Pour lutter contre les changements climatiques et aller vers la transition énergétique, l’ancien Directeur de la Senelec Ibrahima Ndao appelle à développer un réseau gazier qui alimente les ménages pour la cuisson. A l’en croire, 60% de la consommation d’énergie du Sénégal est d’origine biomasse. De l’avis de Yaye Catherine Diop du ministère du Pétrole et des Energies, le Sénégal prévoit d’avoir un mix avec 40% d’énergie renouvelable et 60% de gaz naturel d’ici 2030.
Le Salon international de l’énergie et du pétrole en Afrique (Siepa) initié par l’Association sénégalaise pour le développement de l’énergie en Afrique (Asdea) et l’Association pour le développement de l’énergie en Afrique (Adea), en collaboration avec le ministère du Pétrole et des Energies, s’est ouvert hier à Dakar. Une journée marquée par des panels notamment sur le thème principal du salon : « Quelles solutions des Etats africains face aux défis de la transition énergétique et de l’accès universel à l’énergie » ? Une occasion pour l’ancien Directeur général de la Senelec Ibrahima Ndao de rappeler que les problèmes d’énergie sont liés pour les pays africains. « Les problèmes d’énergies sont liés de manière intrinsèque pour les pays africains où 600 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité parce qu’on nous impose la transition énergétique. Ces 600 millions d’Africains qui n’ont pas accès à l’énergie vivent dans des pays où on a découvert des ressources énergétiques naturelles qui sont suffisantes pour satisfaire cette demande », explique l’ancien patron de la Senelec qui préconise, dans la foulée, une solution. « Au Sénégal un peu plus de 60% de notre consommation d’énergie est d’origine biomasse. C’est le bois et le charbon de bois qui servent à la cuisson ; 28 à 30% de notre consommation d’énergie, c’est dans les transports et 2% dans les industries et 8% pour la production d’énergie électrique. Si on nous demande de lutter contre le changement climatique en utilisant la transition énergétique, il faut partir de l’analyse de ce bilan énergétique. Pour les 60% destinés à la cuisson, nous avons du gaz. Développons un réseau gazier qui alimente les ménages pour la cuisson. C’est ce qui se fait en Europe et en Amérique. La distribution du gaz naturel dans les foyers permettra de résoudre immédiatement ce problème de consommation d’énergie d’origine végétale qui est la cause du changement climatique. La coupe de bois entraîne chez nous la déforestation, la rareté des pluies et la désertification », fait remarquer Ibrahima Ndao. S’agissant du transport, il est d’avis que le Sénégal a déjà franchi le pas avec deux options majeures à savoir le Ter et le Brt. Deux innovations majeures, dit-il, dans le cadre de cette transition énergétique. « Si demain les bus de Dakar Dem Dikk fonctionnaient au gaz naturel, ce serait une importante contribution dans la voie de cette transition énergétique », ajoute M. Ndao. En ce qui concerne le production d’énergie nouvelle, il est revenu sur les énergies renouvelables avec plus de 405 Mgw d’énergie solaire, 158 Mgw d’énergie éolienne ; en plus des centrales hydrauliques d’une capacité de 75 Mgw. Ce qui lui fait dire que le Sénégal a déjà franchi les 32% de contribution d’énergie renouvelable dans le cadre de cette transition énergétique », renchérit l’ancien patron de la Senelec.
Vers un mix de 40% d’énergie renouvelable et 60% de gaz naturel
De l’avis de la coordonnatrice de la cellule transition énergétique du ministère du Pétrole et des Energies, Yaye Catherine Diop, cette transition énergétique a démarré depuis plusieurs années. « En 2012, on avait que 8% d’énergie renouvelable de capacité installée. Pour la production électrique, le Sénégal est aujourd’hui à 31% d’énergie renouvelable. A cela, s'ajoutent les découvertes pétrolières et gazières et l’avènement de la stratégie gas-to-power où le Sénégal compte utiliser le gaz naturel à la place de l’électricité. Cette substitution a déjà commencé. Le fioul et le diésel sont substitués par le gaz naturel qui émet 40% moins de gaz à effet de serre que les produits pétroliers. C’est un premier pas vers cette transition énergétique. D’ici 2030, on prévoit d’avoir 40% d’énergie renouvelable et 60% de gaz naturel. C’est un mix optimisé et dans le futur on pourrait ajouter d’autres sources d’énergies telles que le nucléaire », indique Mme Diop qui exclut le 100% gaz pour le Sénégal à cause des engagements pris par le pays. « L’objectif principal, c’est de faire le mix optimum qui permet de fournir l’électricité à moindre coût aux Sénégalais. Il y a des zones où développer des filières renouvelables sera plus bénéfique autant pour l’Etat du Sénégal que pour les populations locales pour avoir un tarif de l’électricité qui n’est pas du tout élevé. Le gaz est efficace, les énergies renouvelables aussi, il faut les combiner pour avoir un mix optimisé », dit-elle.
M. CISS
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