A quelques heures seulement de l’élection du nouveau maire de Dakar, Taxawu Senegal de Khalifa Sall et Senegal Bi Ñu Bokk de Barthélemy Dias ne parlent toujours pas le même langage. Bien que la situation puisse évoluer lors des toutes dernières heures avant le scrutin de ce matin, ils ont passé le week-end à s’accuser mutuellement. Des responsables du mouvement du maire déchu accusent leur anciens camarades de trahir Barthélemy Dias après lui avoir promis de reporter l’élection pour son remplacement ; et le camp de Khalifa Sall, même s’il reconnaît l’existence de concertations entre les deux camps, nie complètement le supposé accord : aucune promesse de report n’a été faite.
Un lundi décisif pour la ville de Dakar. Alors que le conseil municipal est convoqué à 10 heures, pour élire un nouveau maire, la Cour suprême va débattre de la requête de Barthélemy Dias qui vise à stopper toute cette procédure. Si Taxawu Senegal avait une grande chance pour conserver le fauteuil de maire, le départ de Barthélemy Dias qui a créé son propre mouvement a fortement chamboulé les choses. Même s’il existait encore l’espoir de les voir réunir leurs forces lors de cette élection, celui-ci semble être définitivement anéanti. En réalité, même si leurs chemins politiques se sont séparés, il n’y a pas eu, jusque-là, de clash entre Taxawu Sénégal et Sénégal Bi Ñu Bokk. Mais ces relations «fraternelles» que les deux camps ont cherché à conserver depuis lors sont en train de s’effriter avec les accusations mutuelles dans concertations qu’ils mènent en vue de l’élection du nouveau maire.
«Barth ne mérite pas ce traitement de la part de Khalifa Sall»
Selon le camp de Barthélemy Dias, Khalifa Sall a trahi sa parole après leur avoir promis la convocation du bureau municipal samedi pour sursoir à l’élection, le temps que la Cour suprême livre sa décision par rapport à sa requête de suspension de la décision du préfet. «Nous ne comprenons simplement pas pourquoi cette précipitation. Qu’est-ce qui presse autant dans le remplacement de Barthélemy Dias ? Nous avons cherché à être courtois depuis le début mais il y a des situations qui révoltent», nous confie un membre de Senegal Bi Ñu Bokk, qui dit être déçu de l’attitude de Khalifa Sall : «Barth ne mérite pas ce traitement. Khalifa Sall nous a bel et bien donné sa parole avant de la retirer en douce».
À Taxawu Senegal, on botte en touche et se dit surpris. «J’aimerai bien comprendre à qui Khalifa Sall a-t-il promis le report de l’élection, parce que Barthélemy Dias n’était même pas au Sénégal ces derniers jours», renseigne une source dans le camp de Khalifa Sall. Notre interlocuteur reconnaît qu’il y a des concertations entre les deux camps : «il est vrai que nous discutions avec Senegal Bi Ñu Bokk depuis le début de la procédure et c’était pour avoir un seul candidat, mais Khalifa Sall ne s’est jamais engagé à faire reporter l’élection du nouveau maire».
«Si nous tentons d’annuler l’élection à travers le quorum, nous risquons une délégation spéciale»
Ce dernier de préciser : «en quoi peut-on nous accuser d’avoir trahi Barthélemy Dias ? Ce n’est pas nous qui avons convoqué le conseil pour l’élection. Nous la subissons comme toutes les entités à la mairie. Mieux, depuis que Barthélemy Dias a été éjecté illégalement de son fauteuil en décembre dernier, nous lui manifestons notre solidarité. La preuve, Khalifa Sall n’a jamais voulu aborder la question de la candidature au remplacement de Barth», affirme-t-il avant de poursuivre : «à ceux qui nous demandent de jouer la carte du quorum, nous disons que vu la détermination du régime à s’emparer du fauteuil de maire de la ville de Dakar, nous pouvons nous retrouver avec une délégation spéciale».
Nd. Kh. D. F













