À quelques jours seulement du coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des nations, les marchés populaires de Tanger vibrent déjà au rythme du football africain. À Casabarata, Fluza et Mushala, la Can s’invite dans les rues, sur les étals et dans les discussions. Des lieux chargés d’histoire, devenus aujourd’hui des carrefours culturels où l’Afrique se retrouve.
Casabarata, le marché du peuple
Casabarata est l’un des marchés les plus anciens et les plus fréquentés de Tanger. Depuis des décennies, ce marché est le point de rencontre des familles modestes, des commerçants et des travailleurs venus de tous les quartiers. On y trouve de tout : vêtements, chaussures, ustensiles, téléphones et petits commerces.
À l’approche de la Can, Casabarata a changé de visage. Des drapeaux des pays qualifiés sont suspendus au-dessus des allées étroites. Le rouge et le vert du Maroc dominent, mais le jaune, le vert et le rouge du Sénégal attirent aussi l’œil.
Les vendeurs proposent maillots, écharpes et gadgets aux couleurs des Lions de l’Atlas. Ici, la Can est une opportunité économique, mais surtout un moment de fierté collective. « Même ceux qui ne suivent pas le football sentent que quelque chose arrive », glisse un commerçant. Un Marocain s’invite dans notre discussion : "vive le Maroc, vive le Sénégal...c'est une fête pour toute l’Afrique mais Maroc va gagner", dit-il tout sourire.
Fluza, carrefour africain et lieu de partage
Le marché de Fluza est connu pour être un véritable carrefour africain. Depuis plusieurs années, il accueille une forte communauté subsaharienne. Restaurants, salons, commerces tenus par des Sénégalais, Guinéens, Maliens ou Ivoiriens font de Fluza un espace de brassage culturel. Dans un restaurant sénégalais, la Can est au centre de toutes les conversations. Autour d’une table, trois compatriotes débattent avec passion.
Moussa, vendeur de téléphones, ouvre le bal : « le Sénégal a l’expérience. On sait gérer la pression». Ibrahima, marchand ambulant, n’est pas totalement d’accord : "la Can, c’est piège. Faut rester humble jusqu’au bout". Cheikh, étudiant, regarde plus loin : « cette Can au Maroc, c’est aussi une vitrine pour l’Afrique. On va vivre quelque chose de fort».
Entre le ceebu jën et le café Touba, les échanges se poursuivent. À Fluza, la Can n’est pas seulement un tournoi, c’est un sujet de rassemblement, un lien entre les communautés.
Mushala, marché de l’exil et des espoirs
Mushala est connu comme le marché des migrants africains. C’est un lieu où beaucoup de ressortissants subsahariens ont trouvé du travail, créé des petits commerces et construit une nouvelle vie loin de leur pays d’origine. Mushala raconte l’histoire de l’exil, mais aussi de la solidarité africaine. Dans un salon de beauté, Amina, installée au Maroc depuis sept ans, exprime son émotion à l’idée que Tanger accueille l’équipe nationale du Sénégal. « Je suis très contente et très émue. Cela fait un moment que la tension monte. Savoir que le Sénégal sera à Tanger, ça me touche beaucoup», dit-elle.
Dans son salon travaillent une Ivoirienne et un Guinéen. Les discussions sur la Can rythment la journée. Tous parlent de l’ambiance, de la fierté de voir l’Afrique célébrée et de cette compétition qui rapproche les peuples. « On sent que la Can approche, même dans les salons », confie l’employée ivoirienne.« C’est une fête africaine avant d’être un simple tournoi », ajoute son collègue guinéen.
Une Can déjà vivante
À Casabarata, Fluza et Mushala, marchés chargés d’histoire et de vies humaines, la Coupe d’Afrique des nations est déjà une réalité. À quelques jours du coup d’envoi, les drapeaux flottent, les discussions s’animent et les cœurs battent à l’unisson.
Dans ces lieux populaires de Tanger, la Can dépasse le football. Elle devient une histoire de mémoire, de partage et d’identité africaine.












