Elle sera certainement l’une des journées les plus marquantes pour ces vérifications de parrainages. La commission de contrôle des parrainages a fait face hier à une situation atypique avec le candidat Thierno Cissé, qui a eu le toupet de présenter une liste fictive de 13 députés. Le candidat, qui a été remis à la disposition du procureur de la République, a fini sa journée à la Division des investigations criminelles (Dic) pour fraude sur le parrainage qui est punie par le code électoral. L’autre fait marquant de ce jeudi au Conseil constitutionnel, c’est la validation haut la main des parrainages de Anta Babacar Ngom. Un vrai challenge. Khalifa Sall et Amadou Ba ont aussi été validés. Abdoul Mbaye, Aminata Touré, Mame Boye Diao, Bassirou Diomaye Faye et Abdourahmane Diouf, eux, sont admis au 2nd tour.
On aura tout vu dans ce processus menant à la présidentielle de février 2024 : une élection sans le président sortant, une pléthore de candidats et maintenant des fraudes sur le parrainage. Le dernier, c’est l’œuvre de Thierno Cissé, qui a présenté dans son dossier une liste de 13 députés inexistants sur la liste des membres de l’Assemblée nationale. C’est pourquoi la commission de contrôle des parrainages l’a fait arrêter. «Il a été mis à la disposition du procureur de la République pour suspicion de fraude sur le parrainage conformément aux dispositions des articles L .57 et L.91 du code électoral», informe la commission de contrôle des parrainages.
Un autre désistement, après celui de El Hadji Ibrahima Mbow, a été aussi enregistré. Le candidat Ndongo Ndiaye a jeté l’éponge. Il a en effet saisi le Conseil constitutionnel de son retrait de la course.
Sheikh Alassane Sall, Al Hassane Aliou Niang, Alpha Thiam, Ibrahima Abou Nguette, Dr Cheikh Dieng, Hamidou Thiaw… out
Et comme toujours, il y a eu encore des candidats malheureux. L’aventure s’arrête là pour les candidats suivants : Sheikh Alassane Sall, Al Hassane Aliou Niang avec plus de 20.000 doublons, Alpha Thiam, Ibrahima Abou Nguette recalé pour pièce manquante de son dossier : l’attestation de paiement de la caution. Idem pour Abdou Khadre Sall qui n’a pas fourni l’attestation de la Caisse de dépôts et de consignations. Hamidou Thiaw non plus n’a pas validé cette étape, il a obtenu près de 18.000 parrains. Ibrahima Sall aussi est recalé avec plus de 17.000 doublons ce qui lui donne juste 6000 et quelques parrains. Il en est de même pour l’ancien membre du Pds, Dr Cheikh Dieng qui s’est retrouvé en plus des doublons internes, avec 28.000 doublons externes et 8000 parrains non identifiés au fichier électoral. Ainsi, le leader de Feep Tawfex n’a validé que 12.000 et quelques parrains. Le candidat Mouhamadou Fadel Koné qui a fermé la marche hier a été le seul dont la clé a été déclaré non exploitable parmi les 20 candidats programmés.
Abdoul Mbaye, Aminata Touré, Mame Boye Diao, Bassirou Diomaye Faye et Abdourahmane Diouf au 2nd tour
Et d’autres auront la chance de venir régulariser le nombre de parrainages qui leur manque après éjections des doublons. C’est le cas de Abdoul Mbaye. Il a validé environ 30.000 parrains avec plus de 17.000 doublons. Il est donc autorisé à revenir régulariser le manquant pour avoir le minimum requis.
Aminata Touré aussi n’a réussi à valider que près de 25.000 parrains, il lui faut donc environ 19.000 nouveaux parrains à présenter lors de la deuxième séance de contrôle pour pouvoir participer à cette présidentielle. Mame Boye Diao, qui était aussi très attendu pour cette étape à cause de l’histoire des supposés parrainages volés par un de ses ex-collaborateurs, passe au second tour. Il n’a validé que 32.278 parrains, il est invité à venir régulariser le gap. Le dossier de Bassirou Diomaye Faye aussi a fait l’objet de vérification hier. Le premier plan de secours de Ousmane Sonko va devoir régulariser plus de 4000 parrains au second tour.
Le Dr Abdourahmane Diouf aussi devra repasser devant la commission dans quelques jours pour combler son gap. Rappelant la place inconfortable de son candidat, le mandataire de Abdourahmane Diouf souligne que 30.000 et quelques parrains ont été validés avec 18.000 et quelques doublons externes qui devront être régularisés. «Nous avions commencé à travailler depuis la fin des législatives sur les parrainages. Nous avions pris nos dispositions en travaillant sur plusieurs plans. Nous avons donc un stock disponible pour combler le gap», déclare Amadou Sow. Le candidat Amadou Seck qui aurait eu plus de 48.000 doublons externes passe au 2nd tour.
Khalifa Sall, Anta Babacar Ngom et Amadou Ba passent d’office
Trois candidats ont pu réussir hier à se tirer du lot. Et la plus marquante reste Anta Babacar Ngom, candidate indépendante qui, malgré son rang et ses parrains citoyens, a réussi à passer. La jeune dame a cassé la baraque en obtenant après vérification plus de 45.000 parrains. Elle devient ainsi la première candidate à entrer dans le cercle fermé des «validés d’office». Selon Issakha Diouf, son mandataire, ils ont dépassé le nombre minimum de parrains requis avec 45.238. «Nous avons choisi 10 parmi les 14 régions du Sénégal pour nous challenger et nous l’avons réussi, elles ont toutes était validées».
Il y a aussi Khalifa Sall avec son parrainage des députés. C’est d’ailleurs lui qui a ouvert le bal des admis d’office de ce jeudi 4 janvier. Selon Moussa Tine, son mandataire, tous ceux qui ont déposé le parrainage des élus ont bénéficié des retombées du dialogue nationale. «Nous avons déposé la liste de nos 13 députés qui n’ont signé que pour Khalifa Sall, malgré toutes les rumeurs qui ont circulé. Avec cette validation, Khalifa Sall se met d’ores et déjà sur la ligne de départ pour cette présidentielle, même s’il reste d’autres étapes. Le but du jeu, c’est de faire en sorte d’avoir une élection inclusive, mais aussi ne pas avoir de candidatures farfelues parce que la fonction et la charge de président de la République on doit s’y préparer».
Le candidat de la coalition Benno Bokk Yaakar, le seul à avoir fait recours au parrainage des élus, a lui aussi passé cette étape avec brio. La liste de parrainages des 120 élus de Amadou Ba a été validée par la commission de contrôle. Son mandataire, Benoit Sambou, s’en réjouit. «C’est une première satisfaction dans le processus de validation de la candidature de notre candidat. Nous avons travaillé sur tous les tableaux parce que nous considérons que le parrainage est un moment d’animation dans la vie d’un parti politique, c’est au moment du dépôt que nous avons fait le choix de déposer le parrainage des élus pour être sûr que nous validerons au premier tour parce qu’avec cette pléthore de candidatures, il est pratiquement impossible de ne pas avoir de doublons», affirme M. Sambou, qui répond aux détracteurs du fichier électoral. «Nous avons eu depuis 2012 au moins trois audits du fichier électoral et le résultat est toujours le même : le fichier est valable à plus de 98%».
Ndeye Khady D. FALL
Alioune Sarr, Adama Faye et Oumar Sylla déposent des requêtes
Le dépôt de recours après être recalé est devenu la nouvelle trouvaille des candidats déclarés à la présidentielle. Depuis la sortie de Malick Guèye, certains candidats recalés ont décidé de saisir le Conseil constitutionnel pour régler leur cas. Il y en a eu trois hier : Alioune Sarr, Adama Faye et Oumar Sylla.
Pour Mamadou Ndiaye, mandataire de Alioune Sarr, «c’est parce que nous avons observé des irrégularités lors de la vérification de nos parrainages. Nous avions déposé pour 14 régions, mais à notre grande surprise, la région de Kaffrine a été supprimée de notre fichier et les données pour la région de Louga ont été versées dans celles de la région de Ziguinchor. Et pire encore, nous nous sommes retrouvés avec près de 33.000 parrains non identifiés sur le fichier électoral. Cela veut dire que le fichier que détient le Conseil constitutionnel pose problème, parce que des personnes qui ont voté lors des élections passées, d’autres qui ont même été candidats à ces élections, on ne peut pas nous dire qu’elles ne figurent pas dans le fichier électoral», confie-t-il.
Oumar Sylla, candidat indépendant, est lui aussi venu déposer un recours. «Nous avons déposé un dossier complet et lors de notre passage, l’informaticien de service n’a pas pu ouvrir la clé, donc ils ont déclaré notre fichier inexploitable. C’est pourquoi j’ai décidé de produire une autre clé contenant tous mes parrainages. Elle a été déposée par huissier et je n’ai pas reçu de réponse ; c’est ce qui explique ma requête. On ne peut pas recaler des candidats sur la base de problèmes informatiques. Je ne suis pas seul dans le ce cas et il serait intéressant d’unir nos forces pour mener le combat ensemble», affirme ce dernier.
Et enfin, pour Adama Faye, c’est pour protester contre le motif de la non exploitation de son dossier de parrainages. Selon son mandataire, la raison avancée par la commission de contrôle ne saurait être acceptée parce qu’elle n’est pas prévue par le code électoral, encore moins par la décision sortie récemment par le Conseil constitutionnel sur le parrainage. «Nous avons aussi remarqué que ceux qui ont été recalés ont reçu leur clé et leur notification, ce qui n’est pas notre cas, nous gardons donc espoir», renseigne-t-il.
Nd.Kh. D. F











