Présidant hier la première Conférence des administrateurs et managers publics (Camp), le président de la République n’a pas hésité à mettre en lumière une réalité préoccupante : l’État sénégalais fait face à des contraintes budgétaires et financières quasi insurmontables. Une situation qu’il a qualifiée d’alarmante et qui, selon lui, limite considérablement la capacité du pays à mener des politiques publiques ambitieuses. Devant cette situation, Bassirou Diomaye Faye a appelé à la rationalisation des dépenses et à la refondation de l’administration.
La première Conférence des administrateurs et managers publics (Camp), tenue ce lundi sous la présidence du chef de l’État, marque un tournant décisif dans la gouvernance au Sénégal. Ce rendez-vous inédit a rassemblé l’ensemble des cadres dirigeants des secteurs public et parapublic, autour du président de la République, du Premier ministre et de leur gouvernement.
Dans son discours inaugural, le président de la République a rappelé l’impératif de transformation systémique de l’administration publique pour répondre aux ambitions de la Vision Sénégal 2050. Cette feuille de route stratégique repose sur quatre axes : une économie compétitive et créatrice d’emplois, un aménagement durable des territoires, un renforcement du capital humain et une gouvernance exemplaire. «Nous faisons face à un État contraint, dont les marges de manœuvre budgétaires et financières n’existent quasiment plus», a-t-il déclaré, insistant sur l’urgence d’une gestion rigoureuse des ressources publiques.
Une administration et un secteur parapublic sous tension
Le chef de l’État a également pointé du doigt les dysfonctionnements structurels qui aggravent ces contraintes. Il a évoqué une administration publique qu’il considère «républicaine, mais manquant de cohérence et figée dans des schémas dépassés». Ce constat s’étend également au secteur parapublic, qu’il a qualifié d’hypertrophié, dénonçant la duplication des missions entre certaines entités et l’administration centrale, ce qui engendre une consommation budgétaire excessive et limite la contribution réelle de ce secteur aux dividendes de l’État. Pour illustrer cette situation, il a cité des services publics souvent jugés complexes, coûteux et peu accessibles aux populations, ternissant ainsi l’image de l’État.
Rationalisation des dépenses et à la refondation de l’administration
Face à cet état des lieux préoccupant, le Président Faye a réitéré la nécessité de rationaliser les dépenses publiques et de réinventer les structures administratives. «Il est impératif de refonder notre administration pour la rendre plus moderne, plus proche des citoyens et plus efficiente dans ses missions», a-t-il affirmé. Cette refondation devra s’appuyer sur une nouvelle doctrine de déconcentration et une revitalisation de la décentralisation. Parmi les mesures envisagées, il a annoncé une évaluation rigoureuse des agences d’exécution et des structures parapubliques afin de réduire les redondances et d’optimiser l’utilisation des ressources publiques. Cette démarche inclut également une supervision accrue des entreprises publiques, dont certaines représentent un fardeau pour l’État en raison de leur mauvaise gestion.
Un secteur parapublic sous contrôle renforcé
Dans ce contexte de contraintes budgétaires, Diomaye a annoncé un contrôle renforcé des entreprises publiques stratégiques, comme la Senelec, la Sar, la Poste, ou encore le Port autonome de Dakar, afin d’assurer leur contribution optimale à l’économie nationale. Il a demandé au Premier ministre de réactiver le comité interministériel de suivi et de restructuration des entreprises publiques en difficulté, avec pour mission d’identifier les failles de gestion et de proposer des solutions pérennes. Faye a également insisté sur la nécessité pour les conseils d’administration des entités parapubliques de soumettre leurs choix stratégiques aux ministères compétents et de respecter un cadre réglementaire strict en matière de recrutement et de rémunération.
Vers une gouvernance axée sur la transparence et la performance
Pour sortir de cette impasse budgétaire, le chef de l’État a plaidé pour une gouvernance exemplaire, axée sur la transparence, la lutte contre la corruption et la reddition des comptes. En conclusion, le Président a adressé un appel solennel à tous les administrateurs et managers publics présents : «le rôle que vous jouez dans la conduite de l’action publique requiert un engagement total, une loyauté absolue, une déontologie exemplaire et une intégrité à toute épreuve.»
Sidy Djimby NDAO









