Le cabinet Brand Finance a publié, le jeudi 20 février, son Global Soft Power Index 2025, qui mesure l’influence des pays à travers le monde sur la base de critères tels que la culture, la gouvernance, les relations internationales ou encore le potentiel économique. Si l’Égypte, l’Afrique du Sud et le Maroc occupent le podium africain, le Sénégal peine à se hisser dans les premiers rangs du continent. Classé 102e au niveau mondial, il se place à la 11e position en Afrique, un résultat qui interroge sur l’évolution de son influence.
Le dernier classement du Global Soft Power Index 2025, publié par le cabinet britannique Brand Finance le jeudi 20 février, dresse un panorama mondial des nations les plus influentes par le biais de leur “puissance douce” — cette capacité d’attraction qui repose sur la culture, la gouvernance, la diplomatie, le potentiel économique ou encore la réputation globale. Et pour le Sénégal, les résultats sont en demi-teinte : 102e mondial et seulement 11e en Afrique, le pays peine à convertir ses avancées démocratiques, sa vitalité culturelle ou encore sa diplomatie active en véritable levier d’influence internationale.
Ce classement, qui repose sur les perceptions d’experts, de décideurs, de chefs d’entreprise et du grand public à travers le monde, confirme la domination du trio Égypte – Afrique du Sud – Maroc sur le continent. Ces pays ont su imposer une image forte à l’international, que ce soit par leur poids géopolitique, leurs investissements dans la diplomatie culturelle ou leur présence dans les grands forums mondiaux. Le Sénégal, pourtant reconnu pour sa stabilité démocratique, ses figures culturelles de renommée internationale, ou encore son rôle actif au sein de la Cedeao, semble en revanche souffrir d’un déficit de projection stratégique.
Le Sénégal, une stagnation dans un contexte concurrentiel
Cette position interroge : comment expliquer que le Sénégal, souvent salué pour son modèle politique ou sa société civile dynamique, n’arrive pas à améliorer son influence globale ? Faut-il y voir les limites d’une diplomatie encore trop centrée sur l’Afrique de l’Ouest, ou le manque de valorisation internationale de ses atouts culturels et économiques ? En tout état de cause, ce classement offre matière à réflexion pour les autorités sénégalaises, qui gagneraient peut-être à penser une véritable stratégie de “soft power”, en s’appuyant sur la jeunesse, les diasporas, l’innovation, la culture et l’expertise diplomatique du pays.
En 2024, le Sénégal figurait déjà dans la deuxième moitié du classement africain. Son positionnement à la 102e place mondiale en 2025 indique une stabilité relative, mais aussi une difficulté à progresser dans un environnement où d’autres pays africains gagnent du terrain. L’Égypte, première puissance de soft power en Afrique, atteint ainsi la 38e place mondiale, confirmant sa domination sur le continent. L’Afrique du Sud (41e) et le Maroc (50e) suivent de près, grâce à leurs investissements dans la diplomatie, la culture et l’économie.
Dans ce classement, des pays comme le Nigeria (77e), l’Algérie (78e) et la Tunisie (79e) surpassent le Sénégal, soulignant la compétition croissante sur le continent en matière de soft power. De même, le Ghana (90e) et le Kenya (92e), qui ont développé une image dynamique et moderne sur la scène internationale, intègrent le Top 10 africain, laissant le Sénégal derrière.
Une influence sénégalaise à renforcer
Le classement du Global Soft Power Index repose sur plus de 55 critères, notamment le niveau de développement économique, les relations diplomatiques, la tolérance de la population, la facilité à faire des affaires, la convivialité, et le potentiel de croissance future.
Le Sénégal jouit d’une reconnaissance internationale grâce à son rôle diplomatique stabilisateur en Afrique de l’Ouest, à sa richesse culturelle, notamment en musique et en littérature, et à son modèle démocratique. Toutefois, ces atouts ne semblent pas suffire à améliorer significativement son influence mondiale. La perception du pays en tant que centre d’innovation et de développement économique reste encore en retrait par rapport à d’autres nations africaines.
Les principaux freins à la progression du Sénégal dans ce classement incluent des défis économiques persistants, un environnement des affaires perfectible et une présence encore limitée dans les grandes initiatives internationales en matière d’innovation et de technologie.
Le classement mondial : les grandes puissances toujours en tête
Au niveau international, les États-Unis conservent la tête du classement avec un score record de 79,5 points sur 100. La Chine, grâce à son initiative des “Nouvelles routes de la soie” et à son ouverture post-Covid, grimpe à la 2e place, devant le Royaume-Uni (3e), le Japon (4e), l’Allemagne (5e) et la France (6e).
Parmi les pays arabes et africains, les Émirats arabes unis (10e) se distinguent comme la seule nation du Sud à figurer dans le Top 10 mondial, confirmant leur stratégie d’influence basée sur l’économie, la diplomatie et le tourisme.
Quels leviers pour le Sénégal ?
Pour espérer progresser dans ce classement, le Sénégal doit capitaliser sur ses atouts tout en investissant davantage dans les domaines qui contribuent à son soft power. Parmi les pistes d’amélioration, on peut citer : le renforcement de la diplomatie culturelle et sportive, à travers l’organisation d’événements internationaux comme les Jeux olympiques de la jeunesse 2026 ; l’attractivité économique, en facilitant l’investissement étranger et en développant des secteurs stratégiques comme les industries culturelles et créatives ; une meilleure communication internationale, en mettant en avant les valeurs du pays et en renforçant la présence des institutions sénégalaises dans les organisations internationales.
Le rôle des institutions publiques et privées sera crucial pour améliorer l’image du pays. La participation à des expositions internationales, des festivals culturels de renommée et des forums économiques majeurs pourrait être un levier de croissance du soft power sénégalais.
Le Global Soft Power Index est un baromètre important de l’influence internationale d’un pays. Si le Sénégal ne régresse pas en 2025, il reste encore loin des premières places africaines. L’enjeu pour les années à venir sera donc de transformer ses acquis en véritable levier de puissance pour s’imposer davantage sur la scène mondiale. Un effort stratégique concerté entre le gouvernement, les entreprises et la société civile pourrait permettre au pays d’améliorer son rayonnement international et d’espérer grimper dans les prochaines éditions du classement.
Sidy Djimby NDAO












