Pour avoir détourné, courant 2017, plus de 687 millions de la société Imafer de son employeur le Libano-Malien Mounir Kwar, Charbel Youssef Ayeche risque 4 ans de prison ferme, si Maguette Diop, le juge de la Chambre correctionnelle de Dakar, où il comparaissait hier, pour abus de confiance, escroquerie, blanchiment de capitaux et de faux dans une écriture de privée de banque, suit le procureur de la République. Pour masquer ses malversations, Charbel Youssef Ayeche avait acheté 12 terrains à Mont Rolland qu’il a mutés au nom de ses enfants mineurs, une maison à 99 millions aux Mamelles et 2 véhicules de marque Prado. Il sera fixé sur son sort le 13 décembre prochain.
«Escroc notoire», c’est ce qu’est Charbel Youssef Ayeche, collaborateur du Libano-Malien Mounir Kwar, propriétaire de Imafer (société spécialisée dans la fabrication d’acier). Ce dernier n’a rien trouvé de mieux que d’escroquer son patron. Youssef Ayeche était chargé de démarcher des clients et de procéder à des livraisons pour le compte de la société Imafer. Mais il en profitait pour détourner les commandes d’Imafer à son profit, tout en encaissant les règlements des clients sans pour autant les reverser à son boss. En ce qui concerne les livraisons que les chauffeurs convoyaient, il les détournait à d'autres fins.
Il achète une villa aux Mamelles à 99 millions, 12 titres fonciers à Mont Rolland, 2 Prado à 30 millions…
De fil en aiguille, les sommes détournées auraient atteint 687.573.415 F. Et pour déguiser lesdites malversations, il a acheté une villa aux Mamelles à 99 millions, 12 titres fonciers à Mont Rolland qu’il a mutés au nom de ses enfants mineurs, 2 véhicules de marque Prado à raison de 15 millions l’un. Par ailleurs, il a remis le montant de 70 millions à sa belle-mère pour l’achat d’une maison auprès d’une société immobilière. Youssef Ayeche ne s’en est pas limité à ça, car il a par ailleurs floué une autre victime du nom de Lassana Sylla, d’un montant de 13 millions pour du fer qu’il devait lui livrer. Pour l’appâter, il lui a brandi un chèque de 47 millions, alors que ce n’était que du vent.
A la police, il avoue avoir acquis tous ses biens grâce à l’argent détourné
On ne sait trop comment, Mounir Kwar a découvert dans sa société un trou de plus de 600 millions. Immédiatement, Mounir Kwar a été convaincu que son voleur n’est personne d’autre que Youssef Ayeche. Mais, le prévenu avait déjà pris la tangente. Recherché activement, il a réussi à échapper aux agents qui l’avaient localisé à Mbour, à Ziguinchor, en Guinée Bissau et au Mali. Et il n’a été interpellé que suite à d’intenses recherches. Interrogé lors de son audition préliminaire, le mis en cause a d’abord nié les faits. Avant de les reconnaitre devant le juge d’instruction où il a clairement acquis avoir acquis tous ses biens grâce à l’argent détourné. Sur ce, les 12 titres fonciers qu’il a mutés au nom de ses enfants mineurs ont été saisis sur ordre du magistrat instructeur.
A la barre, il déclare devoir à son boss 122 millions à titre de prêt
Inculpé pour association de malfaiteurs, abus de confiance, escroquerie, blanchiment de capitaux et faux dans une écriture privée de commerce, Youssef Ayeche a bénéficié d’un non-lieu pour le premier chef d’inculpation. Et suite à l’intervention de son cousin Anwar Ayeche, qui est aussi employé du sieur Kwar, le mis en cause a remboursé à sa victime la somme de 78.007.320 F à l’issue d’une médiation pénale. Ainsi, il reste lui devoir le montant de 609.566.095 F. Renvoyé devant le juge correctionnel de Dakar, Youssef Ayeche, qui a contesté la paternité de la signature apposée sur les factures de livraison, a fait volte-face en se rétractant. Sur le montant allégué par sa victime, il a déclaré lui devoir 122 millions à titre de prêt.
La partie civile réclame 700 millions, le procureur requiert 4 ans ferme et la confiscation des biens
Pour la défense de ses intérêts, les avocats de Mounir Kwar ont réclamé 700 millions à titre de dommages et intérêts. Me Seny Ndione a aussi demandé 50 millions pour l’autre victime, Lassana Sylla. «Le prévenu a fait des pratiques païennes à l’endroit de mon client», a pesté Me Ndione. Quant au procureur, il a estimé que le tribunal a affaire à un prévenu versatile. Il a requis 2 ans de prison ferme pour l’escroquerie ainsi que pour l’abus de confiance, 3 ans ferme pour le faux et 4 ans ferme pour le blanchiment de capitaux, avec une amende qui équivaut à la valeur des biens blanchis. Le ministère public est allé plus loin en demandant à la chambre d'ordonner la confiscation de tous ses biens au profit du Trésor public. Aussi, il a ordonné la confusion des peines, c’est-à-dire qu’il soit condamné à la peine la plus élevée, à savoir celle de 4 ans ferme.
Pour la défense, Me Mamadou Seck est convaincu qu’il n’y a pas eu de détournement, vu que la preuve n’en a pas été rapportée. Me Seck a ainsi demandé la relaxe de son client qui, selon lui, s’est enrichi à la sueur de son front. Non sans solliciter une application bienveillante à titre subsidiaire. Le prévenu sera fixé sur son sort le 13 décembre prochain.
Fatou D. DIONE
Accueil
Envoyer à un ami
Version imprimable
