Lors de sa rencontre avec la presse mardi dernier, Me Aïssata Tall Sall a donné des arguments pour s’expliquer sur la vague de libérations de détenus depuis la semaine dernière. Seulement, loin de convaincre, sa communication laisse certains sceptiques quant à la suite des dossiers. C’est le cas de Me Amadou Diallo, qui a réagi par rapport à cette sortie du garde des Sceaux. « Cette communication du ministre n’est pas rassurante quant à la volonté de l’Etat du Sénégal de faire la lumière sur les morts violentes de jeunes Sénégalais », regrette l’avocat, pour qui l’Etat reste toujours fidèle à sa « culture de l’impunité ».
« Le secret de l’enquête et de l’instruction ne doit pas signifier violation du droit à l’information des citoyens ni ensevelissement des procédures. L’Etat, à travers ses organes et au regard du nombre important de victimes lors des manifestations, a l’obligation, sans violer le secret de l’enquête et de l’instruction, d’informer l’opinion publique nationale et internationale », a souligné Me Amadou Diallo, en réponse aux explications de Me Aïssata Tall Sall, lors de sa conférence de presse, mardi dernier. Comme pour sonner l’alerte, l’avocat de poursuivre : « l’impression qui se dégage de la communication du garde des Sceaux, c’est que l’on cherche à noyer le poisson avec des artifices juridiques impertinents. Cette communication n’est pas rassurante quant à la volonté de l’Etat du Sénégal de faire la lumière sur les morts violentes de jeunes Sénégalais depuis 2021, voire 2011. La robe noire de marteler encore : « la culture de l’impunité est loin de connaitre son épilogue avec le régime de Macky Sall ».
Le scepticisme de Me Amadou Diallo est né, semble-t-il, de la gestion des procédures antérieures qui ont été gérées devant les enquêteurs de police ou de gendarmerie et qui sont encore pendantes dans les cabinets d’instruction. « Les enquêtes sont purement formelles et telles qu’elles sont engagées ne permettront jamais la manifestation de la vérité. Cela est d’autant plus vrai que, dans la plupart des cas, les enquêtes ne sont précédées ni suivies ou accompagnées d’enquêtes administratives. Elles sont biaisées dès le départ. Et dans plusieurs cas, les ministres de tutelle refusent de collaborer à l’œuvre de justice en refusant aux juges d’instruction, soucieux d’exercer leur mission, la délivrance d’ordres de poursuite », fustige la robe noire. L’avocat de renchérir : « d’ailleurs, dans la plupart des cas où cela a été accordé, les agents des forces de défense et de sécurité ont été éloignés des procédures par des affectations dans des circonscriptions lointaines ou alors ils sont engagés dans des missions à l’étranger ».
Faut-il le rappeler, Me Aïssata Tall Sall, lors de sa rencontre avec la presse, s’est expliquée sur les libérations des détenus depuis la semaine dernière. Elle a soutenu que ce n’est pas pour des raisons politiques et que, par ailleurs, précise-t-elle, « les juridictions vont continuer leur travail ».
Alassane DRAME










