
Ancien secrétaire général du tout puissant Syndicat des travailleurs de l’électricité (Sutelec), Mademba Sock a expliqué sur Sen Tv, les différents points qui désavantagent la Senelec dans ce contrat qui le lie à la société Akilee sur une période de 10 ans. Outre la durée trop longue du contrat, il révèle que la Senelec devra rembourser l’investissement de Akilee dans le cadre de l’exécution du contrat. En cas de bénéfice également, poursuit Sock dans ses révélations, Akilee devra en empocher les 40%. Mais, prévient-il, même si le contrat a été «verrouillé», il y a décelé des vices de forme.
La polémique née du contrat léonin relatif au redéploiement de compteurs intelligents signé entre la Société nationale d’électricité (Senelec) et Akilee SA en février 2019 ne cesse d’enfler. Ainsi, à la suite des syndicats les plus représentatifs du secteur qui ont dénoncé ce contrat, c’est au tour de l’ancien secrétaire général du Syndicat unique des travailleurs de l’électricité (Sutelec), Mademba Sock, invité ce vendredi dernier de l’émission «Grand Plateau» sur la Sen Tv, de faire de grosses révélations. En effet, le syndicaliste qui a percé le mystère de ce contrat est d’avis que la Senelec a été flouée dans cette affaire. Revenant sur l’exposé des motifs du contrat en question - qui a été passé sans appel d’offres-, Mademba Sock déniche un certain nombre de problèmes. Il s’agit de la durée du contrat qui est, à ses yeux, trop longue : 10 ans, avec à la clé 2 millions 700 mille compteurs. «C’est trop pour la société Akilee et ce n’est pas normal», relève M. Sock. L’autre problème, ajoute-t-il, c’est qu’il est mentionné dans le cadre de l’exécution de ce contrat que l’investissement de Akilee sera remboursé par la Senelec. Le contrat prévoit, enfin, lorsqu’il y a bénéfice, que les 40% reviennent à la société Akilee. Ce qui fait dire à l’ancien homme fort du Sutelec que la rédaction de ce contrat pose problème. Pire, Mademba Sock assure que les gens ont voulu verrouiller le contrat.
«On doit aller vers la renégociation et rectifier le tir»
Même si Mademba Sock estime que le contrat a été verrouillé, il y a une chance pour les avocats, note-t-il, de le remettre en cause. En effet, même s’il s’est gardé de mettre à nu les failles du contrat, il révèle y avoir décelé des vices de forme. «Akilee est un Sénégalais qui a signé un contrat avec la Senelec. L’actuel Directeur peut dire qu’il va renégocier le contrat, l’ancien Directeur peut croire que c’est sa personne qui est visée ; mais ce n’est pas le cas. C’est une affaire de structure et non de personne. C’est Senelec et l’Etat du Sénégal, parce que c’est notre argent, l’argent du contribuable et lorsqu’on luttait pour la Senelec, eux tous n’étaient pas là. Donc, on doit aller vers la renégociation et rectifier le tir», indique l’ancien patron du Sutelec. Ce qui est important, soutient-il, c’est de faire en sorte que l’électricité ne connaisse pas de hausse et que la population ait de l’électricité à temps plein. En attendant, il précise, comme le révélait «Les Echos», que les parties, par l’intermédiaire de leurs avocats, ont déjà entamé les négociations. Cependant, au cas où ces négociations n’aboutiraient pas, l’Etat sera obligé de se rabattre sur Israël avec une commande de 45.000 compteurs déjà autorisée par l’Armp.
«C’est même dangereux d’accepter qu’un externe ait accès à l’exploitation de la Senelec»
En tout état de cause, ce qui est important dans ce contrat, précise Mademba Sock, c’est que la Société nationale d’électricité puisse en profiter. «C’est la Senelec qui doit garder le monopole. Ce n’est pas souhaitable de tout externaliser ; c’est même dangereux d’accepter qu’un externe ait accès à l’exploitation de la Senelec», martèle le syndicaliste. A l’en croire, même si les compteurs intelligents servent à réduire les pertes non techniques, certains, dit-il, lorsqu’ils ont accès à l’exploitation, en profitent pour vendre frauduleusement l’électricité.
Moussa CISS