Le Président Macky Sall a mis six jours, après dissolution de son gouvernement sortant, pour officialiser la liste des membres de sa nouvelle équipe. Selon Ibrahima Bakhoum, ce long délai et les choix opérées renseignent sur le processus adopté. L’analyste politique parle de changements mineurs qui risquent de plomber la performance du candidat de Benno pour la présidentielle. Pour Ibrahima Bakhoum, le Président Macky Sall n’aide pas Amadou Ba en lui collant ses compagnons de l’usure.
Pour comprendre les choix opérés dans ce nouveau gouvernement du Président Macky Sall, il faut prendre, selon Ibrahima Bakhoum, beaucoup de facteurs. L’analyste politique suggère avant tout de voir, selon les profils avancés, qui entre le Président Macky Sall et le Premier ministre Amadou Ba a réellement fait la sélection. «On pourrait bien être tenté de dire ‘’tout ça pour ça’’. Le choix de cette équipe a pris presque une semaine et pourtant on se retrouve presque avec les mêmes têtes, malgré quelques petits changements et un jeu de chaises musicales», fait noter le journaliste politique qui poursuit : «on peut sentir la main du Président Macky Sall dans cette sélection et dans ce cas, aussi complexe que soit la situation, il lui a collé une équipe de perdants. Il a porté son choix sur ses compagnons dans l’usure pour accompagner son poulain et préparer la présidentielle», affirme Bakhoum qui rappelle par la même occasion que le Président Macky Sall a été très clair : Benno va opter pour la continuité.
Mais si l’on prend en compte le nombre de jours qui s’est écoulé entre la dissolution du gouvernement sortant et la mise en place du nouveau gouvernement ; l’heure initialement retenue et l’heure à laquelle la liste a été officialisée, Ibrahima Bakhoum estime qu’on peut aussi en déduire qu’il y a eu beaucoup de discussions entre le chef d’État et son Premier ministre à qui il a donné les pleins pouvoirs pour choisir son équipe. Dans ce cas de figure, la faute de ce choix d’équipe de perdants incombe entièrement à Amadou Ba. Et cela pourrait s’expliquer selon lui par le fait que le Premier ministre et candidat de la coalition Benno Bokk Yakaar ne maitrise pas bien tous les profils à sa disposition. «Si c’était Abdoulaye Daouda Diallo ou Aly Ngouille Ndiaye, cela ne serait pas très difficile, car, ayant été ministre de l’Intérieur, ils peuvent connaitre tous les bons profils. Dans tous les cas, ce gouvernement n’est pas ce qu’on pourrait appeler une équipe gagnante», assure l’analyste politique.
«Sidiki Kaba au ministère de l’intérieur n’est pas une faveur pour l’opposition»
La majorité des Sénégalais s’attendait à plus de changement, mais il ne faut pas perdre de vue deux éléments contraignants pour le Président Macky Sall et Amadou Ba : la justesse du temps qui ne permettrait pas aux nouveaux entrants de s’imprégner correctement des affaires avant la présidentielle, mais aussi les vagues de frustrations qui allaient accompagner le retrait de certaines figures.
Pour ce qui est du jeu de chaises musicales, Ibrahima Bakhoum soutient que c’est juste un réaménagement mineur qui n’aura pas un grand impact sur ni la gestion du pays pour ce qui reste du mandat du Président Sall encore moins sur l’organisation de l’élection présidentielle. «C’est un statu quo, aucun changement majeur déterminant n’a été opéré», dit-il avant d’évoquer le ministère de l’Intérieur. «Le départ de Antoine Diome pourrait être source d’interprétation, mais je signale juste que Sidiki Kaba qui le remplace est aussi un juriste chevronné qui plus est, très politique». Poursuivant, l’analyste politique attire l’attention de l’opposition. Pour lui, il ne faudrait surtout pas qu’elle tombe dans le piège de «nous avons demandé le départ de Antoine Diome, il a été retiré. Macky Sall n’a pas nommé un ministre indépendant en charge de l’élection, il a simplement poussé un pion pour en avancer un autre». A en croire Bakhoum, le Président Macky aurait pu apporter du sang neuf pour permettre à Amadou Ba et son équipe d’avoir une bonne base pour la campagne électorale, si ce remaniement était intervenu à un an de la présidentielle.
Ndèye Khady DIOUF