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ARRESTATION DE MOUSTAPHA DIAKHATÉ «Il a refusé de répondre aux questions des enquêteurs et a dit être prêt à mourir pour la patrie», selon son avocat, Me El Hadji Diouf



ARRESTATION DE MOUSTAPHA DIAKHATÉ «Il a refusé de répondre aux questions des enquêteurs et a dit être prêt à mourir pour la patrie», selon son avocat, Me El Hadji Diouf

 
 
Accusé d’offense au chef de l’État pour avoir dénoncé une entorse au protocole républicain, Moustapha Diakhaté a été convoqué par la Dic avant d’être placé en garde à vue. Son avocat, Me El Hadji Diouf, s’insurge contre une procédure vide et une tentative manifeste d’intimider la liberté de critique dans la République. L’avocat révèle que son client a refusé de répondre aux questions des enquêteurs, demandant à être envoyé en prison, qu’il est prêt à mourir pour la patrie.
 
 
 
Moustapha Diakhaté est gardé à vue. Il sera présenté demain au procureur. C’est son avocat, Me Elhadj Diouf qui a donné l’information hier après son audition. «Ce qu’on reproche à Moustapha Diakhaté n’est rien d’autre qu’un acte de parole libre. Dans ce pays, on veut désormais emprisonner les gens pour avoir parlé», dit la robe noire. Moustapha Diakhaté est accusé d’«offense au chef de l’État et à des personnes détenant les prérogatives du chef de l’État», à la suite d’un commentaire public jugé irrespectueux envers les autorités. L’affaire a été déclenchée par l’usage du mot «Gougnafier», que Diakhaté a employé pour qualifier un manquement au protocole républicain.
Me Diouf explique : «on lui a demandé pourquoi il a critiqué le protocole de la République. Il n’a pas répondu et n’a répondu à aucune question. On lui a demandé pourquoi il avait utilisé le terme ‘Gougnafier’.» Et de rappeler que son client s’est exprimé dans un contexte très précis : le Centre internationale de Conférence Abdou Diouf, où l’on a vu le président de la République, le président de l’Assemblée nationale et le Premier ministre marcher côte à côte, discuter et rire ensemble. «Ce que M. Diakhaté a critiqué, c’est qu’on ne respecte plus le protocole républicain, qui veut que le président de la République soit devant, suivi du président de l’Assemblée nationale, puis du Premier ministre.» Pour l’ancien ministre, cet alignement des trois hautes autorités constitue «une violation des règles de protocole de la République». Il l’a dénoncée publiquement, dans l’intérêt de la République, dit Me Diouf. C’est dans ce cadre que le mot «Gougnafier» a été employé. Selon l’avocat, «il signifie simplement ‘ignorant’». Et d’insister : «il existe plusieurs synonymes de ‘Gougnafier’, mais ce terme a été utilisé parce que ces gens ignorent les règles du protocole, alors même qu’il y a eu ce comportement que M. Diakhaté juge déplorable.»
 
 
«Le Président n’est pas Dieu»
 
 
 
Dans un ton indigné, Me Diouf interroge : «donc aujourd’hui, dans ce pays, on ne doit plus critiquer ? Il y a des personnes qu’on ne doit pas critiquer ? Je me demande quelle est cette loi qui dit que lorsque le président de la République, le Premier ministre ou le président de l’Assemblée nationale font des erreurs, notamment en matière de protocole, personne n’a le droit de les critiquer.»
L’avocat poursuit : «critiquer ne signifie pas offenser. Le président de la République n’est pas un dieu. Il n’est pas parfait. Il peut commettre des erreurs. Et nous devons dénoncer ses erreurs. Nous avons le droit de les critiquer. Parce que le Président n’est pas Dieu.» Me El Hadji Diouf insiste sur le fait que son client «n’a offensé personne. Il a simplement dit qu’il y a des ignorants, des gens qui n’ont pas compris, qui ne maîtrisent pas les règles de solennité du protocole présidentiel.» Et si offense il y a, demande-t-il, «en quoi le mot ‘ignorant’ constitue-t-il une insulte ? Ce n’est ni une injure, ni une diffamation. C’est un jugement de valeur politique.»
 
 
«Je suis prêt à mourir pour la patrie»
 
 
 
Face aux enquêteurs, Moustapha Diakhaté a gardé le silence, tout en livrant un message fort : «il a dit aux enquêteurs qu’il ne répondrait à aucune question. Il a demandé au procureur de le mettre en prison, de lui infliger une peine de mort si nécessaire, voire de le traduire en justice afin qu’il puisse se préparer à long terme.»
Son avocat rapporte ses paroles exactes : «mettez-moi en prison, puisque c’est ce que vous voulez. Allez-y, vous voulez m’emprisonner, emprisonnez-moi. Si vous devez choisir la peine de mort, laissez-moi mourir, pourrir en prison. Je suis prêt. Je suis prêt à mourir pour la patrie. Je suis prêt à aller en prison pour la patrie, pour le respect de la République et de ses symboles.» Un discours que Me El Hadji Diouf présente comme l’expression d’un engagement profond pour les valeurs républicaines. «La République a ses symboles et nous devons les respecter. Si c’est cela, mettez-moi en prison, traduisez-moi en justice. Mais je n’ai absolument rien à vous dire. Je ne réponds pas à vos questions, parce que je pense que ce n’est pas sérieux.»
 
 
Garde à vue vide, dossier creux
 
 
 
Selon l’avocat, l’audition de son client n’a «même pas duré dix minutes» : «on nous a fait venir ici. Cela nous a pris beaucoup de temps. Et finalement, il n’y avait rien. Le dossier est vide. Absolument rien.» Et pourtant, après cette audition express, «l’enquêteur est revenu dire : ‘maintenant il est placé en garde à vue.’ » Moustapha Diakhaté a donc été conduit à la police pour y passer la nuit, en attendant un probable déferrement.
Pour Me El Hadji Diouf, cette affaire dépasse le cas personnel de Moustapha Diakhaté. Elle révèle, selon lui, un climat de plus en plus répressif envers la critique politique. «Et pourtant, malgré cela, c’est la liberté d’expression qu’on veut confisquer. Les gens ne doivent plus parler. Dans ce pays, on ne doit plus s’exprimer. On ne doit plus critiquer. On doit se conformer. On veut plaire au prince. Non ! » Et de conclure sur une note de résistance : «en tout cas, nous allons poursuivre le combat en défendant M. Moustapha Diakhaté et tous ceux qui luttent pour le respect de la liberté d’expression, de la démocratie et des libertés fondamentales.»
 
 
 
Sidy Djimby NDAO
 
 
 
 
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