La 15ème législature installée, Abdou Karim Guèye du mouvement Nitu Deug a décidé de confier ses préoccupations à certains députés afin qu’ils les défendent devant les ministres concernés. L’activiste a porté son choix sur Guy Marius, Aïssata Tall Sall, Tafsir Thioye, Mamadou Lamine Thiam, Thierno Alassane Sall et Maguette Sène, pour abroger la loi d’amnistie, celle sur les Ogm. Il demande aussi le départ du président de la République du Conseil supérieur de la magistrature. Abdou Karim Guèye a été malheureusement embarqué par la police, juste après sa déclaration devant l’Assemblée nationale. Heureusement qu’il a été finalement libéré.
Abdou Karim Guèye ne siège pas à l’Assemblée nationale, mais il veut faire entendre sa voix à travers des parlementaires qu’il a sélectionnés dans les camps du pouvoir, de l’opposition et des non-inscrits. «Nous avons adressé des courriers à certains députés de la XVème législature : Guy Marius Sagna, Aïssata Tall Sall, Maguette Sène, Thierno Alassane Sall, Tafsir Thioye et Mamadou Lamine Thiam, pour leur confier un certain nombre de sujets à aborder avec les ministres lors du marathon budgétaire», a fait savoir Abdou Karim Guèye devant les locaux du parlement.
Ce dernier de préciser que le mouvement Nitu Deug n’est pas contre l’Etat ; donc ils ne sont pas là pour dénoncer ou attaquer quiconque. «Nous tenons simplement à leur rappeler que nous étions ensemble sur le terrain pour combattre certains faits», souligne-t-il avant de poursuivre : «trois points sont traités dans ces lettres. Nous sollicitons l’engagement de ces députés à aborder avec le ministre de l’Agriculture, lors du marathon budgétaire, la question des Organismes génétiquement modifiés (Ogm) dont la loi a été votée à l’Assemblée nationale sous le régime de Macky Sall. Ces Ogm détruisent non seulement l’agriculture sénégalaise et même nos sols, ils sont aussi cancérigènes, selon les experts. Nous voulons que cette loi soit abrogée», explique M. Guèye.
Le deuxième point concerne la justice. «Nous réclamons le départ du président de la République du Conseil supérieur de la magistrature. C’est un combat que nous avons mené même avec les gens du pouvoir actuel. Nous souhaitons que la justice ne soit plus instrumentalisée comme dans le cas de Barthélemy Dias. Je ne crois pas que l’on puisse combattre une chose hier et l’accepter aujourd’hui parce qu’on a changé de statut», dit-il, tout en assurant qu’il existe des réalités de gouvernance qui peuvent contraindre les hommes politiques à ne pas respecter leur parole une fois élus, mais le rôle de la société civile, c’est de leur mettre la pression pour que leur parole donnée soit respectée. «Nous allons peser de tout notre poids, utiliser toutes les voies légales qui s’offrent à nous pour que le Président quitte le Conseil supérieur de la magistrature», promet Abdou Karim Guèye.
Abdou Karim Guèye arrêté par la police après sa déclaration
Selon l’activiste, le dernier point, concerne la loi d’amnistie. «Sous l’ancien régime, dans l’affaire Adji Sarr, plus de 2000 jeunes ont été emprisonnés, des centaines de milliards partis en fumée. Pire 83 personnes sont mortes et des centaines de blessés ont été enregistrés. Nous réclamons l’abrogation de cette loi. C’était une promesse de campagne du régime actuel, alors qu’il tienne parole», déclare Abdou Karim Guèye qui rappelle que tous les combats du mouvement Nitu Deug sont basés sur des principes. «Nous mènerons le combat pacifiquement certes, mais avec beaucoup de détermination pour que la loi de l’amnistie soit abrogée. Cette déclaration devant l’Assemblée nationale n’est que la première étape. Elle sera abrogée par A ou B. On peut le faire de façon douce et officielle ou bien nous leur mettrons la pression jusqu’à obtenir gain de cause», assure-t-il.
Après sa déclaration, Abdou Karim Guèye a été automatiquement interpellé par la police. Deux agents sont arrivés à la fin de son speech pour l’embarquer dans un véhicule de la police garée à quelques mètres, avant de prendre le chemin du commissariat du plateau. Il a été libéré le soir.
Ndèye Khady D. FALL