Depuis toujours, le Sénégal et le Rwanda ont toujours entretenu d'excellentes relations diplomatiques. Ceci a été confirmé par l'ambassadeur du Sénégal au Rwanda. Dans cet entretien qu'il nous a accordé à Kigali, SE Doudou Sow nous plonge dans cette relation bilatérale entre les deux pays. Deux peuples avec certes des réalités et cultures différentes, mais qui partagent une histoire et une forte représentation diplomatique.
Les Échos : Excellence, comment se portent les relations entre le Rwanda et le Sénégal ?
SE Doudou Sow : Je vous renouvelle mes mots de bienvenue au Rwanda. Alors, les relations entre le Rwanda et le Sénégal sont excellentes, au sens où ce sont des relations basées sur un respect mutuel et une confiance réciproque. La preuve la plus évidente, c'est le fait qu’au cours du dernier mois, nos deux présidents, son Excellence Paul Kagamé et son Excellence Macky Sall se sont vus au moins à deux reprises. Il est évident maintenant que cette relation-là se fonde sur le fait que le Rwanda et le Sénégal ont beaucoup de choses à partager. Le Rwanda a ouvert son ambassade au Sénégal, il y a plus de 10 ans, en 2011. Ici, le Sénégal a ouvert il y a un peu moins de 3 ans. Mais c'est quand même des relations qui, sur le plan politique, sont excellentes. Sur le plan économique et commercial, ce sont des relations qu'il faudra améliorer, dans la mesure où le cadre juridique de notre coopération est consistant, mais nous pouvons l'améliorer. Et un troisième pan de ces relations, c'est l'admiration, je n'irais pas jusqu'à dire l'amour, entre les peuples rwandais et sénégalais. Il y a vraiment une estime, du respect et beaucoup de considération de part et d'autre. Tout cela fait que les relations entre les deux pays sont excellentes.
Comment qualifiez-vous la population rwandaise et comment se portent vos rapports au quotidien avec les Rwandais ?
Nous avons vraiment d'excellentes relations. Que ce soit les Rwandais au Sénégal ou les Sénégalais au Rwanda, tout se passe bien. Il y a même des gens qui disent que c'est parce qu'on se ressemble physiquement, tellement il y a d'amour réciproque, de respect, d'admiration et de considération entre les deux peuples. Il y a quelques semaines de cela, nous avons célébré l'indépendance du Sénégal, le 4 avril. Il y avait une forte présence d'amis et de frères rwandais qui se sont organisés dans un cadre appelé ‘’Cercle des amis du Sénégal’’. Ce sont des Rwandais dont la plupart ont été formés au Sénégal et qui conservent ce lien avec notre pays. Ils parlent la wolof comme nous, ainsi que d'autres langues du Sénégal. D'un autre côté également, nous avons beaucoup de ressortissants sénégalais qui sont mariés à des Rwandais ou Rwandaises. Cela fait qu'il y a une très forte frange de la population qui est jeune et qui est le trait d'union entre les deux peuples.
Vous n'ignorez pas également qu'il y a un de nos compatriotes, feu le capitaine Mbaye Diagne, dont le sacrifice est célébré, commémoré ici chaque année. Il constitue également un ciment entre les deux pays.
Combien de Sénégalais vivent au Rwanda ?
Parfois, il est un peu difficile, quand on est une ambassade ou un consulat de connaître le nombre exact de Sénégalais, parce que, très souvent, il y a des gens qui ne viennent pas se signaler. D'autres viennent se signaler, mais au moment de partir, ils le font sans que nous ayons les informations. Dans tous les cas, nous avons moins d'une centaine de Sénégalais. D'après nos registres, nous sommes, hors personnel de l'ambassade et familles, 83 Sénégalais.
Est-ce qu’il y en a qui sont dans des situations irrégulières ?
Jusque-là, on ne nous a pas signalé de Sénégalais en situation irrégulière. Nous avons un contact direct avec les services d'immigration rwandais. En plus, le Rwanda est un pays où c'est difficile de vivre avec une situation irrégulière. Il est vrai qu'il y a beaucoup de nationalités qui sont là, mais ils sont organisés de sorte que quelqu'un qui n'est pas en situation régulière sera pris en charge par les mécanismes mis en place par le gouvernement rwandais qui permettent de remédier à ce genre de situation.
Quels sont les métiers que les Sénégalais exercent ici ?
Pour l'essentiel, nous avons trois catégories. La première, qui est la plus nombreuse, regroupe ceux qui sont dans l'informel. Ce sont les corps de métiers comme les bijoutiers, les tailleurs ou encore les commerçants. Ils sont un peu identifiés parce qu'il y a un quartier qui s'appelle Nyamirambo qui est le quartier des Africains de l'Ouest. Souvent, nos compatriotes sont là-bas, parce que c'est un quartier qui rappelle la manière dont nous vivons en Afrique de l'Ouest, un peu différente du mode de vie des gens ici.
La deuxième catégorie maintenant, ce sont les fonctionnaires internationaux. Nous sommes très fiers quand on parle d'eux. Nous avons trois femmes qui sont représentantes résidentes. Nous avons Aïssatou Ndiaye Dieng, qui est la représentante résidente du Haut-Commissariat pour les Réfugiés, nous avons également Coumba Dieng Sow, qui est la représentante résidente de la Fao, et aussi Aïssatou Sarr qui est représentante résidente de la Bad. Nous avons d'autres compatriotes qui sont dans les structures d'enseignement. On a deux Sénégalais qui travaillent à l'ambassade des États-Unis.
La troisième catégorie, ce sont des étudiants. On n'en a pas beaucoup. Il y a deux ans de cela, on en avait 7 maintenant ils ne sont plus que 3.
Et pour tous ces gens-là, nous avons une réunion annuelle au cours de laquelle nous échangeons. Ils nous disent les problèmes auxquels ils sont confrontés ; et nous essayons de relayer l'information auprès d l'autorité si on ne peut pas trouver des solutions.
Quelles sont les difficultés particulières qui vous ont été signalées par les Sénégalais vivant ici ?
On n'a pas trop de difficultés. Le Rwanda est un pays relativement bien organisé. Les gens trouvent leur place. C'est plutôt des problèmes par rapport à leur situation d'émigré. Souvent, ce sont des problèmes de passeport. Un problème qui a été résolu parce que récemment, nous avons eu une mission du ministère de l'Intérieur qui es venue ici et au Burundi, qui a permis d'enrôler beaucoup de Sénégalais qui en avaient besoin. Le seul souci dont les compatriotes nous font toujours part, c'est la confection de carte nationale d'identité. C'est principalement les problèmes qu'on a. Ils n’ont pas vraiment de problème par rapport au pays dans lequel ils sont.
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