Jugé à l'audience des flagrants délits de Dakar pour vol et abus de confiance, Abdoulaye Mouhamed Diop, ingénieur en informatique, a été condamné à 3 mois de prison assortis du sursis et à payer à l'une de ses victimes la somme de 4.400.000 F Cfa. Outre le fait qu'il avait escroqué sa tante, Amaël Ka d'un montant de 1 million, ce prévenu avait dépensé la somme de 16 millions de F Cfa qui avait par erreur atterri dans son compte bancaire.
Abdoulaye Mouhamed Diop a raconté une histoire à dormir debout devant le tribunal des flagrants délits de Dakar. Pour quelqu'un qui avait reçu la somme de 16 millions de F Cfa en plusieurs versements dans son compte bancaire, c'est difficile de croire à sa bonne foi, puisqu'il a dépensé tout cet argent au lieu d'aviser son gestionnaire de compte de cette erreur. La partie civile, Abdoul Aziz Diallo, raconte la manière dont ses millions ont atterri dans le compte bancaire de Abdoulaye Mouhamed Diop. "Je devais transférer de l'argent dans mon compte bancaire mais, ne sachant ni lire ni écrire, j'ai fait une erreur en envoyant les sommes dans le sien. C'est la somme de 16 millions versée en 4 tranches. C'est le 24 mars dernier, au moment du dernier versement que je me suis rendu compte que j'avais commis une erreur en envoyant cet argent dans son compte. Et le 26 mars, quand j'ai voulu faire un retrait dans mon compte, on m'a confié qu'il n'y avait pas de sous", a expliqué le plaignant. Il poursuit : "à la date du 27 mars, mon gestionnaire m'a remis son numéro et je l'ai appelé pour lui faire part des versements. Mais, il m'a avoué avoir dépensé tout l'argent".
Interrogé sur ces accusations, Abdoulaye Mouhamed Diop a expliqué au tribunal qu'il croyait que cet argent lui a été envoyé par un homme d'affaires à qui il avait parlé de ses projets. "Quand je suis allé auprès de ma banque, on m'a divulgué le nom du dépositaire, mais ça ne me disait rien. Je n'ai jamais pensé que cette transaction vers mon compte était une erreur. C’est quand mon gestionnaire m'a appelé pour me signaler que c'était une erreur que je l'ai su. Je ne pensais pas que cet argent appartenait à Abdoul Aziz. Je croyais que c'est le milliardaire Souleymane Diallo qui me l'avait envoyé et à qui j'avais parlé de mon manque de capitaux pour mes projets", a-t-il argué.
Pour lui faire remarquer sa "mauvaise foi", la représentante du procureure lui dit : "tu aimes la facilité. En plus, tu n'es pas honnête. Tu ne peux pas recevoir ces montants sans pour autant t’inquiéter".
Pour ce qui est des faits d'abus de confiance que lui reproche sa tante Amaël Ka, cette dernière s'est désistée de sa plainte devant le tribunal. Mais, elle a expliqué au juge que Abdoulaye Mouhamed Diop lui avait fait miroiter un projet dans le transport. Ainsi sur sa demande, la dame Amaël lui a remis 1 million de F Cfa pour l'achat d'un véhicule qui sera affecté au transport public Yango. Par la suite, il était convenu avec Abdoulaye Mouhamed Diop qu'elle devait recevoir des ristournes mensuelles. Hélas, dit-elle, elle n'a vu ni véhicule, ni argent. Par ailleurs, elle a parlé d'un prêt de 3 millions de F Cfa que son neveu, Abdoulaye Mouhamed Diop avait contracté auprès d'elle. Mais là encore, il n'a daigné rembourser. «Il m'a remis un chèque sans provisions lorsque je lui ai demandé cet argent. C'est cette histoire qui m'avait mise dans une colère noire et qui m'a poussée à l'attraire ici pour le million", a-t-elle confié. L'avocat du plaignant Abdoul Aziz Diallo, Me Ndiack Ba, a indiqué que c'est du vol ce que le prévenu a fait. Le conseil a révélé qu'il reste devoir à son client le montant de 4.400.000 F Cfa, même si son avocat leur a remis à la barre un chèque de 8 millions et une somme de 4 millions en liquide.
Le parquet a requis 1 an de prison ferme contre le mis en cause après avoir précisé que les faits qui lui sont reprochés sont constants. Au terme des débats, il a été reconnu coupable de vol et d’abus de confiance avant d'être condamné à 3 mois de prison assortis du sursis et à payer à Abdoul Aziz Diallo la somme de 4.400.000 F Cfa en guise de remboursement. Cette décision est assortie d'une contrainte par corps.
Fatou D. DIONE













