A en croire Edward Gemayel, chef de mission du Fmi en séjour au Sénégal, les discussions pour un nouveau programme économique ne peut avoir lieu tant que le gouvernement n’aura pas corrigé les fausses déclarations sur les données économiques commises par l’ancien régime. Ce qui pourrait compromettre les chances du Sénégal de conclure un nouveau programme économique en juin prochain, comme annoncé par le ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba.
A la suite de la publication du rapport de la Cour des comptes sur les finances publiques, le Fonds monétaire international (Fmi) séjourne au Sénégal avec l’objectif de se pencher sur les conclusions dudit rapport, notamment sur le misreporting (fausse déclaration) en perspective d’un nouveau programme économique et financier avec le gouvernement du Sénégal. Ce programme attendu par les autorités d’ici juin prochain, comme l’avait annoncé le ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba, risque de ne pouvoir se concrétiser, puisque le Fmi a posé des conditions préalables. Dans un entretien accordé à Reuters, le chef de mission du Fmi, Edward Gemayel, s’est voulu clair : «nous ne pouvons pas discuter d'un nouveau programme avant d'avoir réglé la question des fausses déclarations. Cependant, une fois cette étape franchie, le Fmi pourrait agir vite, très vite», a déclaré le chef de mission du Fmi, sans pour autant s’engager sur un calendrier précis.
Suppression progressive des subventions
Interpellé sur une possible restructuration de la dette, un rééchelonnement ou encore un défaut de paiement, M. Gemayel estime qu'il serait très tôt de tirer une telle conclusion. Poursuivant, il a révélé que la réduction des subventions énergétiques constitue un élément essentiel des réformes économiques menées sous l'actuel régime du président Diomaye Faye. «Les subventions aux carburants ont explosé pour atteindre jusqu'à 4% du Pib depuis la pandémie de Covid-19 et elles devraient être progressivement supprimées. Le problème avec ces subventions, c'est qu'elles ne profitent pas aux ménages vulnérables. La plupart de ces subventions sont destinées aux ménages les plus aisés», se désole de constater Edward Gemayel. Poursuivant, le chef de mission a révélé qu’un budget supplémentaire reflétant les conclusions du rapport de la Cour des comptes publié le mois dernier pourrait être publié au deuxième ou au troisième trimestre de cette année.
Les revenus pétroliers vont impacter positivement le budget
Par ailleurs, les revenus pétroliers et gaziers, dit-il, pourraient avoir un «impact positif important» sur le budget, et le Fmi estime qu'ils représenteront en moyenne 1% du Pib par an au cours des cinq prochaines années.
M. CISS avec Reuters
Edward Gemayel
«Le Sénégal pourrait être amené à rembourser au FMI les décaissements effectués sur la base des comptes publics erronés»
Le Fonds monétaire international (FMI) va accorder au Sénégal une dérogation relative aux décaissements effectués par le pays sur la base de données erronées, ou bien lui demander de les rembourser, a déclaré à l’APS Edward Gemayel, le chef de mission de ladite institution financière pour le Sénégal.
Les ex-dirigeants du Sénégal (2012-2024) ont publié des informations erronées, concernant les comptes publics du pays entre 2019 et 2023, le déficit et la dette notamment, a révélé la Cour des comptes dans un rapport d’audit publié le 12 février dernier. “À la suite de ces misreportings (déclarations erronées), nous allons remettre un rapport au conseil d’administration du FMI. Il y aura ensuite deux possibilités”, a dit M. Gemayel dans un entretien avec l’APS. “Soit le FMI va accorder une dérogation au Sénégal, sur les décaissements effectués par le pays sur la base de données erronées, en contrepartie de mesures correctrices que les autorités sénégalaises vont prendre en faisant en sorte que ce qui s’est passé ne se reproduise plus”, a-t-il précisé. Edward Gemayel ajoute, concernant la seconde éventualité, que “le conseil d’administration du FMI peut demander au Sénégal de rembourser les décaissements effectués sur la base de données erronées”.
“Le rapport de la Cour des comptes est très bon”, a-t-il soutenu, ajoutant : “Nous sommes en train d’analyser son contenu, avec la collaboration des autorités sénégalaises.”
Un nouveau programme de coopération entre le Sénégal et le FMI
“À la suite des défaillances et des lacunes identifiées par la Cour des comptes, nous sommes en train d’identifier des réformes et mesures correctrices pour renforcer et améliorer la gestion des finances publiques, l’économie de manière générale”, a assuré le fonctionnaire du FMI. Edward Gemayel signale que les discussions de l’institution financière avec le Sénégal “se focalisent sur une chose : comment faire en sorte que ce qui s’est passé (la publication de données erronées) ne se reproduise plus”. “C’est la chose la plus importante”, a-t-il insisté. Le Sénégal a exprimé la volonté d’avoir un nouveau programme de coopération avec le FMI, selon M. Gemayel. “Une fois que ce misreporting sera derrière nous, nous allons travailler à un nouveau programme que les autorités sénégalaises ont souhaité avoir avec le FMI”, a-t-il dit. “Oui, le Sénégal n’est pas le premier pays où cela est arrivé. Il y en a d’autres en Afrique comme dans les autres continents”, a répondu le fonctionnaire du Fonds monétaire international à la question de savoir si cette institution a été confrontée à la publication de données financières et budgétaires erronées par d’autres pays. Il ajoute : “Nous saluons les efforts faits par les autorités sénégalaises dans un esprit de transparence.”
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