Contrairement à Samba Ndiobène Ka qui estime que le temps politique commence avec la campagne électorale, son collègue Pape Sagna Mbaye a décidé de croiser le fer avec ses détracteurs au sein de l’hémicycle. Et, les joutes verbales ont été à l’origine d’une cacophonie indescriptible.
Guy Marius Sagna n'y est pas allé du dos de la cuillère pour porter les doléances du secteur de la pêche au ministre Pape Sagna Mbaye. Des attaques aux allures de règlement de compte avec l’ancien maire de Pikine. D’emblée, il regrette que le ministre n’ait pas répondu à cinq de ses correspondances, alors qu’il ne faisait que le mettre en garde sur ce qui se passe dans son Département. Aujourd’hui, le résultat est là avec la mort de jeunes Sénégalais sur le chemin de l’émigration clandestine. «Vous êtes le premier responsable de la mort de nos enfants par la mer. C’est vous qui les avez tués, vous avec les membres du gouvernement, vous avec le président de la République ; parce que vous avez vendu les ressources halieutiques aux bateaux chinois et russes au détriment de nos pêcheurs et de nos femmes transformatrices», cogne d’emblée le député, avant d’ajouter : «le bateau qui permet à l’Isra de faire des évaluations pour s’enquérir de l’état des ressources est en panne depuis 2016 faute d’une pompe qui ne coûte que 15 millions. Cela ne vous intéresse pas parce que votre salaire arrive à temps. Le salaire du pêcheur, c’est la mer qui n'a plus de poisson. En plus de vendre la mer, vous refusez de contrôler. Au lieu de surveiller les bateaux de l’Union Européenne, vous consacrez votre énergie à surveiller Ousmane Sonko et les membres de Pastef. Ce qu’on vous demande, c’est de surveiller les poissons», ajoute le député, sous le sourire narquois du ministre. «Vous riez jaune en réalité et vous devez avoir honte de rire, parce que vous n’avez pas fait votre job. C'est à cause de vous que les femmes transformatrices, les marayeurs ne voient plus de poisson. A cause de vous, les pêcheurs se sont transformés en convoyeurs vers l’émigration clandestine car las de parcourir des km sans le plus petit poisson», martèle Guy Marius Sagna.
Les joutes verbales à l’hémicycle
Ces mots n’ont vraisemblablement pas plu au ministre de la Pêche et de l’Economie maritime, Pape Sagna Mbaye, qui a ruminé en silence sa colère avant la tempête. «Le mot lâcheté est le seul mot en français qui ne trouve pas sa racine dans le latin, mais dans l’allemand. Insulter les gens de manière éhontée, non courageuse et prendre la tangente, je pense que c’est indigne. Avec ce comportement, je me demande quel sera le visage du Sénégal demain ou après-demain», charge Pape Sagna Mbaye pour sonner la réplique. Dans une posture d’ancien député prompt à s’attaquer aux détracteurs du régime en place, le ministre de poursuivre : «avec son comportement, il n’arrivera à rien du tout. Nous ne pouvons abandonner la nation sénégalaise ni à des concurrents qui la détestent parce qu’ils ne pensent qu’à bruler ce pays, ni à des intrigants qui ont cessé de l’aimer tendrement. On ne doit pas avoir l’injure à la bouche et se comporter comme on veut. Comment on peut être politicien et fuir le temps politique ? Le temps politique, ce sont les rendez-vous électoraux, ces joutes verbales, ces confrontations d’idées au niveau de l’hémicycle», indique le ministre, avant qu’il ne soit coupé net par le député Ibrahima Diop : «ce n’est pas ça ce qu’on attend de vous», lance-t-il dégoûté, plongeant la salle dans un tohu-bohu indescriptible où piques et répliques de députés étaient rythmées d’injures. «J’ai été député pendant cinq ans, je connais cette pratique. Ce n’est pas ceux qui viennent d’arriver qui vont m’apprendre comment se comporter», précise Pape Sagna Mbaye, affirmant qu’il est au moment des joutes verbales et politiques. Une remarque qui n’a fait qu’exacerber le tiraillement verbal à l’hémicycle. «Ce n’est pas élégant de la part d’un ministre, il doit répondre avec courtoisie», fait remarquer le député Bacary Diédhiou. «Tu es nul, arrogant et indiscipliné, sors !», tonne Ibrahima Diop, hors de lui. Dans cette ambiance déjà bouillonnante, le ministre refuse d'abdiquer et en rajoute une couche. A l’en croire, le débat est trop technique pour certains députés qui ne peuvent comprendre. Une nouvelle fois, il a été copieusement conspué par ses détracteurs. «Pourtant, j’ai été insulté et je n’ai rien dit», fait-il remarquer.
M. CISS
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