Après les révélations du rapport de la Cour des comptes, l’heure est à la recherche de solutions pour inverser cette situation difficile des finances publiques. Cheikh Diba a annonce à cet effet trois reformes autour de trois axes majeurs, dont le renforcement du contrôle budgétaire et de la gestion des investissements publics ; la modernisation et la digitalisation de la gestion des finances publiques ; et les réformes structurelles visant une réorganisation des services impliqués dans la gestion de la dette.
Au lendemain de la publication du rapport de la Cour des comptes sur la situation des finances publiques gestion 2019 au 31 mars 2024, le gouvernement a fait face à la presse pour se projeter sur les solutions préconisées pour corriger cette situation difficile. «Face à ces défis majeurs, nous n'avons qu'une seule voie, c'est d'agir vite, avec responsabilité et méthode», a d’emblée indiqué le ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba qui a fait siens les constats faits et recommandations formulées par la Cour des comptes, avant d’annoncer des réformes axées sur trois axes engagées par le gouvernement de la gestion budgétaire et de la dette publique avec l’objectif d’assurer, dit-il, la viabilité des finances publiques tout en préservant la souveraineté de notre économie. S'agissant de la première réforme consacrée au renforcement du contrôle budgétaire et de la gestion des investissements publics, le ministre de relever : « il faudra améliorer la qualité comptable et de l'information financière à travers la mise en place d'un système d'information intégré de gestion des finances publiques garantissant un meilleur contrôle des dépenses et des financements. Cette modernisation permettra d'améliorer la qualité et la fiabilité des données financières, de faciliter leur accessibilité et d'assurer la sincérité des comptes publics. Un contrôle plus strict des projets financés sur ressources extérieures avec la désignation d’un agent comptable chargé du suivi comptable des projets financés à cet effet », indique Cheikh Diba qui révèle que cette mesure vise à assurer un contrôle rigoureux et une meilleure gestion des engagements financiers du pays. «Il faudra aussi veiller à la réorganisation des réseaux comptables afin d'accélérer la centralisation des données, d'améliorer leur fiabilité et d'optimiser la gestion de la trésorerie de l'État. L'intégration de supports indispensables facilitera la fluidité des opérations comptables et garantira une meilleure traçabilité des flux financiers», explique le ministre des Finances et du Budget.
Centralisation des fonctions de négociation, d’utilisation et de gestion de la dette publique
Concernant la seconde réforme qui porte sur la réforme de la gestion de la dette publique, il s'opérera, de l’avis du ministre, à travers le retour à l’orthodoxie en matière de gestion de la dette par une centralisation des fonctions de négociation, d'utilisation et de gestion de la dette publique. « Cette centralisation permettra de surmonter les difficultés liées à la dispersion des compétences en administration de la dette publique. Elle se fera en réunissant les fonctions de négociation, de mobilisation des financements et de gestion de la dette. Cette réforme devra garantir une meilleure coordination de l'information financière et une gestion plus efficiente des ressources publiques. Il passera aussi par la création d'un service unique au sein de l'État compétent pour la gestion des emprunts et des garanties associées, ce qui assurera ainsi une approche plus transparente et harmonisée de la politique d’endettement », fait remarquer Cheikh Diba qui poursuit avec la troisième réforme qui, dit-il, porte sur le renforcement de l'efficacité et de la transparence des finances publiques.
M. CISS
ABDOURAHMANE SARR, MINISTRE DE L’ECONOMIE, DU PLAN …
«La dette du Sénégal est toujours soutenable même si le ratio d’endettement a fortement progressé»
Le ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération est revenu sur les pratiques peu orthodoxes de l’ancien régime sur les finances publiques, avant de se projeter vers des perspectives moins alarmantes. A cet effet, le déficit budgétaire de 2025 annoncé à 7.08% du Pib sera ramené dans un proche avenir à 3% et la dette publique a 70% dans un horizon raisonnable. A l’endroit des partenaires financiers, il rappelle que la croissance sera forte avec une moyenne de 6.5%. Elle est déjà au-delà, dit-il, grâce à la production de pétrole et de gaz qui vient de démarrer confortant la trajectoire de réduction de la dette sur la période 2025-2029. « La dernière analyse conjointe de viabilité de la dette du Sénégal réalisée par le Fmi et la Banque mondiale en juin 2023 avait maintenu le Sénégal à un risque de surendettement modéré. L’analyse de viabilité de la dette réalisée par mon département révèle que la dette du Sénégal est toujours soutenable. Même si le ratio d’endettement a fortement progressé, l’ajustement budgétaire entamé dès cette année, devrait aider à stabiliser la dette à moyen terme. Nous avons une bonne structure de la dette. Son coût moyen reste inférieur au taux de croissance de l’économie (le taux d’intérêt moyen est estimé à 4,6% alors que le taux de croissance est projeté en moyenne) à 6,5% bien au-dessus. Le déficit primaire qui stabiliserait la dette à 100% du Pib (c’est-à-dire celui qui exclut les intérêts) est de 4% alors que nous avons un solde primaire en excédent de 1% du Pib après les régularisations et le nettoyage du portefeuille de projets que nous avons fait en 2024 », explique M. Sarr qui révèle que la nouvelle stratégie d’endettement élaborée, devrait aider à réduire considérablement l’exposition du portefeuille d’endettement de l’Etat en devises et à améliorer la viabilité de la dette. « Nous allons attirer les non-résidents sur notre marché en monnaie locale afin de l’approfondir en collaboration avec la banque centrale dans un environnement de stabilité macroéconomique », précise le ministre de l’Economie.
M. CISS









