Présidant hier la cérémonie de clôture de la 4e édition de la Conférence sociale sur l’emploi et l’employabilité, le Premier ministre a abordé les différents problèmes qui entravent la création d'emplois décents au Sénégal. Devant les acteurs, Ousmane Sonko a fait un diagnostic sans complaisance de la question. Le chef du gouvernement dira que la voie que le Sénégal doit emprunter pour résoudre la problématique de l'emploi est celle d’ « un emploi souverain, inclusif et productif ! ».
C’est un discours fondateur qu’a prononcé Ousmane Sonko à la clôture de la 4e édition de la Conférence sociale sur l’emploi et l’employabilité. Le Premier ministre du Sénégal, en présence des partenaires sociaux, a non seulement livré un diagnostic sans concession sur les faiblesses de l’économie sénégalaise, mais aussi détaillé une vision ambitieuse et rigoureuse pour répondre à la crise de l’emploi, notamment chez les jeunes.
«Nous avons tenu, durant ces journées de réflexion collective, un dialogue social sincère et stratégique autour d'un enjeu central, qui est l'employabilité et l'avenir de notre jeunesse dans une économie en mutation. Dans le cadre du portefeuille de projets et programmes prioritaires de l'agenda national de Transformation Sénégal 2050, deux programmes structurants traduisent notre volonté d'agir avec ambition, rigueur et méthode pour répondre à ce défi ». C’est par ces mots qu’Ousmane Sonko a introduit son intervention, posant le décor d’un tournant stratégique pour la politique de l’emploi au Sénégal.
Une double urgence : productivité en berne et financement exsangue
Le chef du gouvernement n’a pas mâché ses mots. Devant les syndicats, les employeurs, les représentants de la société civile et les partenaires techniques et financiers, il a dressé un constat d’échec sur les politiques économiques menées jusqu’ici.
« Si nous n'avons pas réussi à atteindre les objectifs des programmes que nous nous sommes fixés pendant longtemps, gouvernements et partenaires, c'est parce que nous n'avons jamais identifié les véritables problèmes », a déclaré Ousmane Sonko, estimant que le Sénégal souffre d'un manque de productivité. « Nous n'avons jamais travaillé à bâtir une économie solide, saine et sérieuse. L'emploi ne se décrète pas. Il est le résultat des performances économiques », a-t-il ajouté, évoquant également la difficulté à mobiliser des moyens de financement endogènes pour répondre aux ambitions du pays.
Pour Ousmane Sonko, l’emploi ne se décrète pas. Il est la conséquence logique des performances économiques. En clair, sans une économie robuste, structurée et souveraine, aucun programme d’employabilité ne saurait produire des résultats durables. Autre point de friction soulevé : l’incapacité du Sénégal à mobiliser ses ressources internes pour financer ses ambitions. « Tant que nous dépendrons des bailleurs étrangers pour financer nos politiques, nous resterons otages de leur agenda », a-t-il déploré.
Mais au-delà du diagnostic, Ousmane Sonko a surtout voulu marquer une rupture. Il a annoncé deux programmes structurants qui traduisent, selon lui, la volonté du gouvernement d’agir “avec ambition, rigueur et méthode”. Il s’agit d’abord du Programme de la Grande Offensive de la Formation Professionnelle, du Développement de l’Emploi et du Développement Massif de la Formation Professionnelle Duale. Et ensuite du Programme national de promotion de l’emploi à travers la Grande Coalition pour l’Emploi.
C’est le premier programme qui constitue “l’épine dorsale” de la nouvelle politique gouvernementale. L’objectif est clair : faire de la formation professionnelle, depuis le Bac jusqu’au doctorat, un levier massif de transformation structurelle de l’économie et d’inclusion des jeunes dans les secteurs moteurs de la croissance. « Nous engageons cette grande offensive pour faire de la formation professionnelle une véritable arme de construction massive d’emploi et de souveraineté », a lancé le Premier ministre.
Ce programme phare vise à massifier l’accès à la formation qualifiante, avec des investissements dans la réhabilitation des écoles d’ingénieurs, lycées techniques et centres de formation dans toutes les régions du pays. Il prévoit également le déploiement à grande échelle de la formation duale, en lien direct avec les entreprises et les réalités du marché.
Autre axe stratégique : l’ingénierie territoriale de la formation, qui vise à aligner les compétences formées sur les besoins économiques spécifiques à chaque région. Des contrats de formation-insertion, des dispositifs d’alternance, l’intégration du numérique, des certifications en ligne, ainsi que le développement des compétences douces (soft skills) sont également annoncés.
Une rupture méthodologique
Il a insisté sur la nécessité de rompre avec les politiques de façade, en privilégiant l’efficacité, l’action concrète et la redevabilité. À l’entendre, les programmes passés ont échoué non pas faute de moyens, mais faute de clarté dans les diagnostics et d’engagement dans leur mise en œuvre. Enfin, Ousmane Sonko a invité toutes les composantes de la nation à s’engager dans la Grande Coalition pour l’Emploi, prévue dans le second programme structurant. Objectif : fédérer les énergies, les ressources et les initiatives publiques, privées et communautaires autour d’un pacte national pour l’insertion durable des jeunes.
Sidy Djimby NDAO
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