L’affaire Farba Ngom défraie la chronique depuis quelques jours et chacun y va de ses interprétations. Si certains brandissent la reddition des comptes pour justifier la demande de levée de son immunité parlementaire et tout ce qui va avec, Babacar Gaye, lui, est convaincu que c’est purement politique et le maire de Agnam n’est que la premiere victime. Le but ultime de toutes ces manœuvres, c’est d’atteindre l’ancien président Macky Sall. Il croit surtout que si l’Apr reste soudée et déterminée, il peut se sauver de cette agression, mais aussi des prochaines à venir.
Les Échos : Comment appréciez-vous l’affaire Farba Ngom ?
Babacar Gaye : Au moment où je réponds à vos questions (ndlr : hier), le Parquet financier n'a pas encore ouvert une information judiciaire, même si le Procureur financier parle, dans son communiqué, “d’association de malfaiteurs, blanchiment de capitaux, escroquerie portant sur les deniers publics, corruption, trafic d’influence, abus de biens sociaux”. Sur la base de ces seuls éléments disponibles, tout observateur doit se poser légitimement des questions. De combien de rapports le Parquet financier a-t-il été saisi ? Pourquoi avoir ciblé un seul rapport impliquant plusieurs personnes anonymes et des sociétés écrans sans raison sociale ? Par quelle gymnastique, une qualification d'une série d'infractions a pu être assise à partir de “transactions suspectes” non étayées par des faits probants constitutifs d’un quelconque délit ? Qui plus est, si Farba Ngom est visé dans cette affaire d'escroquerie sur les deniers publics, il ne pourrait être que complice. Alors qui sont les auteurs principaux dont la poursuite ne devrait pas nécessiter la levée d'une immunité parlementaire ?
Sans des réponses claires et précises à toutes ces questions, je considère que Farba Ngom est la victime expiatoire de l'échec promontoire d'une chasse aux sorcières sous emballage de la réédition des comptes que, malgré tout, le citoyen lambda doit accepter comme instrument de bonne gouvernance. Malheureusement, Dame Justice risque de perdre le peu de crédibilité qui lui reste au nom d'une volonté de vengeance sur un adversaire politique, après l’humiliante défaite de Pastef dans toute la région de Matam lors des dernières législatives. Cette affaire Farba Ngom laisse échapper les effluves d'un règlement de comptes politiques au prétoire. Les magistrats doivent refuser d'arbitrer un tel combat, au nom du droit et de l'indépendance de la Justice, en dépit de la conception que Ousmane Sonko en a.
On peut donc s’interroger sur la pertinence de la procédure déclenchée contre Farba Ngom d’autant qu’il n’a jamais géré de derniers publics ?
A ma connaissance, aucune poursuite n'est lancée contre Farba pour l'instant. D'autant qu'aucune enquête préliminaire de police n'a été engagée à son encontre. Un signalement de transactions suspectes par la Centif n'est pas un fait constitutif d'infraction qui engage la responsabilité d'autrui.
Au demeurant, comme je viens de le dire, le blanchiment de capitaux – lesquels ? - et l'escroquerie sur les deniers publics supposent l'existence d'un auteur principal et des complices, le cas échéant. Parce que les deniers publics qui ne sauraient être de l'argent sale, gérés par des administrateurs et ordonnateurs de crédits, sont confiés à des comptables publics, qui seuls, peuvent procéder au paiement d'une dépense publique. S'il y a prévarication ou blanchiment ou escroquerie sur les deniers publics, Farba Ngom, qui n'est investi d'aucune fonction dans la chaîne d'exécution de la dépense publique, ne peut pas en être l’auteur. Tout au plus, on pourrait lui reprocher d’être un complice dont l'implication volontaire doit être prouvée.
Vous estimez alors que le régime est en train d’exécuter les menaces du Premier ministre contre Farba Ngom ?
C'est Ousmane Sonko l'Alpha et l'Oméga de l'Etat Pastef qui finit de se mettre en place. Dans ses déclarations antérieures, le Premier ministre a remis en cause l'indépendance de la Justice en affirmant que le ministre de la Justice est une autorité politique qui fait exécuter les ordres qu'il lui donne. A Agnam, le candidat Ousmane Sonko a déclaré publiquement que les élections législatives du 17 novembre 2024 seront les dernières auxquelles Farba Ngom participera. Donc, en poursuivant Farba Ngom, le Parquet donne l'impression d'exécuter une commande politique du président de Pastef, faite depuis Agnam.
Les gouvernants parlent de reddition des comptes alors que les partisans du maire de Agnam y voient une tentative de liquidation politique, quel est votre point de vue ?
C'est au nom du principe sacrosaint de la reddition des comptes que tous les crimes politiques vont être commis pour éliminer les adversaires de L'Etat Pastef, considérés par le tonitruant Directeur général du Port comme une “opposition de milliardaires” qu'il faut anéantir. Farba est la partie visible d'un immense iceberg constitué par les fidèles compagnons du Président Macky Sall. Ceux qui traînent des casseroles ont quitté leur famille politique ; les premiers dès que Macky a annoncé qu'il ne sera pas candidat à l'élection présidentielle, les suivants après le choix de Amadou Ba et les derniers ont opté pour une honteuse transhumance entre la défaite de mars 2024 et les législatives. J'espère qu'au nom de l'éthique et de la morale, comme le dit la première d'entre eux, Mimi Touré, Sonko ne les protégera pas des soupçons de prévarication dont ils font l'objet grâce à l'insolence de leur niveau de vie.
Farba n'est pas n'importe qui dans l'Apr. Il peut s'adosser à de solides bases politiques dans tout le Fouta. Et ceux qui pensent comme lui devraient se préparer pour faire face à la Justice des vainqueurs, et le cas échéant, mourir dans la dignité.
L’Apr n’est donc pas au bout de ses peines ?
Je ne le pense pas. Les anciens compagnons de Macky Sall qui est le principal homme visé par la machine répressive de l'Etat Pastef, vont faire l'objet d'une persécution comme le furent Louis XVI, Marie Antoinette et leurs loyaux serviteurs. Comme le disait un célèbre homme politique, “le sang va gicler” et tous ceux qui ont le Sénégal au cœur doivent s'y préparer.
En attendant, l’Apr compte engager le combat politique pour tirer Farba des griffes du régime, quelles sont ses chances ?
Unis et déterminés, les hauts responsables de l'Apr qui ont choisi le camp de la résistance peuvent relever ce défi, d'autant que Ousmane Sonko et ses amis ont montré la voie à suivre dans l'affaire Sweet Beauté. D'ores et déjà, des menaces contre notre vivre ensemble ressurgissent après les événements de 2021 à 2023 qui ont émaillé les procès de Ousmane Sonko.
Pourra-t-il réussir avec le dossier Farba ce qu’il n’a pas su obtenir avec celui de Lat Diop, Moustapha Diakhaté… ?
Nul ne devrait tenter d'établir un parallélisme entre le cas de Farba Ngom et celui de Lat Diop ou Moustapha Diakhaté. Si le premier est un responsable de premier plan de l'Apr, les autres n'ont plus de lien organique avec le parti auquel ils ont milité. S'y ajoutent la particularité et la taille de leurs soutiens politiques respectifs. Pour le cas de l’activiste Bah Diakhaté qui revendique son appartenance à l'Apr, j'estime que le soutien s'est limité à des déclarations de principe. A mon avis, l'Apr et ses alliés ont les moyens politiques pour faire face à cette agression. Il y va de leur crédibilité et de leur survie politique.
La procédure engagée par l’Assemblée nationale respecte t-elle les règles pour la levée de son immunité parlementaire ?
A la lumière des informations que je reçois de la presse, on peut légitimement en douter. En effet, les délais impartis à la commission des Lois pour la convocation régulière de ses membres n'ont pas été respectés. A ma connaissance, aucun rapport n'a été fait à ladite commission sur l'affaire qui concerne la levée de l'immunité parlementaire du député Mouhamadou Ngom. Or c'est un impératif que les commissaires fussent informés des raisons qui justifient la mise en place d'une commission ad hoc.
Farba dispose t-il d’une quelconque voie de recours pour attaquer l’illégalité de la procédure ?
Aucune. Car le Conseil constitutionnel qui se rappelle subitement de “ses compétences d'attribution” se déclarera incompétent pour connaître un dysfonctionnement de l'Assemblée nationale. Mais Farba a suffisamment de ressorts et moyens politiques pour assurer sa défense, au-delà de l'engagement de plusieurs maîtres du barreau à ses côtés.
Ndèye Khady D. FALL
Au demeurant, comme je viens de le dire, le blanchiment de capitaux – lesquels ? - et l'escroquerie sur les deniers publics supposent l'existence d'un auteur principal et des complices, le cas échéant. Parce que les deniers publics qui ne sauraient être de l'argent sale, gérés par des administrateurs et ordonnateurs de crédits, sont confiés à des comptables publics, qui seuls, peuvent procéder au paiement d'une dépense publique. S'il y a prévarication ou blanchiment ou escroquerie sur les deniers publics, Farba Ngom, qui n'est investi d'aucune fonction dans la chaîne d'exécution de la dépense publique, ne peut pas en être l’auteur. Tout au plus, on pourrait lui reprocher d’être un complice dont l'implication volontaire doit être prouvée.
Vous estimez alors que le régime est en train d’exécuter les menaces du Premier ministre contre Farba Ngom ?
C'est Ousmane Sonko l'Alpha et l'Oméga de l'Etat Pastef qui finit de se mettre en place. Dans ses déclarations antérieures, le Premier ministre a remis en cause l'indépendance de la Justice en affirmant que le ministre de la Justice est une autorité politique qui fait exécuter les ordres qu'il lui donne. A Agnam, le candidat Ousmane Sonko a déclaré publiquement que les élections législatives du 17 novembre 2024 seront les dernières auxquelles Farba Ngom participera. Donc, en poursuivant Farba Ngom, le Parquet donne l'impression d'exécuter une commande politique du président de Pastef, faite depuis Agnam.
Les gouvernants parlent de reddition des comptes alors que les partisans du maire de Agnam y voient une tentative de liquidation politique, quel est votre point de vue ?
C'est au nom du principe sacrosaint de la reddition des comptes que tous les crimes politiques vont être commis pour éliminer les adversaires de L'Etat Pastef, considérés par le tonitruant Directeur général du Port comme une “opposition de milliardaires” qu'il faut anéantir. Farba est la partie visible d'un immense iceberg constitué par les fidèles compagnons du Président Macky Sall. Ceux qui traînent des casseroles ont quitté leur famille politique ; les premiers dès que Macky a annoncé qu'il ne sera pas candidat à l'élection présidentielle, les suivants après le choix de Amadou Ba et les derniers ont opté pour une honteuse transhumance entre la défaite de mars 2024 et les législatives. J'espère qu'au nom de l'éthique et de la morale, comme le dit la première d'entre eux, Mimi Touré, Sonko ne les protégera pas des soupçons de prévarication dont ils font l'objet grâce à l'insolence de leur niveau de vie.
Farba n'est pas n'importe qui dans l'Apr. Il peut s'adosser à de solides bases politiques dans tout le Fouta. Et ceux qui pensent comme lui devraient se préparer pour faire face à la Justice des vainqueurs, et le cas échéant, mourir dans la dignité.
L’Apr n’est donc pas au bout de ses peines ?
Je ne le pense pas. Les anciens compagnons de Macky Sall qui est le principal homme visé par la machine répressive de l'Etat Pastef, vont faire l'objet d'une persécution comme le furent Louis XVI, Marie Antoinette et leurs loyaux serviteurs. Comme le disait un célèbre homme politique, “le sang va gicler” et tous ceux qui ont le Sénégal au cœur doivent s'y préparer.
En attendant, l’Apr compte engager le combat politique pour tirer Farba des griffes du régime, quelles sont ses chances ?
Unis et déterminés, les hauts responsables de l'Apr qui ont choisi le camp de la résistance peuvent relever ce défi, d'autant que Ousmane Sonko et ses amis ont montré la voie à suivre dans l'affaire Sweet Beauté. D'ores et déjà, des menaces contre notre vivre ensemble ressurgissent après les événements de 2021 à 2023 qui ont émaillé les procès de Ousmane Sonko.
Pourra-t-il réussir avec le dossier Farba ce qu’il n’a pas su obtenir avec celui de Lat Diop, Moustapha Diakhaté… ?
Nul ne devrait tenter d'établir un parallélisme entre le cas de Farba Ngom et celui de Lat Diop ou Moustapha Diakhaté. Si le premier est un responsable de premier plan de l'Apr, les autres n'ont plus de lien organique avec le parti auquel ils ont milité. S'y ajoutent la particularité et la taille de leurs soutiens politiques respectifs. Pour le cas de l’activiste Bah Diakhaté qui revendique son appartenance à l'Apr, j'estime que le soutien s'est limité à des déclarations de principe. A mon avis, l'Apr et ses alliés ont les moyens politiques pour faire face à cette agression. Il y va de leur crédibilité et de leur survie politique.
La procédure engagée par l’Assemblée nationale respecte t-elle les règles pour la levée de son immunité parlementaire ?
A la lumière des informations que je reçois de la presse, on peut légitimement en douter. En effet, les délais impartis à la commission des Lois pour la convocation régulière de ses membres n'ont pas été respectés. A ma connaissance, aucun rapport n'a été fait à ladite commission sur l'affaire qui concerne la levée de l'immunité parlementaire du député Mouhamadou Ngom. Or c'est un impératif que les commissaires fussent informés des raisons qui justifient la mise en place d'une commission ad hoc.
Farba dispose t-il d’une quelconque voie de recours pour attaquer l’illégalité de la procédure ?
Aucune. Car le Conseil constitutionnel qui se rappelle subitement de “ses compétences d'attribution” se déclarera incompétent pour connaître un dysfonctionnement de l'Assemblée nationale. Mais Farba a suffisamment de ressorts et moyens politiques pour assurer sa défense, au-delà de l'engagement de plusieurs maîtres du barreau à ses côtés.
Ndèye Khady D. FALL









