Le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (Cdeps) a vivement réagi à la récente mise en garde du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) contre certaines dérives dans les débats télévisés. Alors que le Cnra souligne la nécessité de préserver la moralité publique et de protéger les institutions contre les attaques verbales, le Cdeps y voit une tentative d’intimidation des médias et une volonté d’ingérence dans leur fonctionnement. Cette confrontation s’inscrit dans un contexte marqué par une méfiance croissante entre la presse et les autorités, exacerbée par des mesures perçues comme des pressions politiques et économiques sur les organes d’information.
La tension monte entre les médias et l’organe de régulation de l’audiovisuel au Sénégal. Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) avait récemment mis en garde les médias audiovisuels contre les “injures, insanités et propos grossiers, dégradants et dévalorisants” tenus par certains chroniqueurs sur leurs plateaux. Ce rappel à l’ordre intervenait quelques jours après une émission de la Tfm, Jaakarlo, au cours de laquelle le chroniqueur Badara Gadiaga avait qualifié le Premier ministre Ousmane Sonko et le député Amadou Ba de menteurs. Le Cnra avait insisté sur la responsabilité des médias concernant le contenu diffusé et averti sur les sanctions en cas de récidive.
En réponse, le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (Cdeps) a exprimé sa “profonde inquiétude et son grand étonnement” face à ce communiqué, qu’il perçoit comme une tentative de mise au pas de la presse. Les patrons de presse condamne les injures et les propos diffamatoires dans l’espace public, mais s’indigne que le Cnra n’ait réagi qu’à la suite d’un “appel d’un parti politique”.
Le Cdeps accuse le Cnra d’agir de manière partiale et d’exécuter des pressions partisanes au détriment de la liberté d’expression. Il fustige également ce qu’il qualifie de “liberté surveillée” imposée aux groupes de presse, dans un contexte où le régime en place est accusé de multiplier les attaques contre la presse à travers des “inquisitions fiscales, privations de publicités, refus d’honorer les prestations effectuées, coupures illégales de signaux de chaînes de télévision et volonté de régir l’exercice du journalisme”.
L’organisation en appelle à l’indépendance du Cnra et réclame en priorité l’installation des huit nouveaux membres de son collège, estimant que l’actuelle structure fonctionne de manière “bancale, voire illégale”. Le Cdeps exige également des autorités qu’elles garantissent la sécurité des journalistes et des médias, qu’elles restaurent un fonctionnement véritablement indépendant du Cnra et qu’elles mettent fin à toute intimidation ou pression contre la presse.
Sidy Djimby NDAO