Cité Keur Gorgui était calme hier, comparé à la marée humaine le jour de la libération de Ousmane Sonko et de Bassirou Diomaye Faye. Des inconditionnels qui nourrissent l'espoir de revoir la silhouette de Ousmane Sonko ont décidé de squatter la devanture de leur leader. Les "talibés" de Sonko ne comptent pas quitter Cité Keur Gorgui.
14h30 à la Cité Keur Gorgui. L'ambiance d'avant-hier qui a accompagné la libération de Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye n'est pas la même. Des hommes et femmes font le pied de grue devant la maison de Ousmane Sonko. Il est loin le temps où les gendarmes étaient positionnés non loin de la maison du leader de Pastef.
Hier, on pouvait encore lire sur les visages des patriotes la joie de savoir leur leader libre et l'impatience de revoir le visage de leur "messie". "Est ce qu'il est là ? Nous ne l'avons pas vu de la journée...mais avec la conférence de presse, je pense qu'il a déjà quitté", s'exprime une militante des patriotes vêtue d'un tee-shirt avec les photos de Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye. Tout le monde veut voir Sonko. Certains militants en attendant d'avoir le privilège de voir Ousmane Sonko se remémorent la liesse populaire de la veille. Chacun y va de sa version en relatant ce qu'il faisait avant de rallier le Cap Manuel. Taximan, Aladji Sène, la quarantaine, nous montre du doigt sa voiture et nous confie qu'il a rallié la Cité Keur Gorgui quand il a entendu à la radio que Sonko et Diomaye ont été libérés. "J'ai arrêté de travailler sur le champ. Cet homme s'est battu pour nous, donc nous avons le devoir de l'accueillir et de l'accompagner jusqu'à sa maison", fait savoir Aladji.
15h30, toujours pas de nouvelles du leader de patriotes, mais les militants sont loin d'être découragés, ils surveillent la porte d'entrée comme du lait sur le feu. Le chef de protocole de Ousmane Sonko, Djiby Guèye Ndiaye, sort de la maison et est aussitôt assailli par les militants. "Nous vous invitons à rejoindre la permanence, le président va faire une conférence de presse avec Diomaye Faye. Retrouvons-nous à la permanence s'il vous plaît", explique le chef de protocole aux militants. Certains s'exécutent d'autres décident de rester.
Comme un jour de match de l'équipe nationale de football, les patriotes s'arrachent les drapeaux et les maillots. Les écharpes sont vendues comme des petits pains. "Les couleurs du pays sont très importantes pour nous. C'est le Sénégal qui nous intéresse. Nous voulons juste construire l'avenir de nos descendants", nous dit Alpha Diop qui met automatiquement l'écharpe qu'il vient d'acheter autour de son cou. Fait insolite : un homme sort de la maison de Ousmane Sonko et exhibe une bouteille d'eau. "Les gars c'est du zam-zam que je tiens entre mes mains. Le puits est à l'intérieur de la maison. Je vais faire mes ablutions avec...", dit-il sur un ton taquin. Azoura fait son apparition avec ses béquilles. Il a bien changé, la tonalité de sa voix reste toujours imposante, mais il est diminué physiquement. Les militants l'encouragent et épiloguent entre eux sur la torture et autres sévices subis par les détenus politiques.
16h 05, les patriotes qui cherchent la moindre information sur la conférence de presse de Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye surfent sur YouTube. "Il n'est pas question de rester ici et de rater la conférence de presse. Je vais écouter leurs déclarations sur YouTube et attendre tranquillement que Sonko rentre chez lui. Je veux juste voir son visage", déclare Aida Niang. D'autres n'excluent pas de passer la nuit à la belle étoile, s'il le faut. "Nous sommes dans le dernier virage pour atteindre notre objectif. On est à 7 jours du scrutin. Nous n'allons plus dormir, mais nous allons travailler pour élire Diomaye ; donc je ne quitte pas les lieux", fait savoir Elimane Sy.
Samba THIAM