Moustapha Diakhaté a été condamné à 2 mois de prison ferme à la suite de débats houleux entre le procureur et ses avocats sur des mots wolof. Il a comparu hier, jeudi, 28 novembre, devant le tribunal des flagrants délits de Dakar.
Moustapha Diakhaté a finalement été condamné hier, jeudi, 28 novembre 2024, par le tribunal des flagrants délits de Dakar pour des faits d'injures par le biais d’un système informatique, discours contraire aux bonnes mœurs. Les faits qui sont reprochés à l’ancien député et président du groupe parlementaire de Benno Bokk Yakaar remontent au 19 novembre dernier. Invité d’une émission à la 7Tv, il aurait traité de maudits et dupes les Sénégalais qui ont voté lors des dernières élections législative pour le parti Pastef. À la barre du tribunal, il a totalement assumé ses propos. Il déclare que ses mots n’ont pas de sens injurieux. "On me poursuit pour injures alors que je n’ai jamais injurié personne. Je sais que je n’ai aucun droit pour insulter. J’interdis même à mes enfants de le faire. À la limite, je ne comprends pas les propos qu’on me prête. Ce n’est pas de ma responsabilité si l’émission est vue par des millions de Sénégalais. C’est une télé. J’ai dit que ceux qui ont donné la majorité à ce parti (Pastef) ont fait mal à ce pays. S’agissant de "Gaalu dof du teer", c’est une expression wolof qui signifie qu’un malheur ne vient jamais seul. Ce n’est pas une insulte", a-t-il affirmé.
Seulement, le juge ne semble pas avoir la même compréhension que lui de l'expression en wolof "peuple bu alku". Selon le président du triuban en effet, "cela veut dire un peuple maudit". Il poursuit : " vous prenez les gens qui ont voté pour eux (Pastef) pour des demeurés. Vous considérez que les 54% sont des demeurés. C’est une insulte ! Maintenant vous voulez nous imposer votre propre définition, interprétation".
«Je maintiens mes prospos jusqu’à l’extinction du soleil»
Moustapha Diakhaté de répondre : "c’est mon opinion. Je suis un Sénégalais qui estime que ce qu’ils ont fait est un mauvais choix. J’ai le droit de critiquer, mais je n’ai jamais insulté qui que ce soit. Les propos n’ont pas fait 86 morts, il y en a qui ont dit pire. Mais, ils n’ont jamais été arrêtés. Je n’ai jamais fait appel à un mortal kombat, contrairement à d’autres. Je suis victime d’une épuration politique. S’ils ont voté pour le projet, ils ont voté pour du vent et il faut être dupe pour voter pour du vent, des électeurs dupes, ils sont des demeurés, des maudits… Je maintiens mes propos jusqu’à l’extinction du soleil. Si vous estimez que j’ai insulté, je plaide coupable".
Le parquet le charge et requiert 1 an dont 6 mois ferme
D'après le procureur, les faits reprochés à Moustapha Diakhaté sont constants. Parce qu'il a selon lui tenu un discours outrageant. Ses propos sont accompagnés d’invectives destinées à un groupe de personnes, poursuit toujours le parquet. "Moustapha Diakhaté est quelqu’un qui s’est identifié comme acteur politique. Il a franchi le Rubicon. Ce n’est pas la première fois qu’il s’exprime de la sorte en public. Une fois, il a regretté des propos qu’il avait tenus à l’encontre de l’élu (Prophète)", a confié le parquetier qui a requis 1 an de prison dont 6 mois ferme. Outre cette peine, il a sollicité une amende de 300.000 F Cfa. Les conseils de la défense ont plaidé la relaxe de Moustapha Diakhaté. Les robes noires ont estimé que ce procès est purement politique. "Aujourd’hui, nous avons assisté à la plus grosse offense de la République. Ce procès est un procès politique de par les questions qui ont été posées par des agents de police", a souligné Me El Hadji Diouf.
Finalement, le tribunal l’a condamné à une peine de prison ferme de 2 mois et 300.000 à payer.
Fatou D. DIONE