A leur sortie de leur entretien avec le Président Macky Sall, les membres du collectif des recalés qui ont décidé de répondre à son invitation se sont adressés à la presse. Alors que certains comme Aminata Touré se sont empressés de marquer leur désapprobation, Cheikh Bamba Dièye a fait une précision de taille : ils sont venus au nom du collectif qui a décidé d’envoyer une délégation de 15 personnes. Et qu’à aucun moment la question d’un report n’a été abordée durant la rencontre.
Est-ce le début de la fin du collectif des recalés qui avait pourtant promis de s’ériger en bloc comme un seul homme pour dégager le régime ? Depuis l’annonce de l’audience avec le Président Macky Sall, l’engagement collectif s’émiette petit à petit. Les ténors se démarquent officiellement parce que, disent-ils, il n’est pas question de reporter la présidentielle ; pendant ce temps, une partie dit saisir l’occasion pour exposer leurs doléances au Président Sall. Il s’agit de Cheikh Bamba Dièye, Alioune Sarr, Cheikh Tidiane Gadio, Aminata Assome Diatta et d’autres, en plus de Mayoro Faye qui est venu représenter le Pds qui a lui aussi rejoint le collectif. A leur sortie d’audience, Alioune Sarr est revenu sur l’économie de la rencontre. «Nous sommes venus répondre à l’invitation du président de la République suite à la saisine du collectif constitué de 49 candidats recalés en plus du Pds qui nous a rejoints», fait-il savoir d’emblée avant d’en venir à la quintessence de la rencontre. “ Nous avons exposé au chef de l’Etat, garant du respect des lois et règlement, ces graves manquements qui entachent la fiabilité et la crédibilité de notre processus démocratique. Plus de 500 mille de nos compatriotes, électeurs qui ont voté aux dernières élections qui n’ont pas changé ni de centre encore moins de bureau de vote et qui détiennent toujours leurs cartes d’électeur ont été déclarés comme des électeurs non identifiés dans le fichier général. Idem pour les candidats dont leurs clés ont été déclarées inexploitables», note-t-il avant d’enchaîner : «nous avons donc demandé au Président Macky Sall qui est le chef suprême de la magistrature que tous ces manquements soient réglés. Nous avons aussi saisi le chef de l’Etat sur la question de nos compatriotes qui sont dans les liens de la détention à cause de la politique. Nous considérons qu’ils doivent être libérés à travers une procédure que les avocats vont initier».
D’après l’ancien ministre du Commerce, le chef de l’Etat était très attentif à leurs propos. «Nous rendrons compte à ces personnes concernées pour que les avocats initient les opérations de demande de liberté provisoire. Pour le cas de Bassirou Diomaye Faye dont la candidature a été validée, nous considérons que sa place n’est pas en prison. Il doit être libéré pour battre campagne comme tous les autres candidats», fait savoir Alioune Sarr.
Ils ont aussi abordé, selon Alioune Sarr, le cas de Karim Wade mais aussi de Ousmane Sonko. «Nous avons aussi souligné que le cas de Karim Wade n’honore pas notre démocratie. C’est aussi le cas de Ousmane Sonko dont nous pensons qu’avec Karim Wade ils détiennent le tiers des députés à l’Assemblée nationale donc ils doivent participer à ce processus électoral ainsi qu’à l’élection présidentielle. Nous pensons que ces questions doivent être discutées pour que des solutions soient trouvées», déclare-t-il.
«La question d’un report de l’élection n’a été évoquée ni par le président encore moins par le collectif»
Comme pour se justifier par rapport à tous les sous-entendus sur leur rencontre, Alioune Sarr affirme : «ce qui nous anime, c’est la stabilité du pays. Nous voudrions que celui qui sera élu président de la République puisse avoir les coudées franches. Et cela ne peut se faire qu’à travers une concertation politique. La question d’un report de l’élection n’a été évoquée nulle part, ni par le président encore moins par le collectif. Il ne faut pas nous faire dire ce que l’on a pas dit», précise M. Sarr.
Cheikh Bamba Dièye embouche la même trompette afin d’apporter plus d’explications. «Nous aurions voulu le rencontrer bien avant la publication de la liste définitive hélas Dieu en a décidé ainsi. Nous sommes là donc au nom des 49 candidats recalés. Nous avons exposé nos doléances au Président Macky Sall et nous avons reçu des réponses satisfaisantes», promet-il.
A l’en croire c’est le collectif qui a décidé d’envoyer cette délégation. «On était d’accord dans notre comité pour choisir une délégation de 15 personnes accompagnée du Pds pour aller à la rencontre du président. Chacun est libre de prendre la posture qu’il veut mais ce qui est sûr c’est que nous sommes là au nom du collectif et nous avons livré son message. Nous irons ensuite rendre compte au groupe», clame-t-il.
Ndèye Khady D. FALL
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