Lors d’un panel initié par l’entreprise Socium, la question du stockage des données sensibles du Sénégal s’est invitée au débat. Pour le Directeur technique de Socium, c’est plus une question de souveraineté numérique que de sécurité. Cependant, il révèle que Socium est dans une dynamique de déployer ses données en Afrique, notamment au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Maroc. Déjà, le premier déploiement au Sénégal au niveau du data center de Sénégal numérique est désormais effectif. Il a été aussi question de la digitalisation face au défi de compétences essentielles en Afrique.
« Réussir son recrutement en 2025 : méthodes outils et retours d’expérience » C’est autour de ce thème que l'entreprise technologique Socium, spécialisée dans la digitalisation de la gestion des ressources humaines, a convié des experts du secteur. Une occasion de revenir sur l’importance de la digitalisation. « Le digital est une opportunité énorme pour rattraper le retard que nous avons en Afrique. C’est la première étape pour qu’une entreprise puisse avoir une politique de ressources humaines centrée sur l’humain », déclare d’emblée Rokhaya Ndiaye, experte dans le secteur des Ressources humaines. Poursuivant, elle est revenue sur l’absence de certains profils sur le marché du travail. « D’après des études, une entreprise sur trois n’arrive pas à trouver des compétences sur le marché du travail. On est confronté à un grave recul de compétences parce que les écoles en Afrique ne forment pas dans des compétences professionnelles essentielles. Et, c’est la raison pour laquelle on a des problèmes économiques. La population de l’Afrique n’est pas économiquement productive parce qu’elle n’est pas formée », se désole de constater Mme Ndiaye. Une remarque confortée par un autre expert, Maguèye Diouf. A en croire ce dernier, il arrive qu’ils recherchent des profils sans en trouver un qui cadre avec les besoins des employeurs, notamment dans le secteur maritime. « On a du mal à trouver des profils qui conjuguent des compétences électriques et hydrauliques. On s’oriente vers d’autres pays. Dans le transport de fonds aussi, il est difficile de trouver une formation dans ce domaine. Ceux qui le font sont formés dans le tas, après un service militaire. Dans le secteur agroalimentaire également, certains profils font défaut », fait remarquer l’expert en ressources humaines. Même son de cloche chez Ramatoulaye Seck, responsable organisation et efficacité dans un magasin de grande distribution. Dans ce secteur aussi, certains profils comme les chefs de produits et les bouchers font défaut. Les bouchers, depuis quelques années, dit-elle, préfèrent monnayer leur expertise au Canada. Ainsi, pour juguler ce phénomène, l’entreprise est en partenariat avec une école de formation professionnelle et assure la formation pratique. Et, au terme de la formation, ajoute Mme Seck, ces élèves sont recrutés. Cependant, s’agissant de la partie chef produit (qui assure la négociation, le cycle de vie du produit, la valeur ajoutée des produits, etc.,) c’est plus difficile.
Humaniser le recrutement
Pour sa part, El Hadj Malick Ndao, formateur et responsable ressources humaines dans une clinique de la place, appelle à humaniser les recrutement. « Le premier défi de la digitalisation, c’est humaniser le recrutement. Aujourd’hui, tout est centré sur l’intelligence artificielle (Ia). Les candidats utilisent I'Ia pour écrire un bon Cv, une bonne lettre de motivation captivante », fait remarquer M. Ndao qui révèle souvent un décalage entre les demandes et la réalité à l’entretien. Ce qui lui faut dire : il faut qu’on sente la chaleur humaine dans les demandes d’emploi. C’est pourquoi, dans le milieu médical, ajoute-t-il, on ne fait pas de publication pour rechercher certains profils parce qu’il y a des critères exigeants. Ce sont plutôt des recommandations car, au-delà des compétences, on recherche l’empathie, la bienveillance, le sourire etc. du médecin. Poursuivant, il a révélé que certains profils comme les infirmiers d’Etat hommes sont rares. Les femmes, dit-il, représentent 80% de cette profession et parfois, elles ne veulent pas faire les gardes le soir. En outre, sur un autre registre, celui de la politique sociale des entreprises, Rokhaya Ndiaye révèle que les entreprises au Sénégal ont une responsabilité sociale d’entreprise cosmétique. « La Rse, c’est la responsabilité sociale de l’entreprise en face de sa communauté. C’est-à-dire, comment l’entreprise contribue au développement de sa communauté immédiate. La première communauté dans laquelle l’entreprise doit investir, ce sont les hommes de l’entreprise. La Rse doit d’abord viser les salariés de l’entreprise, car sans les hommes, l’entreprise n’existe pas », indique l’experte en Rh.
Les données des structures gouvernementales partenaires stockées au Sénégal
Par ailleurs, au terme du panel, certains intervenants ont décrié le déploiement des données sensibles du Sénégal à l’étranger. En effet, pour des questions de sécurité. En tout cas, de l’avis du représentant du ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, toutes les données sensibles du Sénégal doivent être hébergées au Sénégal d’ici 2034 dans le cadre de la stratégie numérique du Sénégal. « Tout ce qui relève de la localisation des données au Sénégal, c’est plus une question de souveraineté numérique qu’une question de sécurité », précise d’emblée le Directeur technique de Socium, Mouhamed Thiam. Poursuivant, il révèle qu’il y a des normes à respecter sur le plan sécuritaire qui font que le serveur soit en France, à Londres ou au Sénégal, c’est pareil. Seulement, il peut arriver, si vous hébergez vos données en Chine, l’Etat chinois peut décider qu’il a le droit de voir les données qui sont stockées dans son territoire. Ce qui est souvent le cas, regrette Mouhamed Thiam avec ces données sensibles exposées ailleurs. Cependant, il fait remarquer que pour toutes les structures gouvernementales qui sont clients chez eux (Socium), les données sont stockées au Sénégal. C’est de cela qu’il est question dans le New deal technologique. On a pris les devants pour que tous nos déploiements soient en Afrique. Ce sera dans un premier temps, sur trois sites géographiques : une partie des données sera hébergée au Sénégal et toutes les entreprises sénégalaises seront sur le déploiement du Sénégal ; un autre déploiement en Côte d’Ivoire et un autre au niveau du Maroc », annonce le Directeur technique de Socium, qui rappelle que les données étaient centralisées au niveau de Londres. « On a réussi à faire notre premier déploiement au Sénégal au niveau du data center de Sénégal numérique. Au fur et à mesure, on va ramener tout au niveau de l’Afrique », ajoute Mouhamed Thiam. Serigne Mouhamadou Sèye, co-fondateur et directeur des opérations de l’entreprise technologique Socium, intervient dans cinq pays en Afrique Maroc, Congo, Cameroun, Sénégal et Côte d’Ivoire et accompagne 200 entreprises réparties dans 20 pays en Afrique dans la digitalisation des processus de gestion des paiements, de recrutement, de la gestion documentaire, de la gestion de la performance avec le suivi évaluation, etc.
M. CISS