Accusée d'avoir détourné la somme de 600 millions de F Cfa dans la société où elle travaillait, Aïda Niang, mère de 6 enfants, risque 2 ans de prison ferme. Elle a comparu devant le tribunal correctionnel de Dakar hier, pour abus de confiance, escroquerie, faux en écriture privée de banque.
À l’Institut d'études de sécurité, c'est un détournement présumé de 600 millions de F Cfa qui secoue la boîte. Et l'auteure des faits, d'après la hiérarchie, c'est la consultante Aïda Niang. Mère de 6 enfants domiciliée à Ouakam, elle est poursuivie pour abus de confiance, escroquerie et faux en écriture privée de banque. En effet, d'après l'accusation, Aïda Niang était la première employée de cette entreprise qui venait fraîchement d'installer ses premiers bureaux en Afrique de l’Ouest. Et comme son directeur n'y connaissait rien en matière d'installation, en plus de la barrière linguistique qui constituait un obstacle (il ne parlait pas français), il avait coopté la mise en cause qui est bilingue. De ce fait, Aïda s'est chargée d'ouvrir les comptes bancaires. En sus, elle recevait et validait les demandes de paiement. Mais, curieusement, une fausse facture de 500.000 qui aurait été encaissée par elle a été découverte par l'auditeur. Ce dernier, à l'insu de Aïda Niang, a appelé M. Adrien Ramos, un client de la société et qui a dit qu'il s'agissait bien de l'entête de sa boîte sur ladite facture, mais révélait que sa signature a été imitée. Conséquence : Aïda Niang est licenciée puisqu'elle aurait scanné une facture qui ne correspondait à aucune prestation. Mais, cette découverte n'était que la face visible de l'iceberg, car un audit effectué au sein de la société a révélé que pour de 2017 à 2023, il y a eu un détournement de 600 millions F Cfa. Pire, l'audit avait aussi montré que la prévenue avait par ailleurs falsifié un protocole d'accord sur une somme de 40 millions.
Toujours selon l’accusation, elle provoquait le paiement et demandait que la Bicis vire dans son propre compte les montants qui étaient destinés à la boîte où elle travaille. Et pour masquer cela, elle a demandé que les relevés bancaires ne soient pas envoyés dans le mail de la société. Ce, avant qu'elle ne fabrique ses propres relevés bancaires après avoir caché les vrais. L'enquête aurait aussi démontré que Aïda Niang aurait mis l'argent dans sa propre société, son compte bancaire et de ceux de ses enfants. C'est ainsi que le directeur, le 2 janvier 2022, a déposé une plainte contre elle.
Aida Niang dit avoir été maraboutée
Jugée devant le tribunal correctionnel de Dakar, avant-hier, Aïda Niang, 44 ans, a reconnu les détournement, mais a évoqué la thèse d'un maraboutage. "On m'a maraboutée. C'est un marabout du nom de Moussa Baldé qui se trouve à Kolda, avec qui on m'avait mise en rapport qui l’a fait. C'est à celui-ci que je remettais cet argent en espèces et que j'ai pris des comptes de la société. Je faisais tout pour me couvrir et c'est pourquoi j'ai confectionné ces factures pour masquer les détournements», a-t-elle expliqué.
Néanmoins, l'avocat de l'Institut d'études et de sécurité a qualifié ces faits de graves. La robe noire a d'ailleurs indiqué que cette histoire de charlatan à qui elle aurait donné tout cet argent ne marche plus. Le conseil, pour la constitution de partie civile de cette boîte qu'il représente, a demandé 600 millions de F Cfa en guise de réparation. Le procureur a de son côté soutenu que les faits imputés à Aïda Niang sont constants. Il a même sollicité la requalification des faits d'escroquerie en abus de confiance avant de requérir 2 ans d'emprisonnement ferme contre elle.
Avocat dela défense, Me Arona Basse estime que sa cliente n'est pas une prédatrice, mais une bienfaitrice puisque c'est grâce à elle que cette société a pu rayonner en Afrique. Pour ce qui est de la sanction requise par le parquet, il a soutenu que "c'est une double peine pour ses enfants et son mari". Sa consœur, Me Ndeye Fatou Sarr, a confié au tribunal que Aïda Niang avait un commerce de magasin de décors et qu'elle a tout perdu ainsi que ses terrains et tout son or à cause de ce charlatan. Celui-ci, précise-t-elle, a eu à l'escroquer pour près d'un milliard. Me Sarr a même précisé qu'elle n'est pas la seule victime du charlatan, qui a eu à gruger d'autres personnes de la somme 900 millions avant qu'il ne soit interpellé. Après avoir sollicité la clémence, le tribunal a mis l'affaire en délibéré pour le 24 décembre 2025.
Fatou D. DIONE













