A l’occasion de l’adoption du budget de l'Education nationale, le déficit d'enseignants et les abris provisoires sont ressortis comme de fortes préoccupations des députés.
Le déficit d’enseignants qui touche presque toutes les localités du pays est revenu comme une rengaine dans les préoccupations des députés à l’occasion de l’adoption du budget du ministère de l’Education nationale, qui ont aussi plaidé pour l’éradication des abris provisoires. Dans le département de Sédhiou, le député Mouhamed Ayib Daffé fait état d’un déficit de 89 enseignants dans le moyen secondaire, de 52 dans le primaire. Dans le département de Bounkiling, le déficit d’enseignants est de 36 et de 73 dans le département de Goudomp dans l'enseignement classique et 18 enseignants en arabe. S’agissant des abris provisoires, il évalue le taux des abris provisoires à 46% dans l’élémentaire. Le lycée de Marssassoum, dit-il, est aussi un abri provisoire. Ce manque criard d’enseignants est aussi décrié à Saraya par le député Mady Danfakha qui dénombre 199 départs d’enseignants en trois ans, au moment où les arrivées ne sont pas aussi consistants. Aussi, a-t-sollicité un recrutement spécial dans les localités affectées par ce phénomène pour régler ce problème. Pour sa part, le député-maire de Ndiayène Pendao, Yetta Sow, déplore les abris provisoires dans sa commune au nombre de 25 et sollicite la construction d’écoles modernes. Ndèye Satala Diop révèle que les effectifs pléthoriques sont toujours notés dans les établissements scolaires, ce qui ne favorise pas un bon déroulement des apprentissages. Pour le députés Demba Ba, outrée un gap de 8883 enseignants, il y aussi un déficit de 110 inspecteurs d’académie. A cela, s’ajoute, chaque année, un nombre important d’enseignants à la retraite sans qu’ils ne soient remplacés.
Omar Sy : «traiter la question de l’éducation en dehors des convictions politiques et positions partisanes»
Ce déficit d’enseignants s’explique, selon le député Yoro Sow, par le mouvement national des enseignants avec beaucoup de départs et moins d’arrivées. Il révèle cependant que le déficit d’enseignants est à l’origine de la fermeture de certains établissements à Linguère. Une situation qu’il juge alarmant et préoccupant. De son côté, Khady Guèye explique le déficit de plus de 8000 enseignants par l’emprisonnement de beaucoup d’enseignants, des abandons, mais aussi en plus des départs massifs à l’émigration clandestine. Pour le député de la Ld, Nicolas Ndiaye, la crise scolaire est liée à la crise sociétale grave qui secoue le pays. A l’en croire, les évènements de Kaolack, les injures envers et contre tous, l’émigration clandestine témoignent de la déliquescence de l’éducation. Et, dans 10 ans, si le phénomène perdure, le pays sera, dit-il, ingouvernable. Cependant, pour le député de Yewwi, Oumar Sy, la question de l’éducation doit être traitée en dehors des convictions politiques et des positions partisanes des acteurs politiques.
Recrutement de volontaires pour combler le déficit d’enseignants
Poursuivant, il est d’avis que le chef de l’Etat a fait des efforts dans ce domaine, même s’il estime qu’il reste beaucoup à faire, notamment pour résorber le déficit d’enseignants. Un gap qu’il appelle à combler avec un recrutement spécial de 5000 enseignants cette année et de compléter progressivement pour résorber totalement ce déficit. A l’en croire, aucun sacrifice n’est de trop dans le secteur d’éducation. «Si nous pensons que l’enseignement coûte cher, essayons l’ignorance», indique Oumar Sy. Le président du groupe parlementaire Wallu, Mamadou Lamine Thiam, incite à un sursaut patriotique pour résorber le gap des enseignants. «Il nous faut une solution patriotique, un engagement volontariste comme ce fut le cas en 1990 avec l’avènement des volontaires de l’éducation pour trouver une solution à ce phénomène», dit-il. En tout cas, Ismaila Diallo est persuadé que les solutions ne viendront pas de l’actuel ministre de l’Education qui, rappelle-t-il, avait été épinglé par le rapport de l’Ofnac qui recommandait que ne lui soit plus confiée la responsabilité de diriger un organisme public. En dépit de ces injonctions, le député se désole de constater que l’Etat continue de lui confier des responsabilités, cette fois-ci, avec un budget de 909 milliards. Par ailleurs, les députés ont déploré la présence des enfants dans la rue. Le député Ibrahima Diop dit en avoir dénombré 50 rien qu’en venant à l’hémicycle. A l’en croire, la place de l’enfant n’est pas la rue, mais l’école. Pour Amadou Lamine Thiam, tous les enfants qui sont dans les rues ne sont pas issus des daaras. C’est un secret de polichinelle, dit-il, et l’Etat doit prendre ses responsabilités pour retirer ces enfants de la rue.
M. CISS