aide», martèle le délégué de quartier. Initiateur de la marche, Pape Malick Guèye avait le Lacoste tout mouillé. Tout en sueur, la barbe bien taillée, ce trentenaire étale sa colère. Conduisant un véhicule de marque Ford, il a eu des soucis avec sa voiture du fait de l’état de la route. «Cela fait près deux ans que nous vivons cette situation. Quand ils ont commencé les travaux, on a tous pensé que notre calvaire allait finir, c’était en octobre 2024, mais pour des travaux qui devaient être livrés en 3 mois, ils n’ont jamais fini. On a saisi le maire de la localité, sans succès. On sait que c’est Ageroute qui avait le marché, mais on n'a plus aucune visibilité sur ces travaux de construction. On n’est pas content de nos autorités, il faut le dire», s’emporte Pape Malick Guèye.
Les gendarmes qui regardaient cette population exprimer sa colère avaient sûrement souffert, eux aussi, de l’impraticabilité de la route. Ce tronçon cabossé, des cuvettes à chaque deux mètres, était à divers endroits envahi par les eaux. La météo alertant pour un mois de septembre très pluvieux, l’angoisse ne peut être qu’à son summum, chez cette population.
Alassane DRAME












