jotaay

DIPLOMATIE STRATÉGIQUE À L’EST En Chine, Ousmane Sonko dessine les contours d’un partenariat d’égal à égal




 
 
 
En marge du forum sino-africain, le Premier ministre Ousmane Sonko a effectué en République populaire de Chine une visite officielle qui pourrait marquer un tournant décisif dans la stratégie diplomatique et économique du Sénégal. Entre rencontres au sommet avec les plus hautes autorités chinoises, signature de protocoles d’accord, relance de projets gelés et ouverture de nouveaux chantiers de coopération, le Premier ministre sénégalais dresse un bilan “extrêmement satisfaisant”. Plus qu’un simple déplacement institutionnel, cette mission s’est muée en une offensive diplomatique structurée, articulée autour d’une vision claire : construire un partenariat d’égal à égal avec la Chine, sortir des logiques de dépendance et inscrire le Sénégal dans une nouvelle géopolitique africaine, plus affirmée, plus souveraine.
 
 
 
Ce n’est pas un simple déplacement protocolaire que vient d’achever le Premier ministre Ousmane Sonko en Chine. C’est une véritable opération diplomatique d’envergure, construite avec méthode, exécutée avec rigueur, et marquée par une volonté affichée de sortir des sentiers battus d’une diplomatie passive pour inscrire le Sénégal dans une relation internationale assumée, souveraine et lucide. Durant plusieurs jours, de Hangzhou à Tianjin, en passant par Pékin, le chef du gouvernement sénégalais a multiplié les rencontres de haut niveau, les visites d’entreprises stratégiques, les séances de travail avec les autorités locales, les institutions financières, les acteurs technologiques et même les structures politiques chinoises. Un agenda dense, ponctué par une audience solennelle avec le Président Xi Jinping et le Premier ministre Li Qiang.
“Nous sommes venus en Chine avec une ambition claire : transformer les rapports de coopération et poser les bases d’un partenariat juste, équitable et respectueux », a déclaré Ousmane Sonko dans son bilan de visite. Des mots forts, portés par une stratégie que le Premier ministre a su dérouler sur plusieurs fronts — diplomatique, économique, territorial, technologique et politique — avec, en toile de fond, un objectif constant : replacer le Sénégal comme un acteur crédible et écouté dans les grands équilibres mondiaux.
 
Une reconnaissance diplomatique de haut niveau
 
 
 
L’un des moments symboliquement forts de cette visite est l’invitation faite à Ousmane Sonko de prendre la parole au nom de l’Afrique lors du forum sino-africain. Une marque de confiance qui ne doit rien au hasard. Elle s’inscrit dans une dynamique où la voix du Sénégal est de plus en plus sollicitée sur les grandes scènes internationales. Dans une période où le continent africain cherche à s’extraire des rapports de domination historique pour imposer sa propre vision du développement et de la coopération, l’attitude de Pékin vis-à-vis du gouvernement sénégalais a valeur de signal.
Le Premier ministre le souligne : « quelle que soit la taille de votre pays, quel que soit son niveau de développement, vous êtes traités ici avec les égards et le respect qui vous sont dus.” Une phrase qui en dit long sur la nature de l’échange. Loin d’une relation d’assistance, la Chine a manifestement choisi de traiter le Sénégal comme un partenaire stratégique. Le Président Xi Jinping lui-même a parlé du Sénégal comme de « la perle de l’Afrique », une formule symbolique qui s’inscrit dans la continuité de sa visite d’État à Dakar en 2018, mais qui traduit aussi une volonté renouvelée de Pékin d’investir sur un pays qu’elle considère stable, fiable et porteur d’avenir.
 
Coopération économique : accords signés, projets relancés
 
 
 
Mais au-delà du protocole, cette visite a produit des résultats concrets. À Hangzhou, dès les premières heures, plusieurs MOU (protocoles d’accord) ont été signés entre le Sénégal et des acteurs économiques chinois. Il ne s’agit pas seulement de déclarations d’intention, mais de bases contractuelles de nouveaux projets structurants dans les domaines de l’énergie, de l’infrastructure, de l’industrie et du numérique.
Plus encore, Sonko a ouvert un chantier délicat mais nécessaire : celui de la levée des blocages financiers hérités de la gouvernance précédente. « Certains projets étaient à l’arrêt à cause d’audits en cours », reconnaît-il, avant d’annoncer la mise en place d’un groupe de travail bilatéral, coordonné par le ministre sénégalais de l’Économie, pour débloquer ces situations. Les grandes banques de développement chinoises, dont Eximbank et la Banque de Développement de Chine, ont été rencontrées à cet effet, tout comme l’Agence chinoise de coopération internationale.
À cela s’ajoutent des rencontres ciblées avec de nouveaux partenaires privés souhaitant investir au Sénégal. L’approche se veut pragmatique : rassurer les partenaires existants, attirer les nouveaux, et garantir que chaque projet entre dans la vision stratégique globale du Plan Sénégal 2050.
 
 
 
Coopération décentralisée : les provinces chinoises au cœur du dispositif
 
 
 
L’une des innovations majeures de cette visite tient dans l’importance accordée à la coopération entre collectivités locales. En visitant les provinces de Hangzhou et Tianjin, Sonko a ouvert un nouveau chapitre de la diplomatie sénégalaise : celui du dialogue territorial avec les puissantes collectivités chinoises. L’idée est simple mais efficace : appuyer la mise en place des pôles de développement territoriaux au Sénégal en s’inspirant du modèle chinois et en nouant des partenariats directs entre régions.
Les autorités chinoises, sensibles à cette proposition, ont validé plusieurs initiatives sur-le-champ, selon le Premier ministre. Cette approche décentralisée de la coopération permet de décloisonner la diplomatie classique et de faire bénéficier les territoires sénégalais — souvent oubliés des grandes politiques d’investissement — de nouveaux leviers de développement.
 
 
 
Technologie, politique et vision géopolitique
 
 
 
Le voyage a également pris une dimension technologique et politique. En rencontrant les dirigeants d’Alibaba et de Huawei, deux géants du numérique mondial, Ousmane Sonko a jeté les bases d’une coopération renforcée dans les secteurs stratégiques que sont la digitalisation des services publics, la cybersécurité, l’intelligence artificielle et la formation des jeunes aux métiers du futur.
Mais cette visite a aussi été politique. Une longue réunion a été tenue avec les cadres du Parti communiste chinois. Il ne s’agit pas seulement de protocole partisan : le Pastef, formation politique du Premier ministre, entretient des relations formelles avec le PCC depuis plusieurs années. Ces échanges, loin d’être anecdotiques, permettent de mieux comprendre la gouvernance chinoise, son organisation, et d’alimenter une réflexion sur la construction d’un modèle souverain adapté aux réalités sénégalaises, sans forcément calquer ce qui se fait ailleurs.
Dans les cercles diplomatiques chinois, Ousmane Sonko n’est pas perçu comme un chef de gouvernement par défaut, mais comme un leader politique porteur d’une vision, capable d’engager un dialogue stratégique avec les grandes puissances sans posture idéologique, mais avec fermeté sur les intérêts de son pays.
En toile de fond, le Premier ministre n’a pas éludé la situation économique actuelle du Sénégal. « Une situation dont nous avons hérité », dit-il, marquée par des engagements extérieurs non honorés, des retards dans les projets structurants et une gouvernance peu transparente. Mais pour lui, la visite en Chine marque une étape dans la sortie de cette crise. « Nous sortons de cette visite extrêmement satisfaits », dit-il, « et les Sénégalais verront bientôt les retombées concrètes. »
À travers cette tournée asiatique, Sonko renforce son positionnement de Premier ministre à la manœuvre, au service d’un agenda présidentiel incarné par Bassirou Diomaye Faye, mais aussi porteur d’un souffle nouveau sur la scène internationale. Il installe un style diplomatique fait de sobriété, de fermeté et de clarté dans les objectifs. Il engage le Sénégal dans une diplomatie d’influence, sans rupture brutale avec les partenaires traditionnels, mais avec une volonté claire de diversification, d’équilibre et de souveraineté.
 
 
 
 
 
Sidy Djimby NDAO
 
 
LES ECHOS


ACTUALITE | POLITIQUE | SPORTS | SOCIETE | SERIE | RELIGION | REVUE DE PRESSE | ECONOMIE | CHRONIQUE | CULTURE | BOOMRANG | INTERNATIONAL | PEOPLE | TV-DIRECT | SANTE | World Cub Russie 2018 | SERIE TV SENEGAL | LES ECHOS | pub | Radios d’Ici et d’Ailleurs | Santé | Contribution | AFRIQUE | TECH NEWS | VIDEO DU JOUR | HISTOIRE


LIVE RADIO



Sénéfs

Lettre de mission

Expectative

Remake

Crises

Front

Dosage

Leçons

Questions

Année 1



SANTE

L’ACUPUNCTURE, LES VENTOUSES, LA MOXIBUSTION, LE MASSAGE THÉRAPEUTIQUE ET LE BADUANJIN : La médecine traditionnelle chinoise s’invite au plateau médical

Dans la lignée d'Octobre Rose, la campagne annuelle Novembre Bleu vise à sensibiliser sur les maladies masculines

Octobre Rose : Ce qu’il faut savoir sur la campagne

CRÉATION DU STATUT DE MÉDECIN EN SPÉCIALISATION ET AUDIENCE AU PALAIS : Le Collectif des médecins en spécialisation suspend sa grève et donne 3 mois au gouvernement

XEL DU DOY | HEMORROIDES ET TROUBLES DIGESTIFS