Arrêté le 27 février dernier, Assane Diouf a été jugé hier pour discours contraires aux bonnes mœurs et diffusion de fausses nouvelles. Le procureur a risque 2 ans dont 6 mois de prison ferme. Lors de l’audience, Assane Diouf a confié au juge qu'il n'était qu'un lanceur d'alerte.
L'activiste Assane Diouf, après plus de 3 mois dans les liens de la détention, a comparu hier, jeudi 17 juillet 2025, devant le tribunal correctionnel de Dakar pour diffusion de fausses nouvelles, discours contraire aux bonnes mœurs et offense à une personne exerçant tout ou partie des prérogatives du président de la République. Assane Diouf, pour rappel, est poursuivi sur la base d'une vidéo qui circulait sur les réseaux sociaux et dans laquelle il avait dit :"Premier ministre bo xamni ku nek mu cibler aka dagassanté comme jeegu takusaan". Invité à deux reprises par le tribunal à dire le nom de la personne à qui il s'adressait, il déclare : "il y a beaucoup de ministres au Sénégal, mais je n'ai prononcé le nom de personne parmi eux. Je n'ai jamais prononcé le nom du Premier ministre dans mon discours. Je suis un lanceur d'alerte qui était établi aux Usa. On m'a déporté et je me suis battu pour la liberté. Mais, je me suis rendu compte que ceux avec qui j'ai mené ce combat n'ont rien accompli de leurs promesses faites à l'endroit des Sénégalais". Toujours dans son "discours contraire aux bonnes mœurs" prononcé à l'endroit du Premier ministre, Assane Diouf avait aussi déclaré : "ya ngi jakaarlo ak xarxaru tank Adji Sarr(...)". Sur invitation du juge, il explique : "j'ai assisté aux faits et j'ai versé mon sang dans une bataille que j'ai livrée dans l'affaire Adji Sarr. Je n'ai fait que parler de la manière dont les choses se sont passées. Je n'ai pas inventé ces faits. Je n'ai fait que relater ces faits qui ont eu lieu et que tout le monde a constatés. L'affaire Adji est palpable et tout le monde est au courant. La concernée même a fait plusieurs vidéos et sorties".
Sur l’accusation de "de violeur, de menteur’’ adressée au Premier ministre, Assane Diouf répond : "en visionnant la vidéo, vous ne verrez nulle part où j'ai accusé Ousmane Sonko de violeur". Je suis un lanceur d'alerte et ceux avec qui je me suis battu dans la cause que je défendais n'ont pas tenu leurs promesses vis-à-vis des Sénégalais".
Sur les accusations de remise au Premier ministre en guise de cadeau d’un véhicule et d’un appartement du patron de Senegindia, Assane Diouf assume en précisant qu'il détenait les preuves. Mais, précise-t-il, au cours de l'instruction, le Doyen des juges ne lui avait pas donné l'occasion de fournir les preuves.
Le parquetier requiert 2 ans de prison dont 6 mois ferme
Le procureur, surpris du comportement du prévenu, a confié que, auparavant, Assane Diouf était quelqu'un qui assumait ses propos, mais aujourd'hui, à la barre de ce tribunal, il s'est débiné. Pour lui, les faits sont constants. "On a parlé d'entre-jambes, de scènes salaces, de scènes fugaces etc. Ce qui est évident, c'est la personne visée. Il y a un seul Premier ministre au Sénégal et pas un autre. L'infraction de discours contraire aux bonnes mœurs est établie à son encontre ainsi que les autres. Il a adopté à la barre une posture de dénégations. La personne visée est une personne que la loi entend protéger", a expliqué le parquetier qui a requis 2 ans de prison dont 6 mois ferme contre Assane Diouf.
Délibéré le 7 août
L'avocat de celui-ci a affirmé que même si son client parlait du Premier ministre, pour cette infraction-là, cet article ne peut pas être visé. "Si on vous dit qu'il s'adresse au Premier ministre, ce n'est pas une institution de la République dans la Constitution", a pesté la robe noire, qui a demandé sa relaxe pure pour les autres délits et la clémence sur l'infraction de discours contraire aux bonnes mœurs. Pour Me Aboubacry Barro, le Premier ministre n'est ni chef d'Etat, ni dépositaire, puisque la Constitution sénégalaise est très claire là-dessus. Les robes noires ont demandé sa mise en liberté provisoire, mais cette requête a été rejetée par le parquet et le juge qui a fixé la date du délibéré pour le 7 août prochain.
Fatou D. DIONE












